Comme annoncé par Gomet’ le 20 juin dernier, Monaco Marine va créer un centre de maintenance et de refit pour les méga yachts dans le bassin Mirabeau du port de Marseille. Le président du groupe, Michel Ducros, a officiellement signé jeudi 20 septembre 2018 son engagement avec Jean-Marc Forneri, le président du conseil de surveillance du port, Renaud Muselier, le président de Région et Pierre Dartout, le préfet de région. Au total, ce sont 73,5 millions d’euros qui vont être investis dont 44 millions pour Monaco Marine, 27 millions pour le port et 1,25 million d’euros chacun de la part de la Région et de l’État.
Le plus grand chantier naval du monde
Le nouveau chantier naval s’étendra sur une surface totale de 55 000 mètres carrés et sera équipé d’un ascenseur à bateaux pouvant aller jusqu’à 6 000 tonnes. Ce seul équipement coûtera 25 millions d’euros à Monaco Marine. « On devra peut-être ouvrir notre capital pour financer cet investissement », annonce Michel Ducros. Mais, pour lui, le jeu en vaut la chandelle car « ce sera le plus grand chantier du monde ! », se félicite le patron. Avec cet outil hors normes, l’entreprise pourra accueillir des navires de 90 à 130 mètres de longueur, soit les plus grands du marché. Le site de Marseille viendra donc compléter l’offre de Monaco Marine. A Antibes et Beaulieu, le groupe reçoit des bateaux de moins de 35 mètres. A la Ciotat, ce sont des unités de 50 à 80 mètres. Et au mois de novembre, il ouvrira son nouveau chantier de la Seyne-sur-Mer prévu pour les yachts de 35 à 50 mètres. « Et pour les yachts de plus de 130 mètres, la réponse se trouve à La Ciotat avec la grande forme », annonce Michel Ducros. Car si il a perdu la bataille en 2016 face aux Allemands de Lurssen, passés depuis dans le giron des espagnols MB92, le patron n’a pas dit son dernier mot.
Relations houleuses entre Monaco Marine et La Ciotat Shipyards
La forme de radoub de 335 mètres de long pour 60 mètres de large continue de faire rêver Monaco Marine. Il prépare d’ailleurs sa contre-attaque car le contrat d’exploitation détenue par MB92 arrive à son terme l’année prochaine : « Et j’annonce qu’on se portera à nouveau candidat », prévient Michel Ducros. Toutes les hypothèses seront alors possibles : reconduction du délégataire actuel, nouveaux candidats, retour à une délégation publique… Quelque soit le scénario, Monaco Marine espère bien l’emporter cette fois-ci. L’entreprise semble avoir mal digérer le montage d’un autre projet phare des chantiers de La Ciotat : la plateforme 4 000 tonnes.
Alors que le lauréat de cet équipement très convoité sera dévoilé par La Ciotat Shipyards à l’occasion du Monaco Boat Show cette semaine, Monaco Marine annonce qu’il a finalement jeté l’éponge. Pourtant, le groupe semblait très intéressé il y encore quelques mois et figurait parmi les favoris mais « le montage du projet ne nous paraissait pas soutenable ni techniquement, ni financièrement », avance Michel Ducros. Derrière ce diagnostic, le patron semble dénoncer les manœuvres de La Ciotat Shipyards pour l’écarter du projet. « Le dimensionnement mis en place ne nous convenait pas du tout », ajoute Chantal Lemeteyer, la directrice générale de Monaco Marine. Ce revirement de dernière minute semble placer MB92 en tête de la liste pour remporter l’ascenseur à bateaux 4 000 tonnes. Une situation tendue qui pourrait pousser Monaco Marine à privilégier le développement de Marseille aux dépens de La Ciotat.
Marseille-La Ciotat : alliées ou concurrentes ?
« Il ne faut pas mettre La Ciotat et Marseille en concurrence. Cela n’apportera rien de bon », tente de tempérer le préfet Pierre Dartout. Le mot d’ordre est clair : ne pas parler de compétition entre les deux villes. Même Jean-Marc Forneri s’y refuse : « Ce sont deux outils très complémentaires. Ils ne s’adressent pas aux même bateaux. Nos concurrents, ce sont Gênes et Barcelone », assure-t-il. Mais il ne peut s’empêcher de mettre son port en avant et poursuit : « Ici, l’ascenseur 6 000 tonnes peut accueillir des navires faisant 130 mètres. Pour l’heure, La Ciotat n’est pas dimensionnée pour accueillir de tels bateaux ». Les dirigeants de Monaco Marine semblent également voir dans Marseille l’avenir du yachting de luxe. Comparant la cité phocéenne à La Ciotat, ils lui trouvent toutes les qualités du monde. « A La Ciotat, on manque terriblement d’eau. A Marseille, vous aurez bien remarqué qu’il y en a plein et ce à 20 minutes d’un aéroport international », relève Michel Ducros. Et sa directrice de poursuivre : « Marseille est une très grande ville qui s’internationalise, qui propose une offre hôtelière de très grande qualité avec plein d’atouts pour les visiteurs ».
La création du nouveau chantier naval de Monaco Marine devrait effectivement attirer un nouveau public à Marseille. L’entreprise mise sur la création de 50 à 70 emplois directs à terme sur le port sans compter les sous-traitants et le personnel navigant. Pour donner un ordre d’exemple, Monaco Marine emploie 70 salariés à la Ciotat et ce sont environ 500 personnes qui travaillent en même temps sur un bateau en maintenance. L’entreprise estime le potentiel du bassin Mirabeau à 25 millions d’euros de chiffre d’affaires au minimum. Une manne d’activité qui tombe bien pour Monaco Marine qui a durement été frappé par le nouveau décret obligeant les navires battant pavillon étranger à payer des cotisations sociales pour leurs marins résidant en France depuis plus de trois mois. En 2017, elle affichait un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros avec un bénéfice de 3 millions d’euros qui devrait se réduire à l’équilibre pour l’année en cours. Reste que l’entreprise devra attendre avant de pouvoir profiter pleinement de son nouvel outil. Les premiers bateaux ne sont pas attendus avant juin 2022.
> Lien utile :
[Nautisme] Monaco Marine remporte l’exploitation du bassin Mirabeau à Marseille