Alors que tout doucement, la perspective d’un second tour des élections municipales à la fin du mois de juin se renforçait dans la semaine, la réunion entre le Premier ministre et les chefs de partis mercredi 20 mai en fin de journée à Matignon vient à nouveau brouiller les cartes.
Sans lever le voile sur la décision finale, Edouard Philippe a en effet ouvert deux possibilités selon les participants dont les propos sont rapportés par l’AFP: soit un second tour en juin, soit un nouveau cycle (1er et 2e tours) avec comme date butoir janvier 2021, à l’exclusion de l’automne. « Le Premier ministre a écarté septembre très clairement, et l’automne aussi, en disant c’est juin ou janvier », a rapporté l’un des participants à l’AFP. Selon plusieurs responsables de partis, le chef du gouvernement a expliqué qu’il fallait un mois et demi pour faire campagne et que ce serait compliqué avec la rentrée scolaire, tandis qu’en octobre, ce serait impossible d’interrompre la session des débats sur le budget au Parlement.
Parmi les présents, Alexis Corbière a exprimé, au nom de La France Insoumise, son opposition à la tenue d’un second tour en juin. Le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, « présent au début de la réunion, nous a dit qu’il serait compliqué de tenir campagne. Dans ces conditions, ça nous semble impossible de tenir ce second tour fin juin » et « il y a aussi un risque de prime aux maires sortants, qui ont par exemple distribué des masques pendant la crise », a ainsi expliqué le représentant de LFI. Même hostilité du côté de l’UDI. Son président Jean-Christophe Lagarde estime qu’un scrutin en juin risque « d’éliminer tout débat démocratique » avec « une campagne particulière, sans réunion publique, sans distribution de tracts » et « une partie de l’électorat (qui) aura peur de voter ». Du côté du rassemblement national et du PCF, les avis sont partagés.
Samedi 16 mai, dans une tribune publiée dans le JDD samedi 16 mai, 36 élus de grandes villes parmi lesquels Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille, appelaient à ce que cette échéance électorale puisse être bouclée avant l’été. Le conseil scientifique a dévoilé lundi 19 mai un rapport très attendu. Intitulé « modalités sanitaires du processus électoral à la sortie du confinement », il ne ferme pas la porte à tenue rapide du second tour, tout en conditionnant son organisation potentielle à des « conditions d’hygiène très strictes ». De fait, les sages font preuve de la plus grande prudence tout au long de ce document.
Rappelant que son appréciation est « strictement limitée aux aspects sanitaires », le Conseil scientifique « considère que les modalités d’un second tour des élections municipales doivent être adaptées à la situation sanitaire du pays au moment des élections et de la campagne électorale qui les précède, pour autant que cette situation puisse être anticipée dans un contexte sanitaire qui reste encore très incertain ». Une formulation extrêmement ouverte, qui résonne néanmoins comme un feu vert scientifique au gouvernement pour avancer. Alors que la loi d’urgence du 23 mars donne à l ‘exécutif jusqu’au 27 mai pour statuer sur la question.
A la suite de la réunion avec les chefs de partis, le gouvernement pourrait communiquer au parlement sa position demain vendredi 22 mai ou ce week-end.
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Lien utile : Municipales : l’hypothèse d’un second tour fin juin prend de l’épaisseur