Spécialiste de l’Afrique et du secteur pétrolier, la compagnie marseillaise Parlym a vu son chiffre d’affaires fortement impacté par la baisse du prix du pétrole des dernières années. Pour autant, elle trouve de nouveaux débouchés dans les autres segments de l’énergie et profite du dynamisme de la pétrochimie au tour de l’Etang de Berre. Olivier Tahon, le directeur général de l’entreprise, nous explique sa stratégie.
Gomet’ : Pouvez-vous présenter le groupe Parlym en quelques mots ?
Olivier Tahon : Certaines sociétés qui composent Parlym ont plus de cinquante ans. Nous sommes dans le secteur pétrolier depuis nos origines mais le groupe tel qu’on le connaît aujourd’hui est né en 1989. Le nom Parlym vient de Paris-Lyon-Marseille, les villes des trois fondateurs de départ. Au tout début, nous étions un bureau d’études qui travaillait pour des clients du secteur oil & gas mais petit à petit, nous avons élargi nos compétences pour nous transformer en véritable société d’ingénierie. Ainsi, nous réalisons aussi bien des pipelines que des centres de stockage de carburant. Nous travaillons aussi avec les industriels de la pétrochimie pour piloter des travaux d’entretien et de rénovation des usines.
La baisse du prix du baril de pétrole de ces dernières années vous a-t-elle impactée ?
O.T : Oui, évidemment. Nous sommes très présents en Afrique avec des filiales au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Burkina Faso… Les pays producteurs ont dû reporter nombre de projets à cause de la chute du baril. Nos clients sont bien souvent des sociétés étatiques qui dépendent directement de l’exploitation du pétrole et la baisse de leurs revenus les a obligés à ralentir les commandes. Ainsi, en 2017, notre chiffre d’affaires a chuté de plus de 10 % principalement à cause du ralentissement de nos activités en Afrique de l’Ouest. Il est passé de 96 millions d’euros en 2016 à 85 millions d’euros l’an dernier. Mais on reste confiant car le prix du baril est en train de faire une remontée spectaculaire. Il est à son plus haut depuis quatre ans. En attendant, la reprise de l’exploitation des sites pétroliers, on continue à engranger de nombreux contrats sur ce secteur. Avec le prix du baril au plus bas, la demande d’installations de stockage a fortement augmenté ces dernières années. On a par exemple décroché un gros contrat avec le Tchad pour la construction d’un dépôt de pétrole à côté de la capitale N’Djamena, un projet à 20 millions d’euros. On travaille également sur la délocalisation d’un autre dépôt de pétrole en Guinée Conakry. L’oil & gas continue donc d’être notre principal segment d’activité.
N’avez-vous pas peur d’être trop dépendant de ce marché ?
O.T : Nous avons développé une véritable expertise industrielle sur toutes les installations qui touche à l’énergie en général, pas seulement le pétrolier. Depuis 2012, on se développe fortement sur le nucléaire avec de grands comptes comme Areva et EDF. Malgré tout ce que l’on peut entendre, c’est un secteur très porteur. Depuis l’incident de Fukushima, les conditions de sécurité ont été revues à la hausse avec de nouveaux contrats pour nous à la clé. De plus, il va y avoir de nombreux démantèlement de centrales qui devraient nous apporter également de l’activité. Bien évidemment, on travaille sur les nouveaux projets à la pointe en France. On participe par exemple à la réalisation du réacteur expérimental Jules Horowitz à Iter. Parlym assiste également Areva sur la construction de l’EPR de Flamanville. Enfin, on commence à s’intéresser aux énergies renouvelables. Nous avons déposé plusieurs brevets et on a créé une toute jeune filiale pour se positionner sur ce marché très prometteur.
Même question sur l’Afrique. Si le continent est promis à un bel avenir, il peut encore se montrer très instable. Sur quels autres territoires misez-vous pour alimenter votre croissance ?
O.T : L’Afrique reste notre principal terrain de jeu et on croît très fort à son développement. Cependant, ce n’est pas notre seul marché. Nous avons créé une filiale au Bangladesh qui marche très fort sur le gaz. Dans ce pays, tout fonctionne au gaz car ils ont d’énormes gisements. Mais c’est le marché français qui nous permet de compenser le ralentissement de l’Afrique. La France devrait bientôt peser pour la moitié de notre chiffre d’affaires contre 40 % auparavant. On travaille beaucoup localement. La pétrochimie sur l’Etang de Berre nous offre de plus en plus d’opportunités. On travaille beaucoup avec EDF et Petroineos à Lavera. On réalise régulièrement des opérations d’entretien et de rénovation de leurs installations. Les groupes investissent massivement pour se moderniser et nous en profitons pleinement. La société du pipeline Sud-européen (SPSE) est également un de nos gros clients. Le gestionnaire de transport de gaz, Terega, anciennement TIGF, nous a aussi choisi pour les études et la maîtrise d’œuvre d’un nouveau pipeline au départ de Fos.
Vous êtes très bien implanté dans le Sud et l’Est de la France. Comptez-vous poursuivre votre maillage du territoire ?
O.T : Nous regardons en effet différentes opportunités pour nous développer en Normandie. Cette région est très dynamique sur l’énergie avec bien évidemment l’EPR de Flamanville mais aussi grâce au port du Havre. Nous étudions notamment le cas de plusieurs sociétés que nous pourrions racheter. Nous sommes d’ailleurs en recherche active pour plusieurs croissances externes car il faut grossir pour être crédible face à nos clients qui sont des géants du secteur comme Areva. On cible pplus particulièrement des PME de l’ingénierie spécialistes dans la gestion de projets.
Parlym inaugure son nouveau siège social marseillais le 15 juin prochain
Si Parlym emploie aujourd’hui 650 personnes à travers le monde, le groupe revendique pleinement son identité marseillaise et renforce son ancrage local en investissant 7 millions d’euros dans la réalisation d’un tout nouveau siège social de 2 550 mètres carrés à l’Estaque. Le bâtiment vient d’être livré par la foncière Inea qui le loue à Parlym. L’entreprise en profite pour regrouper l’ensemble de ses équipes jusqu’ici disséminé à Aix-en-Provence, Martigues et Marseille sur un même site. Les 180 salariés y sont déjà installés depuis un mois mais la société inaugurera officiellement et en grande pompe ses nouveaux bureaux le 15 juin prochain en présence du maire de la Ville, Jean-Claude Gaudin.