Total a commencé à produire ses premiers litres de biocarburants à La Mède. Le groupe pétrolier a officialisé le démarrage de sa bioraffinerie dans un communiqué mercredi 3 juillet : « Je tiens à féliciter les équipes pour l’important travail qui a été accompli ces quatre dernières années, a déclaré Bernard Pinatel, directeur général raffinage-chimie de Total. Les biocarburants sont une énergie renouvelable à part entière et une solution immédiatement disponible pour réduire les émissions de CO2 du transport routier et aérien. Lorsqu’ils sont produits à partir de matières premières durables, comme c’est le cas à La Mède, ils émettent plus de 50 % de CO2 en moins que les carburants fossiles », se félicite-t-il.
Un biocarburant à base d’huiles usagées et d’huiles végétales
Lancé en 2015, le projet aura nécessité un investissement de 275 millions d’euros. Au final, l’usine dispose d’une capacité de production de 500 000 tonnes par an de biocarburants et doit permettre le maintien de 250 emplois sur les 430 personnes initialement employées sur le site de La Mède. Pour produire son biocarburant, Total utilise comme matière première des huiles usagées collectées localement mais surtout des huiles végétales comme le colza ou encore la très décriée huile de palme. Le groupe s’est engagé à ne pas traiter plus de 300 000 tonnes par an d’huile de palme, « soit moins de 50 % du volume des matières premières nécessaires », précise son communiqué. Les associations de protection de l’environnement sont surtout inquiètes de la provenance de cette huile et craignent que les importations de Total ne contribuent à la déforestation en Asie du Sud-Est.
Les ONG demandent plus de transparence sur l’origine de l’huile de palme
« Toutes les huiles utilisées seront certifiées durables selon les critères définis par l’Union Européenne », se défend Total. L’entreprise tente de rassurer l’opinion publique et publie même la liste des moulins d’approvisionnement sur le site internet de la plateforme de La Mède. Une information insuffisante pour les ONG comme Greenpeace et les Amis de la terre qui veulent connaître le nom des fermes plutôt que des moulins « car il y arrive des fruits de toutes origines », expliquer Greenpeace sur son site.
Le 24 juin 2019, Greenpeace a adressé une nouvelle demande de communication d’informations « quant à la durabilité des huiles importées » auprès du Ministère de la transition écologique et solidaire et du Préfet des Bouches-du-Rhône qui a autorisé la transformation de La Mède en bioraffinerie. « La Préfecture a elle-même émis des exigences impératives quant à la durabilité de l’huile de palme importée grâce à des « critères vérifiables » permettant notamment de s’assurer de l’absence de « déforestation ». Aujourd’hui, aucune démonstration n’est apportée », dénonce Greenpeace.
Le 5 juillet 2018, Les Amis de la Terre, Greenpeace France, France Nature Environnement et la Ligue de Protection des Oiseaux Paca ont déposé au tribunal administratif de Marseille un recours contre l’autorisation préfectorale de la raffinerie de Total à La Mède. Une audience est attendue pour le début de l’année 2020.
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