Cité Félix Pyat dans le 3e arrondissement de Marseille. À la tombée de la nuit, une des barres d’immeuble devient malgré elle le lieu d’expression de sept jeunes du quartier. « C’est par la patience qu’on atteint les choses désirées », « J’ai la peau noire mais le coeur blanc », « La vie se lève pour tous ! », « Ne dis pas un échec, dis plutôt un essai ! » peut-on y lire. Ambrine, Benyazid, Djamila, Idriss, Karim, Ludyvine et Nourdine les ont pensées et écrites ensemble. Sous l’œil bienveillant de Philippe Echaroux, qui n’a toutefois pas interférer dans la création des messages.
« On a chacun cherché des phrases et on les a notées sur une même feuille. On a ensuite donné notre avis sur celles des autres », explique Ludyvine. Le street-artiste leur a même laissé le stylo pour qu’ils choisissent eux-mêmes la forme des lettres de leurs messages. « Mon but est de faire parler de Felix Pyat via d’autres sujets que le trafic, l’insécurité ou la délinquance. Il y a d’autres choses à dire sur ce quartier », met en avant Philippe Echaroux.
Quatre phrases, sept jeunes
La collaboration entre le photographe et les jeunes de Félix Pyat s’est faite grâce à l’intervention d’Impact Jeunes, dispositif d’insertion coordonné par les Apprentis d’Auteuil. Ces jeunes, âgés de 16 à 24 ans, suivent depuis le début du mois de février un service civique au sein de l’atelier Méta 2, lieu de création en art visuel installé dans le quartier depuis 20 ans. Aurélie Masset, à la tête de la structure, était à la recherche de professionnels pour élaborer un projet avec eux. Quant à Philippe Echaroux, il avait lui aussi envie de travailler avec des jeunes depuis deux ans déjà, sans jamais vraiment prendre le temps. « C’est bien de créer des choses à l’autre bout du monde, mais il y a aussi des choses à faire à côté de chez soi », a-t-il fini par se dire.
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Début février, il a donc rencontré les sept jeunes pour la première fois et leur a parlé de son idée de projection. « Je leur ai laissé une semaine pour réfléchir à des phrases. Ensuite, on a fait un tour dans le quartier pour trouver ensemble le lieu ». Le choix s’est porté sur la barre d’immeuble de la cité. « C’est le plus grand bâtiment du quartier et aussi le plus sombre. La projection lui donne de la lumière », souligne Benyazid.
Vers la création d’une fresque XXL
La collaboration avec Philippe Echaroux est un projet parmi de nombreux autres que les jeunes de Méta 2 vont suivre au cours de leur service civique. Le plus important sera la création d’une œuvre monumentale sur le pignon du bâtiment A1 de la cité de Felix Pyat. « Chaque année, on crée des projets pour embellir le quartier par des œuvres participatives. On a voulu aller plus loin cette fois, en accompagnant les jeunes pendant un an complet », explique Aurélie Masset.
Au cours des mois à venir, ils vont par exemple éditer un livre pour raconter leur parcours et participer à toutes les étapes de sa création, de l’écriture à l’édition, découvrir la soudure, passer le permis nacelle pour réaliser l’œuvre XXL (la façade faisant 30 mètres de haut). « Ils vont aussi sortir des métiers de l’art. Ils vont rencontrer la Cité des Métiers pour découvrir des professions, visiter les locaux d’Orange pour voir les nouvelles technologies qui existent », précise Aurélie Masset. « Plutôt que de les positionner sur des métiers en tension, on préfère partir de leur épanouissement personnel ». Pari réussi avec ce premier projet.