Depuis deux ans, le secteur aéronautique français traverse une période difficile. À Marignane, Airbus Helicopters souffre de la baisse du prix du pétrole. « Il a entraîné une surcapacité d’appareils dans le secteur des hydrocarbures, qui est très important pour notre activité », avoue Guillaume Faury dans un communiqué du groupe publié la semaine dernière. L’avionneur Dassault peine également à vendre des appareils pour le civil. « Les dirigeants des grands groupes nous parlent de 12 à 24 mois difficiles à passer », explique Thierry Chaumont, le président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Alpes-Méditerranée. Si les géants du secteur ont les moyens de résister à une disette temporaire, la menace est plus sérieuse pour les petits sous-traitants très dépendants de l’activité des grands donneurs d’ordres.
Profiter de la baisse d’activité pour envoyer les salariés en formation
Pour aider les PME du territoire, l’UIMM et les syndicats CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO ont signé le 28 mars dernier deux accords sur des mesures d’urgence pour maintenir l’emploi pendant les deux années compliquées à venir. Ces textes s’inscrivent dans le cadre de l’accord national du 23 septembre et Paca est la première région à le décliner localement. Les partenaires sociaux veulent permettre aux sous-traitants de former leurs salariés pendant cette baisse d’activité. Une enveloppe de 1,5 million d’euros, financée par l’Adefim Paca (association de développement des formations des industries de la métallurgie en Provence Alpes Côte d’Azur et Corse) et arrêtée par l’Opca des industries et de la métallurgie pour l’année en cours, est mobilisée pour la prise en charge des coûts de formation des salariés. 2018 devrait profiter du même budget. « Si la liste des entreprises n’est pas exhaustive, nous avons pour l’heure repéré une trentaine de sociétés qui pourrait en profiter », avance Serge Bornarel, délégué général de l’UIMM Alpes Méditerranée. Il estime qu’un millier de travailleurs du secteur sont concernés par cette mesure. « Ça peut représenter parfois jusqu’à 80% des effectifs d’une seule entreprise », ajoute-t-il.
Des formations gratuites et tournées vers l’avenir
Grâce au financement de l’Adefim, ces formations ne devraient rien coûter aux sous-traitants. « C’était un point essentiel de l’accord et nous avons obtenu la prise en charge complète du coût pédagogique, de la rémunération pendant la formation et des éventuels coûts de transports et de restauration », insiste Gérard Ciannarella, secrétaire général FO de la métallurgie des Bouches-du-Rhône. Une commission de suivi paritaire a également été créée pour vérifier la bonne marche du plan. « Les constructeurs sont au fait des mutations technologiques du secteur mais les sous-traitant n’ont pas les moyens de prendre le virage. Nous allons donc profiter de cette période pour les préparer aux métiers de demain », explique Thierry Chaumont. Les formations proposées seront donc prioritairement tournés vers les nouvelles technologies comme la digitalisation, la robotisation et le lean management. Elles pourront être effectuées en interne ou dans les centres de formation débouchant parfois sur des certificats de qualification. « Nous voyons la formation comme outil de sécurisation de l’emploi. C’est l’occasion d’anticiper l’avenir en évoluant vers les métiers les plus porteurs », affirme Pierrick Le Clanche, président de la CFTC Métaux du Var. Les syndicats se félicitent de « cet accord historique » même si la CGT a refusé en septembre dernier de le signer au niveau national. « C’est une bonne solution mais nous aurions préféré avoir davantage de précisions de la part des grands donneurs d’ordre sur les conséquences précises sur l’emploi de la crise en cours et à venir », avoue Pierrick Le Clanche.