Lundi 18 septembre, Gaëlle Berthaud, directrice générale du Parc national des Calanques a notamment dressé un bilan de l’été sur le plateau de Planète Locale, programme diffusé sur BFM Marseille. Parmi les sujets abordés, l’accès sur réservation à la calanque de Sugiton. Après une première expérimentation l’année dernière, Gaëlle Berthaud confirme la pérennisation du dispositif
Depuis un an le Parc national des Calanques a limité l’accès à Sugiton, avez-vous des premiers retours de cette expérimentation ?
On commence tout juste à voir des espaces où la végétalisation semble reprendre.
Gaëlle Berthaud
Gaëlle Berthaud : L’expérimentation a été mise en place l’année dernière, on l’a reconduite cette année et elle va devenir pérenne. L’objectif est d’assurer la protection de cette calanque, qui aujourd’hui a une atteinte environnementale très forte. Grâce au système de réservation, donc de limitation d’accès, la fréquentation est ainsi passée de 2 000 personnes à 400 personnes. Les effets, on peut les constater parce que cela fait déjà deux ans. Sur la biodiversité c’est un peu plus compliqué il faudra attendre quelques années. On commence tout juste à voir des espaces où la végétalisation semble reprendre. Des dispositifs scientifiques vont être développés pour que nous puissions surveiller la reprise de cette végétalisation, ça va prendre encore plusieurs années.
Si on devait quantifier ce qui a été changé en terme environnemental, il n’y a donc pas encore assez de recul deux ans après ?
G. B. Non. Ce que l’on sait c’est q’il y avait une érosion du sol très forte et là le sol. La terre va permettre une repousse de la végétation. On a un certain nombre de protocoles scientifiques qui vont être développés pour observer cette reprise de la végétation qui prendra plusieurs années.
Est-ce que vous avez observé des changements de comportement chez les usagers ?
G. B. : Au-delà du respect des espèces végétales et animales, il y a aussi comment on pratique l’espace. Les déchets plastiques sont un vrai sujet : quand on apporte avec soi des déchets on les ramène aussi. Il y a toujours des incivilités dans le Parc mais nous travaille sur de la communication et de la sensibilisation pour les limiter.
Prévoyez-vous d’étendre le dispositif de réservation à d’autres calanques à l’avenir ?
Les autres calanques ne sont pas aussi vulnérables que Sugiton
Gaëlle Berthaud
G. B. : La calanque de Sugiton était dans un contexte très spécifique par rapport aux autres calanques. Si nous n’étions pas intervenus, cela aurait été une atteinte irrémédiable à son environnement. Les autres calanques ne sont pas aussi vulnérables que Sugiton et on ne veut pas restreindre l’accès à la nature. Notre objectif n’est pas de limiter l’accès à la nature partout mais de pouvoir communiquer et expliquer les choses. Il n’est pas prévu de l’étendre dans d’autres calanques avec le même dispositif de quotas. Par contre dans d’autres lieux, cette question de l’information qu’on peut donner c’est quelque chose que l’on va développer.
Plutôt de la prévention que la restriction d’accès ?
G. B. : Exactement.
Pour revenir sur la problématique de l’incivisme, comment les agents interviennent ?
G. B. : On revient sur le premier objectif du Parc national : pour nous le plus important est de faire connaître la valeur de cet espace, pour le respecter il faut le connaître, c’ est un “hot spot” de biodiversité. Nous allons acquérir de la connaissance sur ces sujets. Ensuite, il y a la question de la sensibilisation : oui il y a un impact de laisser ses déchets par terre même si souvent ce n’est pas de façon intentionnelle. Ensuite, il y a le contrôle, nos agents au Parc sont inspecteurs de l’environnement vêtus de gris, on les voit sur terre et en mer. Quand des contrevenants vont au-delà de l’acceptable et notamment sur les déchets d’entreprises, on part sur des poursuites judiciaires très fortes.
Concernant l’incivisme en mer, avez-vous pris des mesures pour éviter des situations dramatiques comme la grave collision entre deux bateaux il y a quelques semaines ?
Nous avons limité le nombre de bateaux en location autorisés
Gaëlle Berthaud
G. B. : Cet accident est dramatique, nous apportons notre soutien à toutes les personnes qui ont été touchées. Nous avons pris des mesures parce que l’on constate une sur-fréquentation aussi en mer par des navigateurs parfois qui n’ont pas les bons gestes, la bonne conscience. Nous avons limité le nombre de bateaux en location autorisés, cela représente huit bateaux sur dix au large de Marseille. Si vous êtes un particulier et que vous souhaitez louer votre bateau dans fréquenter le Parc des Calanques, vous ne pourrez le faire que cinq fois par an. Les skippers (pilotes de bateaux) sont inscrits sur une liste. Nous avons communiqué sur les bons gestes de navigation, même si au-delà de 300 mètres du rivage, la vitesse n’est plus réglementée. Pour autant, il est nécessaire d’adopter des bons gestes pour les autres usagers plus vulnérables.
Il y a la sécurité mais il y a aussi l’impact sonore sur la biodiversité dans le Parc de ces bateaux qui circulent dans le Parc …
G. B : Oui, c’est un sujet sur lequel on commence à se pencher au sein du Parc national. Nus avons équipé des bateaux électriques d’hydrophones pour mesurer le bruit et voir ainsi l’impact que cela pourrait avoir sur les espèces. C’est un sujet à poursuivre pour les années à venir.
Lien utile :
L’intégralité de l’émission avec Gaëlle Berthaud sur Planète Locale.