Il s’est fait attendre mais Christian Estrosi a donné ensuite de son temps. Près de deux heures de discours et de questions-réponses face à la presse régionale, à l’occasion du rituel des voeux aux médias. Une tradition qui rythme la vie des rédactions en janvier.
Christian Estrosi a profité de l’exercice pour dévoiler ses premières mesures et a commenté ses actions au cours des dernières semaines qui se sont écoulées depuis son élection. 12 mesures phares pour les 100 premiers jours qui doivent symboliser la nouvelle présidence. Celui qui reste par ailleurs président de la métropole de Nice et maire de la ville (mais qui va abandonner son mandat parlementaire en raison de la loi sur les cumuls) place sa mandature sous trois priorité : « Je serai le président du développement économique, celui qui fait des économies et qui incarne la démocratie locale ».
Christian Estrosi décline ses 12 mesures très marquées par la priorité à l’économie. Christian Estrosi ne se prive d’ailleurs pas de souligner les effets de la Loi Notre, votée en août dernier et voulue par le gouvernement, qui confie l’essentiel des pouvoirs économiques aux Régions. Et à ceux qui voudraient réduire l’influence de Provence Alpes Côte d’Azur dans le nouveau paysage régional, Christian Estrosi revendique la 2ème place parmi les 13 régions en mettant le critère du PIB par habitant au premier rang.
Taux de chômage : passer sous les 10%
L’ambition économique passe bien sûr par la création d’emploi : « L’objectif est de baisser le taux de chômage dans la région de 12% actuellement à 10% » lance-t-il. Pour y parvenir Christian Estrosi veut beaucoup miser sur l’apprentissage avec une banque régionale dédiée et développement des formations plus en phase avec les besoins du marché de l’emploi. Autres chantiers et autres mesures lancés dès les 100 premiers jours : la renégociation du Contrat de plan Etat-Région, jugé insuffisant à l’époque de sa signature. Amélioration des transports, développement des relations avec l’Union européenne ou encore lancement du Schéma Régional d’Innovation et d’Internationalisation (SR2I) et du fonds Fier (Fonds d’investissement dans les entreprises).
Du développement mais aussi maîtrise des coûts. Le VRP Estrosi se transforme alors en “cost killer” des dépenses jugées inutiles ou inefficaces. Objectif : « baisser de 25% les dépenses de fonctionnement de la Région ». Des économies substantielles atteignant cinq millions d’euros ont déjà été trouvées en trois semaines se félicite le nouveau président dont la Région dont 2,5 millions sur les frais de formation des élus. D’autres mesures sont également annoncées : la fin des voitures de fonction et des téléphones portables pour les élus. Autres mesures d’économie : la vente de la Maison de la Région sur la Canebière ou encore la fermeture des antennes régionales qui seront « mutualisées avec les autres collectivités du territoire ».
Conférence régionale, déontologue, élus FN…
Enfin concernant la démocratie locale, trois initiatives sont présentées : la tenue d’une conférence régionale des acteurs régionaux dont la composition sera présentée à la séance plénière du 29 janvier prochain, une conférence permanente des arts et de la culture (« je ne toucherai aux aides actuelles à la culture et je veux même allé plus loin »), enfin la mise en place d’un déontologue dont la mission sera de vérifier les conflits d’intérêts éventuels chez l’ensemble des membres de l’assemblée régionale.
Pour suivre l’ensemble de ces engagement Christian Estrosi promet la création d’un tableau de bord. Concernant la Villa Méditerranée, dont « 20% de charges de fonctionnement ont été déjà économisées pour 2016 », il souhaite consulter des cabinets extérieurs pour disposer de proposition de « destination. « Quant aux élus du FN qui pourraient se rallier aux Répubicains, c’est une fin de non recevoir « A partir du moment où quelqu’un a franchi cette ligne… Les aller-retours dans ce domaine, je ne les accepterai jamais… » Dont acte.
La réaction de Sophie Camard (EELV) : un discours de campagne ne fait pas une politique régionale réaliste
Nous publions ci-dessous de longs extraits de la réaction de Sophie Camard diffusée via un communiqué publié vendredi 8 janvier. « M. Estrosi a annoncé 12 engagements pour les 100 premiers jours de son mandat. Ces engagements relèvent plus d’un prolongement de campagne électorale que de propositions réalistes.M. Estrosi prétend baisser, à lui seul, le taux de chômage de 12 à 10% dans notre Région, et reprend la rengaine du Medef de 25 000 emplois non pourvus dans notre Région. Le taux de chômage est de 11,5% en Paca en octobre 2015 et n’est pas le plus élevé de France. Le nombre d’inscrits à Pôle Emploi est de 328 000 à fin novembre 2015, et 469 000 en additionnant les catégories A, B, C. Il est donc complètement réducteur de jouer les héros en résumant la lutte contre le chômage à une soi-disant « chasse aux paresseux ».
Si la Région a un rôle économique réel en matière d’innovation, de recherche, d’aides aux entreprises, elle n’a pas les moyens de se substituer à Pôle Emploi ni aux politiques macroéconomiques de l’Etat. Son véritable levier est celui de la formation, de l’apprentissage et de l’alternance. Un plan pour l’emploi devrait être un grand plan de formations prioritaires dans des secteurs porteurs pour notre Région comme la transition énergétique, la santé, l’économie de la mer, le tourisme, le numérique, la culture. C’était un axe fort de la Région Coopérative. M. Estrosi annonce des économies de train de vie avec lesquelles je suis bien d’accord : voitures, téléphones, Maison de la Région sur la Canebière. Je m’alerte par contre de la suppression des antennes dans les départements, qu’il faudrait au contraire réformer pour en faire des relais de proximité au service des citoyens. Des guichets dans les Mairies vont induire une confusion complète des rôles respectifs des collectivités locales.
[pullquote]Je déplore l’absence de toute préoccupation écologique et environnementale.[/pullquote] Dans tous les cas, ces économies ne suffiront jamais à compenser les très importantes réductions de recettes de l’Etat. Elles ne pourront pas financer les 250 millions d’euros pour la sécurité dans les TER et les Lycées que M. Estrosi persiste à annoncer. J’avais rappelé pendant la campagne que cette somme représentait la moitié du budget annuel d’investissement de la Région. Avec 250 millions d’euros, on pourrait construire d’un seul coup 5 ou 6 lycées. Si M. Estrosi veut faire des économies, dans quel budget va-t-il faire des coupes sombres pour financer ces nouvelles dépenses ? Va-t-il renoncer aux autres dépenses nécessaires dans les lycées et les TER : nouveaux lycées à construire, travaux de rénovation et d’économie d’énergie, mise aux normes pour les handicapés, co-financement de travaux pour améliorer l’offre ferroviaire ?
(…) Enfin, je déplore l’absence de toute préoccupation écologique et environnementale dans ce discours de M. Estrosi, qui ne prend toujours pas la mesure des enjeux climatiques. (…) »