Alors que le département des Bouches-du-Rhône a placé Marine Le Pen en tête des suffrages, Marseille a joué l’insoumise avec un vote massif pour Jean-Luc Mélenchon. Il remporte 24,82 % des suffrages, soit onze points de mieux qu’en 2012. « C’est une grosse déception de ne pas être au second tour mais on ne va pas bouder notre plaisir au vu des résultats qui démontrent une véritable envie de progrès social », déclare Jean-Marc Coppola, conseiller municipal PCF – Front de gauche de Marseille et soutien de Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de la France insoumise s’est imposé dans le quartiers Nord et le centre-ville, avec des scores records de 41,33 % dans le 1er arrondissement, de 39,04 % dans le 3e et de 36,9 % dans les 15e et 16e arrondissements. Les 4e et 5e arrondissements ont également placé Jean-Luc Mélenchon en tête. « On pouvait s’attendre à de bons résultats dans les quartiers Nord et le 1er arrondissement mais c’est plus surprenant pour les 4e et 5e arrondissements. Cela tient aussi de l’arrivée d’une nouvelle population jeune dans ces quartiers qui a une forte volonté de faire progresser la justice sociale dans le pays », estime Jean-Marc Coppola. La France insoumise réalise, par contre, ses plus mauvais résultats dans les 6e, 7e et 8e acquis à François Fillon et dans le 12e arrondissement qui a voté en majorité pour le Front national.
Une dynamique intéressante pour les législatives ?
Malgré la défaite au niveau national, les soutiens locaux de Jean-Luc Mélenchon se félicitent du choix des Marseillais : « Pour nous la bataille continue. Une formidable dynamique a vu le jour autour d’une perspective de transformation sociale à gauche, elle s’est manifestée avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Cet espoir est là, il est en route. Il doit prendre confiance et prendre force », a réagit Pierre Darrhéville, le secrétaire départemental du Parti communiste français des Bouches-du-Rhône à l’annonce des résultats de ce premier tour. Les élus locaux espèrent profiter de cette dynamique aux prochaines élections législatives : « Dans ces institutions hyperprésidentielles, nous aurons l’occasion en juin de redonner du poids au Parlement, et au peuple de la force. Portés par cet élan, nous appelons l’ensemble des forces disponibles à se rassembler pour donner à notre pays une majorité de progrès social écologique et démocratique », complète Pierre Darrhéville.
Législatives : les communistes appellent au rassemblement, la France insoumise refuse toute alliance
Confiant mais pas crédule, les soutiens de la France insoumise savent que la bataille des législatives s’annonce rude : « Il n’y pas de transformation mécanique des votes de la présidentielle pour les législatives. Il faut regarder circonscription par circonscription et trouver les meilleures alternatives pour faire passer nos idées », tempère Jean-Marc Coppola. Sur d’éventuelles alliances avec d’autres partis en vue de ce scrutin, il en appelle au rassemblement avec la gauche écologiste et les candidats de la France insoumise pour mettre le plus de chance de leurs côtés mais « avec le parti socialiste à Marseille, cela me semble compliqué », prévient-il. Un système d’alliance que semble rejeter pour le moment les membres du mouvement de Jean-Luc Mélenchon : « Nous ne sommes pas des professionnels de la politique avec les réseaux et les appuis politiques au niveau local suffisants pour peser sur ces élections. On participera pas à la tambouille habituelle et il n’y aura certainement pas d’accord avec d’autres partis pour les législatives. On défendra nos propres candidats », affirme Claude Michel, cadre départemental de la France insoumise.
Une réelle incertitude sur le vote anti-front national au second tour
Au soir des résultats du premier tour, Jean-Luc Mélenchon a refusé de donner une consigne de vote estimant ne pas avoir de mandat pour s’exprimer à la place de ses électeurs. Il a toutefois annoncé son intention de consulter ses 450 000 soutiens par un vote organisé sur sa plate-forme internet. « Je trouve qu’il a très bien fait. Je me pose moi-même la question entre l’abstention et un vote de barrage. De nombreux électeurs ont déjà fait le choix de ne pas se déplacer au second tour, c’est leur droit », avance Claude Michel. Les soutiens locaux du candidat de la France insoumise appartenant aux autres partis ne partagent pas cette position. Sophie Camard, ancienne vice-présidente de la Région Paca EELV, a très vite réagi sur twitter : « Inutile de s’engueuler sur le second tour : on sait tous qu’il faut faire barrage à Le Pen et que ça fait mal quand y a pas la gauche », a-t-elle posté. Pour le Parti communiste, le choix est le même : « Y’a rien de bon à attendre de Macron mais ce serait encore pire avec Le Pen. La lutte contre le racisme est inscrit dans l’ADN du PC, on ne peut pas se permettre d’avoir une position ambigüe qui ne serait pas comprise par certains de nos électeurs très effrayés par le Front national », assure Jean-Marc Coppola.