La consommation énergétique des bâtiments est devenue l’une des premières inquiétudes de l’État et des collectivités. Mais les habitants eux-mêmes vont devoir s’en emparer. « Plutôt que d’inonder les immeubles de gadgets technologiques, on propose une autre approche en offrant le choix aux citoyens de moduler leur consommation en fonction des besoins », explique Damien Rosina, responsable des grands projets chez GRDF Méditerranée. Le groupe, responsable des réseaux de distribution de gaz, s’est associé avec le promoteur marseillais Sifer pour construire le premier programme immobilier de France labellisé « Smart avenir énergies». Baptisée Osmoz, cette opération de 360 logements, située dans le quartier Saint-Loup du dixième arrondissement de Marseille, promet une économie de 25% sur la facture énergétique des occupants. Sifer et GRDF ont officialisé leur convention de partenariat mardi 13 juin à quelques mois de la livraison des premiers logements.
Des habitants alertés des pics de consommation électrique par Ecowatt
« Nos concurrents sont de grands groupes internationaux. Pour nous différencier, on se doit d’être innovant sur le plan architectural mais aussi énergétique », avance Eric Lasery, le président de Sifer Immobilier. Le promoteur s’est rapproché de GRDF pour proposer le bon « mix énergétique » à ses clients. Avec le projet «Smart avenir énergies », les futurs occupants seront directement reliés au réseau Ecowatt qui surveille la consommation électrique. Les habitants recevront un SMS ou mail pour les prévenir en cas de pic de consommation sur le réseau d’électricité régional. Ils seront alors invités à éteindre certains de leurs appareils pour éviter une éventuelle saturation et faire des économies. « La région Paca est en bout de ligne du réseau électrique avec des risques de saturation. Le Préfet s’est d’ailleurs engagé à réduire de 20% la consommation régionale à l’horizon 2020 », précise Viviane Repellin, la déléguée au marché d’affaires de GRDF Méditerranée.
Passer du gaz naturel au biogaz
Le deuxième pilier du dispositif est la possibilité pour les habitants de passer du gaz naturel, une énergie fossile non renouvelable, au biogaz, issu du traitement des déchets et des eaux usées. La loi de transition énergétique de 2015 permet au biogaz de circuler par le réseau classique de GRDF, le changement pourra ainsi s’opérer très rapidement. A condition d’avoir un approvisionnement suffisant car pour l’instant, il n’existe aucun site fournissant du biométhane dans la région. Quatre sites sont en cours de réalisation en Paca dont un sur la zone de la Pioline à Aix-en-Provence, et le second à Sormiou. « On espère une mise en production pour 2020 », annonce Viviane Repellin, soit un an après la livraison complète du programme Osmoz. Enfin, l’ensemble immobilier s’est équipé du système Yzentis, développé par la société France Air, un dispositif de chauffage par vecteur air qui a été complètement intégré dans les faux plafonds avec ne chaudière dissimulée dérrière les sanitaires. Pour Sifer, l’aménagement de ses innovations représente un surcoût de 400 000 euros sur les travaux mais la société mise sur un retour sur investissement.
Sifer a déjà vendu 85% des logements sur Osmoz
« Les candidats à l’achat prennent de plus en plus en compte le coût d’usage du logement », affirme Cyril Simon, directeur général de Sifer Promotion. La labellisation Smart Avenir énergies d’Osmoz promet une économie de 350 euros par an et par ménage, un argument de vente efficace pour le promoteur. Alors que la première tranche sera livrée au début de l’année prochaine et la seconde un an plus tard, Sifer a déjà vendu près de 85% des logements du programme. Les travaux ont coûté environ 25 millions d’euros au groupe qui a investi 50 millions d’euros. Les appartements sont proposés en moyenne au prix de 3 600 euros le mètre carré pour un ensemble proposant 23 000 mètres carrés de surface de plancher. Osmoz est bâti sur les anciens terrains de la société Moteurs Baudouin, depuis relocalisée à Cassis. Cette friche industrielle fait aujourd’hui l’objet d’un programme d’aménagement d’ensemble (PAE) voulu par la Ville. Outre les logements, des commerces vont s’installer en pied d’immeubles et rejoindront ainsi l’enseigne Castorama implantée juste derrière.
Encadré : Sifer garde la main sur Bleu Capelette
Le serpent de mer du centre commercial Bleu Capelette pourrait bientôt trouver une issue. Alors que les discussions entre la mairie et le duo de promoteurs Sifer et Icade se sont considérablement durcies l’an dernier, la société marseillaise a finalement revu son projet à la baisse pour coller aux desiderata des élus locaux. Face à la concurrence du centre commercial du Prado mené par Klépierre, Eric Lasery a finalement dû mettre au placard ses rêves de galerie marchande à la Capelette. Les 40 000 m2 de terrains seront donc dévolus à des commerces plus modestes et aux loisirs avec toujours, par contre, le projet de cinéma porté par l’opérateur des Trois Palmes. Le nouveau projet doit être présenté dans quelques semaines à la mairie et Sifer espère déposer un nouveau permis de construire avant la fin de l’année. Reste un problème à régler, le promoteur marseillais va devoir racheter les parts d’Icade, qui a depuis longtemps exprimé son souhait de quitter le projet mais qui ne compte pas pour autant brader son investissement d’origine. Les négociations sur le prix risquent d’être tendues et pourraient bien coûter cher à Eric Lasery.