AtmoSud mobilise sur les nouvelles normes de qualité de l’air. Chaque année en Europe, 300 000 décès prématurés sont directement imputables à la pollution de l’air (1 800 en région Sud, dus à la seule exposition aux particules fines PM2.5). Pour réduire significativement cette mortalité et se rapprocher des valeurs préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Conseil de l’Union européenne a en effet adopté, le 14 octobre dernier, une nouvelle directive sur la qualité de l’air. Fusion des textes de 2004 et 2008, cette nouvelle directive revoit à la baisse les seuils des polluants atmosphériques les plus nocifs avec un calendrier associé de mise en oeuvre. La valeurs sont divisées par plus de deux en moyenne à l’horizon 2030, par quatre ou cinq d’ici à 2050 (tableau ci-dessous).
Les 27 de l’Union sont tenus de les appliquer dès 2030 pour contribuer à atteindre le « zéro pollution en 2050 » visé par l’Europe. Passé cette première étape, les seuils seront encore progressivement renforcés pour s’aligner sur les valeurs de l’OMS. Le plan de l’UE « zéro pollution » vise notamment à réduire de 55% le nombre des décès prématurés en 2030, par rapport à 2005, et table également sur – 25 % d’écosystèmes menacés par ces émanations nocives des polluants atmosphériques.
Les 7 points clés de la nouvelle directive européenne : 1. Des limites de concentrations durcies pour les principaux polluants (PM2.5, PM10, NOx…) en fonction des préconisations de l’OMS. 2. La surveillance de nouveaux polluants (particules ultrafines, black carbon,..) en raison de leur impact nocif sur la santé du vivant. 3. Des moyens de mesure de la qualité de l’air renforcés, notamment grâce à la création de “super sites” de surveillance en France (3 présentés par AtmoSud). 4. Un accès simplifié à la justice et à l’indemnisation pour les citoyens. 5. Recours accru à la modélisation pour une meilleure visibilité de la pollution en tout point du territoire. 6. Un indice horaire de la qualité de l’air harmonisé pour tous les Etats membres de l’Union. 7. Des plans et feuilles de routes territoriaux supplémentaires en cas de dépassements
Tous ces objectifs (à intégrer d’ici décembre 2026 dans le droit français) ont été présentés en détails à la presse par AtmoSud, observatoire de la qualité l’air dans la région Sud, mardi 21 janvier à Marseille par Dominique Robin le directeur de la structure et Damien Piga, le directeur de l’innovation.
Outre ces nouvelles perspectives particulièrement ambitieuses, la conférence de presse a été l’occasion de revenir sur l’évolution des émissions polluantes au cours des dernières années. Certes la situation s’améliore dans la région Provence Alpes-Côte d’Azur (voir notamment notre dossier dans Gomet’ Planète).
Ainsi le nombre d’épisodes d’alerte à la pollution a baissé « de 29 jours en 2022 à 14 en 2024 » observe Damien Piga. Depuis 2019, la baisse de la pollution à l’oxyde d’azote est de 44% se réjouit Dominique Robin. Renaud Muselier, président de la Région Sud lors de ses voeux s’est félicité de cette évolution, saluant au passage le travail « remarquable » d’AtmoSud. Mais les chiffres publiés par la « boussole Air Climat énergie » proposée par AtmoSud ne sont pas tous flatteurs pour le territoire.
La pollution à l’ozone, activée par le rayonnement solaire particulièrement actif en Méditerranée par exemple est plus prégnante sur notre territoire qu’à l’échelon européen souligne Damien Piga. Les alertes de ce début d’année en témoignent encore. « Il y a ici des enjeux particuliers pour lesquels il faut que l’on se mobilise. »
le nombre de décès pour 100 000 habitants liés aux différentes pollutions est supérieur à la moyenne nationale (tableau ci-dessus). Et les nouveaux objectifs mettent une pression supplémentaire sur le territoire, en particulier les grandes agglomérations. Ainsi AtmoSud à travers deux cartes fait la photo de la situation actuelle au regard des objectifs de 2030.
Sur la carte ci-dessous, on se rend compte que la quasi totalité des villes de Nice et Marseille sont au-dessus des seuils à cette échéance (zones en rouge et jaune). Converties en nombre d’habitants exposés au niveau régional, AtmoSud estime à 765 644 le nombre de personnes impactées par la pollution au dioxyde d’azote (N02), 344 066 pour la pollution à l’ozone (PM10) et 703 749 pour les particules fines (PM2.10).
Pour faire face à ces nouveaux défis, la région Sud bénéficie d’atouts estime toutefois AtmoSud à l’instar des grandes évolutions engagées dans la décarbonation de l’industrie lourde, l’électrification des escales et l’anticipation de la règlementation 2030 pour les navires de croisières, les ferries, les porte-conteneurs. Autre facteur positif : le potentiel de production d’énergie photovoltaïque. La région Sud est la 1ère région en densité de surface (73 kW / m2) affirme AtmoSud.
Mais ces points forts sont contre-balancés par des points de vigilance : 60% des émissions annuelles de particules fines proviennent du chauffage au bois alerte AtmoSud. « Les principaux épisodes de pollution hivernaux ne sont plus dûs à la voiture et à l’industrie mais au chauffage au bois, particulièrement dans le péri-urbain » observe Dominique Robin. « Et comme l’air n’a pas de frontières, cela fini par toucher les centres-villes. » Cette évolution récente, a été entretenue par les surcoûts énergétiques dus à la guerre en Ukraine et les encouragements de l’Ademe. « Il va falloir faire machine arrière » alerte Dominique Robin.
Dominique Robin (AtmoSud), au coeur du triptyque air, climat et énergie
Autre sujet de préoccupation: le transport routier qui est le principal émetteur d’oxydes d’azote (NOx), avec 39% des émissions régionales. Outre les efforts techniques dans les zones à faible émissions, « il va falloir travailler sur les usages avec des alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le co-voiturage ou les mobilités douces et actives. La technologie doit être un des maillons de la solution mais pas le seul » souligne Damien Piga.
Qualité de l’air : dans le dur des usages des particuliers
La préservation des espaces naturels – les incendies sont le second émetteur de particules fines en région en 2022 et seuls 8% des émissions annuelles de gaz à effet de serre sont absorbés par la végétation constitue un enjeu dans la durée alors que le changement climatique augmente le risque de ces incendies.
Dominique Robin ne nie pas le défi que constituent les nouvelles normes pour les territoires, notamment en matière de politique publique : « Les nouvelles mesures à mettre en place sont plus difficiles que les précédentes car elles vont toucher un nombre d’acteurs plus importants. Nous sommes désormais moins sur des sujets industriels ou d’infrastructures que sur les usages des particuliers comme le chauffage au bois, la mobilité du quotidien, dans un moment où certains se disent peut-être : l’environnement ça commence à bien faire ! »
Pour aider à prendre conscience des enjeux et aider à évoluer, AtmoSud continue à développer sa boîte à outils et son réseau d’observation déjà « le plus dense dans d’Europe. » Un nouvel indicateur doit prochainement être disponible pour les communes afin que les mairies mesurent bien le nombre d’habitants exposés selon les différentes normes jusqu’à 2030. « Notre devoir est d’apporter la bonne information au bon moment au bon acteur » résume Dominique Robin. Autre nouveauté en 2025, le lancement d’AtmoSud Formation. « Pour agir il faut connaître. L’une des limites à l’action aujourd’hui c’est la connaissance. Nous sommes désormais certifiés Qualiopi et nous avons une forte ambition de renforcement de la formation afin que les acteurs intègrent l’air dans leur réflexion et leur décision. »
Dans la même perspective d’informations, cette fois plus à destination du grand-public, AtmoSud lance son média Inspirons ! Sa vocation : informer le plus grand nombre sur les enjeux systémiques de la qualité de l’air au travers d’une ligne éditoriale engagée pour la préservation du vivant sous toutes ses formes. Le premier épisode du podcast, qui porte sur les polluants éternels, est disponible sur toutes les plateformes d’écoute du genre (Spotify, Deezer, Apple podcast…)
Lien utile :
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