Si vous suivez un peu l’actualité locale (et nationale), vous n’avez pas pu louper cette interrogation insistante du Monde, de France 3, de l’Express, de Francetvinfo, ou encore de Métro : le FN va-t-il entrer au Sénat ? Comme toujours, la première victoire du FN est médiatique. Poser la question, c’est presque déjà y répondre. Si tous les médias répètent la même question, c’est qu’évidemment, David Rachline, dans le Var, et Stéphane Ravier, dans les Bouches-du-Rhône, ont une chance d’être élus sénateurs, dimanche 28 septembre. C’est mathématique : les victoires aux municipales entraînent les succès au Sénat qui, historiquement, représente les collectivités territoriales et dont l’assise électorale se situe… dans les collectivités territoriales. Et surtout, cela s’est imprimé dans les têtes au fil des mois.
Le cas de Stéphane Ravier est particulièrement intéressant. C’est le « mister nobody » du FN, devenu maire de secteur lors des dernières élections municipales qui, du haut des 13e et 14e arrondissements de Marseille, bénéficie d’une tribune médiatique inversement proportionnelle à son pouvoir réel. D’ailleurs, c’est avec cet argument paradoxal qu’il fait campagne parmi les maires du département, opposés à la métropole d’Aix-Marseille-Provence : « Je dis aux maires : si vous ne voulez pas devenir maires de secteur, si vous voulez garder votre pouvoir, alors votez pour moi », confiait-il à GoMet’ pendant l’été, durant lequel il aura visité une cinquantaine des 119 communes des Bouches-du-Rhône.
À l’UMP, on observe avec attention la campagne de Stéphane Ravier, qui pioche allègrement dans le vivier des maires divers-droite déboussolés par la crise actuelle de l’UMP. Dans les Bouches-du-Rhône, huit sénateurs seront renouvelés, et la liste de Jean-Claude Gaudin en espère jusqu’à cinq : « Si on fait cinq sénateurs, c’est-à-dire carton plein, le FN n’en aura pas, c’est logique », croit savoir un des responsables de l’UMP, qui suit de près le dossier.
Finalement, peu importe. Depuis des mois, le nouvel élu sillonne le territoire en quête d’une nouvelle légitimité. Dans les petites communes, à part quelques réfractaires, on reçoit cordialement le maire qui représente 150 000 citoyens. Jusqu’à oublier, parfois, l’étiquette FN. Grâce à Stéphane Ravier, le parti se normalise un peu plus. Il est synonyme d’écharpe républicaine. De cérémonies officielles. C’est un symbole, mais c’est déjà beaucoup.
Aujourd’hui, Stéphane Ravier est à quelques encablures de son objectif. Il a 300 des 400 voix de grands électeurs nécessaires à son élection. S’il échoue, ce ne sera que partie remise, peut être lors des prochaines élections législatives partielles dans sa circonscription, jusqu’ici détenue par Sylvie Andrieux, condamnée récemment à quatre ans de prison dont trois avec sursis. S’il réussit, ce sera le signe d’une nouvelle ère pour un parti qui n’a encore jamais accédé à la Haute assemblée. « Ce serait historique », répète-t-il.
(Crédit : mairie du 13/14)