Le Centre Caumont célèbre Raoul Dufy (1877-1953) et son ivresse de la couleur ! Un événement organisé en collaboration avec le Musée d’art moderne de Paris qui retrace la carrière du peintre français et expose ses liens étroits avec la Provence et l’oeuvre de Paul Cézanne.
Sans plus tarder, venez découvrir le talent de l’artiste à travers les techniques les plus variées, de l’huile à l’aquarelle et le dessin, en passant par la gravure et la céramique. Parmi les 90 oeuvres exposées, « la plupart viennent de la collection du Musée d’art moderne. Nous avons complété par des collections privées ou publiques afin de nous adapter non seulement à la muséographie du lieu mais aussi à la ville d’Aix » explique Sophie Krebs, commissaire d’exposition et conservatrice générale du Musée d’art moderne de Paris.
Raoul Dufy sur les pas de Paul Cézanne…
Originaire du Havre, Raoul Dufy est grandement influencé par le mouvement impressionniste. Dès le début de l’exposition, vous remarquerez une évolution de sa peinture avec beaucoup de toiles non abouties. Une forme de « tâtonnement » mais qui est nécessaire pour comprendre l’artiste. « On voit bien que le peintre se cherche » confirme la commissaire d’exposition.
Lors de son voyage dans le sud de la France, Dufy arpente les terres cézanniennes. Les paysages qu’il peint à Marseille puis à La Ciotat, Martigues et Vence révèlent les mêmes procédés que Cézanne : la touche directionnelle et la profondeur de champ. Quand il peint à l’Estaque, chaleureux port marseillais, Dufy utilise également les mêmes motifs que Cézanne tels que les arbres aux lignes obliques ou les maisons cubiques. La gamme chromatique se réduit aux bleus, verts et ocres à mesure que les formes se simplifient. « L’artiste arrive alors au maximum de ses possibilités mais il se fait violence car, très vite, il va vouloir réintroduire la vivacité dans ses couleurs » explique Sophie Krebs. Et tandis qu’il s’éloigne de la Provence, il continue d’explorer l’oeuvre du maître d’Aix. La nature morte, emblématique de l’esthétique cézanienne et cubiste, lui inspire de nombreuses toiles entre 1910 et 1914.
Dans une nouvelle pièce, vous pourrez découvrir Le jardin abandonné peint à Paris en 1913 et « qui nous a été donné directement par Dufy en 1936 » commente la commissaire. La touche directionnelle est très présente et organise les éléments mais il y a aussi beaucoup de disproportion dans les lignes et les motifs de la cage et des oiseaux qui prennent le dessus sur le réel.« Quand on fait un tableau de ce type, il faut être sûr de soi » assure Sophie Krebs. Alors que la couleur possède une place toujours plus importante dans son oeuvre, c’est pourtant la première fois que Dufy utilise le noir comme une couleur car « pour lui, le noir est une forme de couleur de l’éblouissement ». Le peintre commence à trouver ses éléments stylistiques et s’éloigne du cézannisme.
L’affirmation du style Dufy
Au fur et à mesure, Dufy expérimente d’autres techniques telles que l’aquarelle, la gravure et le travail décoratif. Alors qu’il est peu connu, Guillaume Apollinaire fait appel à lui pour illustrer un bestiaire. Un long travail de gravure sur bois qui va ouvrir au peintre « la porte d’entrée dans le monde de l’art décoratif ». L’utilisation de l’aquarelle est également nouvelle et lui permet de peindre plus librement. Il va abandonner la touche directionnelle pour laisser place à de grands aplats de couleur qui débordent sur le dessin et constituent le signe de sa modernité : le style Dufy est né.
(Crédit : MS/Gomet’)
À l’étage du Centre Caumont, la deuxième partie de l’exposition est entièrement dédiée au style Dufy et aux motifs de prédilection du peintre : les baigneuses, les fêtes nautiques, les paysages côtiers et les bateaux. Admirez le chef-d’oeuvre de La Grande Baigneuse et observez la façon dont l’artiste met en place la figure humaine dans un paysage. Après un premier essai réalisé en 1909, le peintre propose d’autres modèles de baigneuses et ce même motif va se répandre jusqu’aux céramiques.
L’exposition se poursuit sur les dessins d’atelier que Dufy a réalisés pour chacun de ses déménagements à Nice, à Perpignan, au Havre ou à Paris.
Le Centre Caumont vous propose de clôturer la visite par un hommage au très moderne et monumental projet La Fée électricité réalisé par le peintre en 1937, dans le cadre de l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris. Une animation vous présente la multitude de scénettes qui recouvrent l’immense tableau actuellement exposé au Musée d’art moderne, ultime preuve de son ingéniosité…
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