« Avant, la ville de la Ciotat était plutôt triste, aujourd’hui on peut dire que l’on rivalise avec Barcelone ! » s’exclame Ben Mennem, l’un des fondateurs et actuel président de Compositeworks, entreprise spécialisée dans le réaménagement et la transformation de Yachts de très grandes tailles.
À l’origine skipper pour la famille Agnelli (industriels Italiens fondateurs de Fiat), Ben Mennem et Mark Salman, un ingénieur de formation, créeront ensemble Compositeworks. Rencontrés dans les années 90, Ben et Marc créent une entreprise spécialisée dans la construction d’annexes pour les yachts. Au départ basés dans les Alpes, ils iront jusqu’en Italie pour construire ces bateaux.
À la recherche d’un lieu stratégique, en Méditerranée (70% de la flotte mondiale y naviguent), ils s’installent définitivement au chantier naval de La Ciotat en 1998. Ce lieu est apparu comme idéal à cet ancien skipper, venu dans les années 80 pour des régates : « Je me suis dit, il y a quelques chose à faire ici !.» D’autant que sur place, tout était prêt pour accueillir ces entrepreneurs qui ont pu bénéficier des infrastructures déjà existantes et abandonnées en 1988.
Une croissance de 23% en 2015
17 ans plus tard, cet anglais confie fièrement, « maintenant on est vraiment chez nous, et notre petite entreprise artisanale est devenue une véritable industrie.» Compositeworks compte désormais une centaine d’employés dont 18 ont été recrutés en 2015 pour faire face à l’accroissement de la demande en “refit”. La société a ainsi enregistré une croissance exponentielle avec un chiffre d’affaire de 43 millions d’euros soit une hausse de 23% par rapport à l’année précédente.
Rare secteur florissant de l’industrie mondiale, celui des méga-yachts ne connaît pas la crise. Véritable niche dans le monde du luxe, les méga yachts sont assujettis à une réglementation très stricte pour des questions de police d’assurance. Les propriétaires ont donc l’obligation de procéder à un contrôle technique du navire tous les cinq ans. Obligation qui ne manque pas de profiter à Compositeworks, n°2 sur le marché mondial (pour la catégorie des yachts au dessus de 80 m).
Reportage photos
Jean Yves Delattre
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L’activité de “refit” peut prendre diverses formes. Traditionnellement, les propriétaires les plus soucieux instaurent un entretien annuel. Celui-ci s’intéresse aux peintures, à la révision des moteurs ainsi qu’ à toute la maintenance qui ne peut être effectuée quand le bateau est à flot. L’opération de “refit” peut également concerner l’immobilisation du bateau en cale sèche pour une longue période (supérieure à 6 mois) en vue de modifier sa structure. L’objectif étant d’agrandir le bateau et d’apporter des modifications personnalisées. Le refit peut enfin concerner la refonte totale du bateau à la convenance de ces riches propriétaires. Il s’agit d’une véritable customisation des navires de luxe. Compositeworks personnalise et transforme donc les yachts en fonction des envies et du budget des propriétaires. Les travaux se chiffrant en plusieurs centaines de milliers d’euros (pour des bateaux dont le prix d’achat et de plusieurs millions d’euros).
Un nouveau système de balayage laser 3D
Pour réaliser ces projets de réhabilitation d’envergures, Compositeworks a intégré depuis fin 2015 un bureau d’études technique dirigé par Mark Salman. Équipé d’un tout nouveau système de balayage laser 3D, cet appareil qui tient dans une mallette, permet de scanner la structure entière d’un bateau. Une fois scannées les modifications pourront être envisagées. À la pointe de la technologie et très maniable grâce à sa petite taille, ce scanner permet de créer des modèles précis et détaillés. Les retouches ultérieures sont de ce fait limitées et permettent de gagner du temps sur les autres phases du projet de refit. Grâce à cet outil révolutionnaire, les bateaux peuvent désormais être scannés n’importe où dans le monde. C’est ainsi le scanner et non le bateau qui se déplace, évitant ainsi d’encombrer le chantier par une mobilisation longue des engins. Vu la taille des yachts qu’accueille Compositeworks (certains plus de 100 m), l’espace est vite saturé. Une gestion impeccable est donc indispensable pour éviter les refus de chantiers.
En 2015, la société a du refuser d’accueillir une dizaine de bateaux soit un manque à gagner estimé entre 5 et 10 millions d’euros. Pour éviter que ce genre de situation ne se reproduise, 250 mètres de quais supplémentaires vont prochainement être ajoutés au 1 750 m existants. En ce moment, le chantier accueille 25 navires mais quand la place vient à manquer, ils sont envoyés à Marseille ou à la Seyne. « Il faut continuer à être les meilleurs ! » lance Ben Mennem.
Repères :
Compositeworks en quelques chiffres :> 43 millions de chiffre d’affaire en 2015 dont 25% réalisé sur les méga yachts
> 100 salariés de 10 de nationalités différentes et 300 emplois induits
> 250 sous-traitants
> Plus de 800 “refit” réalisés depuis la création de l’entreprise en 1998.