Fraîchement élu, le président LR de la Région Paca a renégocié le Contrat de Plan Etat-Région (CPER) 2015-2020 qui trace les grandes lignes des grands projets à financer au cours de son mandat. Présenté lors de l’assemblée plénière du 13 juillet, un nouvel avenant prévoit une rallonge total de 116 millions d’euros abondée à parts égales par l’État et le Conseil Régional. « De quoi permettre un effet de levier de 250 millions d’investissements nouveaux », promet Christian Estrosi. Il a concentré ses efforts sur trois volets principaux : l’enseignement supérieur et la recherche, le portuaire mais surtout les transports. Ce dernier sujet a vu sa copie largement révisée. La nouvelle majorité LR semble vouloir faire la part belle à la route au grand dam des défenseurs du rail.
Moins 215 millions d’euros pour le train
Christian Estrosi ne porte pas la SNCF dans son cœur. « Retards, grèves à répétition, suppression de trains… Nous ne signerons pas de convention avec la SNCF en janvier prochain dans les conditions actuelles », prévient le président de Région qui ne s’interdit pas d’ouvrir des négociations avec les Italiens pour faire jouer la concurrence. Lors de l’assemblée plénière du 24 juin, une étude « pour le développement de solutions de déplacements alternatives au train » a d’ailleurs été votée à l’unanimité, remettant clairement en cause l’entreprise publique. Nouveau désaveu pour la rail ? Cette version du CPER a raboté de 215 millions d’euros le coût prévisionnel des projet d’aménagements ferroviaires. Mais paradoxalement, si la ligne des coûts baisse radicalement, l’enveloppe augmente de près de 7 millions d’euros car l’État ajoute 11,5 millions d’euros tandis que la Région retire 4,7 millions.
Exit la liaison Aix-Etang de Berre
En clair, certains projets dépendant d’investissements d’autres partenaires publics ou privés ont été purement supprimés du CPER. Exit par exemple, la réouverture de la ligne Aix-Etang de Berre qui aurait permis de créer une boucle imaginée par la mission métropole de Laurent Théry. La délibération du Conseil régional précise que le projet estimé à 87 millions d’euros est « provisoirement abandonné au regard de sa non faisabilité dans l’échéance du CPER et de la faible participation des collectivités ». D’autres projets ont été revus à la baisse comme la modernisation de la ligne Marseille-Aix avec une baisse de 19 millions d’euros ou celle de la ligne des chemin de fer de Provence entre Nice et le Plan du Var (-17,5 millions). Mais d’autres ont également vu le soutien des deux partenaires augmenter. Le train de la côte bleue profite par exemple d’une aide supplémentaire de 9,5 millions partagée à parts égales. Même chose pour l’augmentation de la capacité des voies littorales de Saint-Charles à l’Estaque avec une participation accrue de 10 millions de la Région et l’État.
Plus 222 millions pour les routes
Au train, la Région semble préférer le bus. Une ligne de 30 millions fait son apparition dans la nouvelle mouture pour la création de nouvelles voies de bus sur les autoroutes de la métropole Aix-Marseille. Ce projet a profité du coup de pouce conséquent de 222 millions prévus au volet routier du CPER de l’équipe Estrosi. Avec un effort consenti par la Région de 51,4 millions et de 22,6 millions pour l’État, les routes sont les grandes gagnantes de cette révision. Et en regardant de près, le président de la Région en fait grandement profiter ses terres niçoises avec plus de 120 millions programmés pour la seule métropole azuréenne. Pour Aix-Marseille, peu de changements. Le projet de déviation prévue sur Miramas est même revue à la baisse de 12 millions.
Une « nouvelle esbrouffe » pour les écolos
Lors de la présentation du nouvel avenant, la seule opposition Front national s’est montrée bien timide se contentant d’une abstention qualifiée même de « constructive » par Christian Estrosi. La gauche, désormais hors jeu du Conseil régional, s’est montrée bien plus critique. Sophie Camard, l’ancienne tête de liste Europe-Ecologie Les Verts, dénonce une nouvelle opération de communication du président LR : « M. Estrosi fait croire qu’il a obtenu une rallonge de 120 M€. Il s’agit en réalité des financements attendus des autres collectivités, notamment les Conseils Départementaux, réélus en mars 2015 », explique-t-elle. Le communiste, Jean-Marc Coppola, s’inquiète également de la part grandissante allouée aux routes au détriment du rail dans une région où la pollution atteint des pics dangereux à cause des embouteillages.
Port : redistribution des budgets à Mourepiane
Largement revu à la baisse par le GPMM, le projet de terminal combiné de Mourepiane voit les aides de la Région et de l’Etat amputées de plus de 5 millions dans le nouveau CPER. Cet argent est donc réaffecté ailleurs. Une nouvelle desserte routière de la porte 4 est programmée avec un soutien de 2,5 millions de la Région. Cette entrée dessert notamment le terminal de croisières mais est également empruntée par les poids-lourds au niveau du cap Janet. Le projet de réorganisation du pôle Corse et de transfert du pôle Maghreb est par contre lui délesté des 950 K€ que devait lui octroyer la Région.
Enseignement supérieur : 25,5 millions de rallonge
Les écoles et universités régionales bénéficient de 9,5 millions supplémentaires de la Région et surtout de 16 millions de l’Etat. Ce dernier est le principal financeur pour le rectorat d’Aix-Marseille avec 11 millions d’euros soit 85 % des fonds additionnels. L’institut méditerranéen des villes et des territoires qui va voir le jour sur la Zac Saint-Charles va recevoir 8 millions de plus pour assurer sa réalisation. Il regroupera l’école nationale d’architecture de Marseille, l’institut d’urbanisme et d’aménagement régional et l’école national supérieure de paysage sur un seul et même site en 2020. L’État augmente également sa participation de 4 millions pour le déménagement de l’école nationale supérieure de la photographie d’Arles.