“Quoi ?! Tu n’as pas encore téléchargé Vero ?” Cette phrase a dû être répétée plusieurs dizaines de milliers de fois dans les agences de communication de France et de Navarre ces derniers jours. Alors, pour ceux qui ne sont toujours pas au courant de ce qu’est Vero, ne vous en faites pas, cet article est pour vous. Petite séance de rattrapage avec Com&Médias Sud.
Petit poucet face aux géants
Dans la jungle des réseaux sociaux, archi-dominée par quelques sociétés : Facebook (qui possède Facebook et Instagram), Twitter, Linkedin (détenu par Microsoft), Snapchat, Vero a fait le pari de se lancer dans cet univers impitoyable. Mais Vero n’est pas né en quelques jours, ce réseau social a été lancé en 2015 par le milliardaire libanais Ayman Hariri (fils de l’ancien Premier ministre du pays). Mais sa notoriété a véritablement explosé il y a seulement quelques semaines. Nous pouvons parler de coup de com’ réussi.
Car l’emballement autour de ce réseau social est principalement lié à son modèle économique. Vero est gratuit pour le premier million d’utilisateurs, le reste des usagers devra souscrire à un abonnement (dont on ne connaît pas encore le prix).
Après une campagne de communication menée par des influenceurs, Vero a vu son nombre d’utilisateurs augmenter de façon exponentielle. Pourquoi un tel succès ? Parce que tout le monde se dit “Si ce réseau social décolle vraiment, il faut que je fasse parmi du premier million d’usagers pour qui il restera gratuit”. Le téléchargement massif de Vero depuis quelques jours est davantage lié à une volonté de “ne pas rater le coche” plutôt qu’à une réelle appétence pour les fonctionnalités du réseau social.
Pas de grande nouveauté
Car il faut bien l’avouer, Vero ne fait que reprendre des fonctionnalités existant sur d’autres réseaux sociaux bien plus populaires (Twitter, Facebook et Instagram). Il n’y a pas de véritable innovation technologique qui lui permettrait de conquérir un public bien ciblé comme a pu le faire Snapchat il y a quelques années, surprenant les réseaux sociaux déjà établis. Vero prétend toutefois être particulièrement orienté vers l’univers de la culture, mais cela est loin de constituer une révolution en soi.
A ce stade de l’article, vous devez vous demander qu’apporte donc Vero ? Quel est le plus de ce réseau social ? Outre un design bien léché, et la prédominance de tons sombres peu usités par les réseaux sociaux, c’est son positionnement. En effet, Vero prétend ne pas exploiter les données personnelles de ses utilisateurs et ne pas fonctionner sur les publicités. Ainsi, le fil d’actualité serait chronologique, et non organisé selon les “préférences”. L’algorithme du réseau social n’interviendrait donc pas dans le tri du contenu. Mais cette transparence revendiquée par Vero est déjà contestée par ses contradicteurs.
Premières ombres au merveilleux tableau
Après le buzz soudain de ce réseau social, très vite ont surgi les premières polémiques. La transparence ne serait pas totale, puisqu’en lisant attentivement les conditions générales d’utilisation de Vero, on ne constate que très peu de différences avec celles des autres sociaux. Nous remarquons par exemple que les données personnelles des utilisateurs peuvent être utilisées à des fins publicitaires. Ah bon?
Un hashtag est même né sur Twitter : #DeleteVero. Utilisé par les opposants à ce nouveau réseau social, la plupart des Twittos mettent en avant des polémiques liées à son fondateur. Ils pointent du doigt le comportement du milliardaire libanais à l’égard des salariés de l’entreprise de BTP qu’il a longtemps dirigée: Saudi Oger.
Mais au-delà des querelles, maintenant que le premier million d’utilisateurs est dépassé, comment Vero va-t-il faire pour attirer de nouveaux usagers, peu enclins à payer pour un service gratuit ailleurs ? Car ce qui est capital pour tout réseau social, c’est l’effet de réseau : on ne le rejoint que si on a des amis qui l’utilisent déjà. Et plus le nombre d’amis usagers est élevé, plus on est incité à le rejoindre. Alors, avec ce mécanisme de viralité, Vero et ses 3 millions d’usagers fai encore pâle figure face à Facebook qui compte ses utilisateurs en milliards.
Par Bertrand Connin