Bien connue dans la lutte contre le cancer, l’immunothérapie pourrait bien jouer un rôle crucial pour sauver les patients Covid-19. Marseille Immunopole a lancé une grande étude « Explore Covid-19 » pour étudier les effets d’un traitement immunologique sur les fameuses tempêtes inflammatoires qui touchent 15 % des personnes contaminées. Elle est menée sur 72 patients par les hôpitaux de la Timone, Nord et de Laveran et la société de biotechnologie marseillaise Innate Pharma. Un mois après le début des travaux, ils livrent des premiers résultats encourageants et lancent un essai clinique autour d’une nouvelle molécule prometteuse Avdoralimab.
Une première explication sur la réponse immunitaire au Covid-19
En analysant la réponse immunitaire des patients à différents stades de la maladie, les chercheurs ont pu préciser une partie de la dynamique immunitaire à l’œuvre dans le Covid-19. Ils ont ainsi confirmé que la baisse du taux de globules blancs augmentait avec la sévérité de la maladie et identifié des freins immunitaires induits par le SARS-CoV-2. « Dans les formes sévères, on observe ainsi une augmentation de l’expression des récepteurs inhibiteurs PD-1 et NKG2A à la surface des cellules T et NK tandis que ces dernières sur-expriment le récepteur CD39. Ces dernières données soutiennent le rationnel des essais cliniques en cours et potentiels avec les inhibiteurs de ces points de contrôle immunitaires aux premiers stades de Covid-19 », explique l’étude.
Enfin, dans le sang des patients atteint d’une forme sévère de Covid-19, les chercheurs ont rapporté que le niveau de C5a, un peptide hautement inflammatoire, augmentait avec la gravité de la maladie. Ils ont alors montré que les cellules myéloïdes présentes dans les alvéoles pulmonaires de ces mêmes patients sur-exprimaient, C5aR1, le récepteur de C5a. « Ceci est conforme au rôle clé bien connu de la voie C5a/C5aR dans la surproduction de cytokines pro-inflammatoires telles que l’IL-6, TNFα notamment, la tempête de cytokines, signalée dans plusieurs infections virales (SARS-Cov-1, H1N1, H5N1…) mais aussi, comme l’ont montré les chercheurs, dans le COVID-19 », précise l’équipe.
Avdoralimab, un anticorps prometteur d’Innate Pharma
Sur la base de ces résultats, Innate Pharma a annoncé le 28 avril dernier le début d’un essai clinique de phase II randomisé en double aveugle, baptisé « Force1 », pour évaluer l’efficacité de son anticorps anti-C5aR, l’avdoralimab, chez des patients atteints de pneumonie sévère due au Covid-19. L’essai devrait recruter un total de 108 patients (de 18 à 80 ans) réparti en deux cohortes : une cohorte de patients atteints d’un Covid-19 avec une pneumonie sévère sans syndrome de détresse respiratoire aiguë et une cohorte de patients atteints d’un Covid-19 avec une pneumonie sévère et admis en soins intensifs.
« Cette étude démontre une nouvelle fois que lors des infections virales les mécanismes immunitaires qui permettent à l’organisme de mettre naturellement un terme à la phase inflammatoire peuvent s’emballer et devenir délétères » commente Eric Vivier, professeur à l’AP-HM et directeur scientifique d’Innate Pharma dans le communiqué. « Nous avons observé de fortes concentrations sanguines de la protéine C5a et une surexpression de son récepteur à la surface des cellules myéloïdes, un mécanisme dont on sait qu’il contribue à l’hyper-inflammation des poumons. Ainsi, une fois activé par des protéines du SARS-CoV-2, le duo C5a/C5aR entraine l’attraction et l’activation de polynucléaires neutrophiles et de macrophages, contribuant à la tempête cytokinique à l’œuvre dans les pneumonies liées au COVID-19. C’est ce mécanisme nocif que nous tentons aujourd’hui de bloquer à l’aide de l’anticorps anti-C5aR », conclut-il.
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