Le président du conseil de surveillance d’HighCo, Richard Caillat (à droite sur la photo), compagnon de route de Frédéric Chevalier depuis plus de 25 ans au sein du groupe HighCo s’est confié à Gomet’ mardi 25 juillet après le décès de Frédéric Chevalier, son ami et associé depuis 1991. Très affecté et ému, Richard Caillat a souhaité dire quelques mots malgré la pudeur qui le caractérise. « Avec Didier (Didier Chabassieu, l’autre associé historique, à gauche sur la photo, NDLR) nous sommes des gens très pudiques et très discrets; encore plus quand on est touché comme cela dans notre intimité. Et donc on a rien à étaler. Je ne suis pas sur les réseaux sociaux. Fred n’y était pas non plus. Les gens ont publié leurs photos, leurs anecdotes. Ca leur appartient. Moi, mon histoire avec Frederic, c’est ma vie. C’est la sienne. » D’autant que le patron charismatique de thecamp disparu accidentellement vendredi 21 juillet « détestait le voyeurisme, se protégeait beaucoup tant il était sollicité. Je sais que dans une situation inverse il n’aurait pas parlé. Mais je ne voudrais pas laisser croire que je ne lui ai pas rendu hommage. »
« Fred a toujours été un visionnaire »
Tout débute il y a plus de 25 ans. « C’est toute une vie avec Didier… Nous avons vécu tellement de choses ensemble. C’est extrêmement difficile de se retourner. D’autant qu’avec Frédéric ce n’était pas notre marque de fabrique de nous retourner… Nous allions de l’avant, toujours tournés vers l’avenir. Fred c’était un visionnaire. Ça l’a toujours été. La première fois que je l’ai vu, il était déjà dans le fait de raconter le monde de demain. C’était un 1er mai, il venait de créer HighCo depuis quelques mois et au bout d’une heure on s’est tapé dans la main. Et cela a duré jusqu’à aujourd’hui. » La vision de Frédéric à l’époque est à la fois professionnelle mais aussi « sociétale ». « Il était passionné par la projection, marqué par l’ambition, le souffle » observe Richard Caillat. « Justement la dernière que l’on s’est vu, on se disait que l’on ne se retournait pas assez, et que l’on ne se rendait pas compte de tout le chemin que nous avions parcouru. Et que sans doute il fallait lu accorder un peu plus de temps et d’importance pour profiter et savourer. Voilà mais en fait on ne l’aura jamais fait… » C’était il y a quelques semaines à peine.
Richard Caillat actuel président du conseil de surveillance d’HighCo nous raconte ensuite l’audace de Frédéric. « Dès le départ il voulait casser les codes et cela n’a jamais cessé. » Un esprit visionnaire associé à une ambition hors normes. « Tout notre parcours a été jalonné de défis, de challenges. » De la construction même d’HighCo, en rupture avec les modèles traditionnels de la communication jusqu’à l’introduction en Bourse, tout en passant par la dimension humaine incarnée dans un mode de management très novateur. « Nous avons associé les salariés, nous avons crée un lieu pour que l’on se sente bien au travail,que l’on puisse y vivre, bien avant que cela devienne à la mode. »
Dépasser ses limites
Déjà à HighCo, Frédéric Chevalier attire les talents par sa détermination exceptionnelle. Ils sont tous étaient marqués par son énergie, son ambition. « Il vient du sport de haut niveau. A 14 ans, il était champion de France de kart. Puis, il a été en équipe de France de planche à voile. Il était inspiré par la performance, la vitesse, le fait de dépasser ses limites. Il avait un mental hors normes. Nous étions toujours dans l’amélioration, dans la performance et dans la conquête. La vie entrepreneuriale avec lui était guidée pour penser les nouveaux modèles. »
Homme indépendant, parfois secret, sans compromis, Frédéric Chevalier « lisait beaucoup. Il s’intéressait à tout ce qui se passait ailleurs. Il voyageait aussi. (…) Après HighCo, il a beaucoup cherché d’autres projets, d’autres émotions. Il s’est engagé pour le territoire (Top 20), dans le domaine artistique avec Mécènes du Sud, dans les médias, dans des cercles de réflexion. » A partir du milieu des années 2010, il mûrit aussi son grand rêve. « Dès le départ, il voulait casser les codes. Fred était quelqu’un qui transcendait la réalité. (…) Il était convaincu que la société était en train de muter beaucoup plus profondément que tout le monde le réalise par les technologies. Un jour il vient dans mon bureau. Et voila, il me parle d’un campus digital. On siégeait ensemble au conseil de Kedge et on parlait déjà beaucoup de transmission, de pédagogie, de structure. » De même chez HighCo. « Quand nous avions bâti le nouveau siège à La Duranne, il nous disait qu’il faudrait aussi que l’on crée un campus où l’on hébergerait les jeunes créateurs d’entreprises, chercheurs, les clients.. » Avec le fonds Booster créé dans le sillage d’HighCo, les associés prennent aussi goût à l’engagement et au soutien dans des projets de startup (Rue du Commerce, Digitick, EasyVoyages, …)
thecamp : « Il était parti dans son rêve »
« Je ne voyais pas trop comment il allait s’y prendre puis Il est venu, avec les plans de Corinne Vezzoni. Il était parti dans son rêve, dans un projet complètement précurseur, visionnaire et décalé. Fred ce n’est pas quelqu’un qui copie. Il n’est pas basé sur un modèle existant. Quand on a crée HighCo c’était pareil. Fred, c’est un inventeur. » La transmission, c’est aussi en direction de sa famille, de ses enfants. « Les valeurs, ce qu’il doit leur laisser, leur donner comme énergie et encouragement. Il ne voulait pas que ses enfants soient des “fils de riche”, il ne voulait pas que ses enfants soient des assistés. Il voulait qu’ils soient des acteurs de leur destin. Il avait très peur de les pourrir ou de trop les protéger. Il a énormément réfléchi à ces sujets. » Les lectures, les multiples rencontres, un entourage éclectique, les conversations à l’infini pour « refaire le monde » n’ont pas laisser le temps ou l’envie à Frédéric Chevalier d’écrire. Comment partager toutes ses idées, sa vision ? « On verra plus tard, avec sa femme, son frère. Il y a tellement de gens qui disent merci. »
Deux morts dans l’accident
> L’adolescente à scooter, victime de la collision avec la moto de Frédéric Chevalier, est décédée des suites de ses blessures. Depuis vendredi, son pronostic vital était engagé. Une enquête est en cours pour éclaircir les circonstances de l’accident.
> Les obsèques de Frédéric Chevalier se déroulent aujourd’hui à 14h30 Aix-en-Provence, à la cathédrale Saint-Sauveur.