En redressement judiciaire depuis plus de deux mois, la société marseillaise Scala informatique a finalement été liquidée à la barre du tribunal de commerce le 27 mai dernier. L’information révélée par le site Channelnews.fr a surpris bon nombre d’observateurs du secteur. Au premier rang desquels les candidats à la reprise qui ont vu leur offre simplement refusée par les magistrats.
L’offre de Perfeo rejetée par le tribunal
« On avait déposé une belle offre pour reprendre la partie régie et digital. Les salariés eux-mêmes soutenaient notre proposition. On a été très surpris de ce refus », confie à Gomet’, Sabrina Aouizerate, dirigeante de l’agence de communication Nextia qui vient de fusionner avec le groupe Perfeo. Ce dernier proposait de reprendre une trentaine de salariés sur la centaine employée par Scala. Mais le tribunal ne l’a pas jugé assez solide financièrement. Une deuxième offre émanante de la Compagnie financière immobilière et commerciale a également été rejetée. Au final, ce sont plus de 110 salariés, dont une dizaine rattachée à une filiale tunisienne, qui se retrouvent licenciés. Pour comprendre les raisons de cet échec, il faut remonter quelques années auparavant.
Chronique d’une fusion ratée
Scala est une société de services informatique spécialisée dans la digitalisation des entreprises. Fondée en 2002 par Benoit Mauran et Robert Bravo, elle a rapidement grossi et séduit de très grands comptes comme CMA-CGM, la Caisse d’épargne Cepac, Orange ou encore Naval Group. En 2016, l’entreprise est rachetée par le groupe Quanteam, spécialisé dans la finance. Le nouveau propriétaire trouve alors un accord avec les fondateurs et leur laisse une part de 20% en les conservant à la direction de Scala. Cependant, le rapprochement est chaotique avec des relations compliquées entre les repreneurs et l’entreprise marseillaise.
Après deux années d’exercice, Scala accumule les pertes, environ 2 millions et Quanteam annonce dès 2018 son intention de revendre sa filiale. Plusieurs offres se présentent mais elle sont toutes rejetées par l’actionnaire majoritaire. Finalement, ce sont les deux fondateurs, Benoit Mauran et Robert Bravo, qui font une offre en fin d’année 2019 avec l’appui du fonds d’investissement Isatis. Un accord aurait été trouvé en janvier 2020 entre les deux parties selon l’article de Channelnews.fr mais au dernier moment Quanteam fait machine arrière et rompt les négociations en février. Un mois plus tard, le Covid-19 fait son apparition et Quanteam demande le redressement judiciaire de l’entreprise le 1er avril. Début mai, l’administrateur judiciaire demande la liquidation de l’entreprise qui affiche un passif de plus de 5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros. Fin de l’aventure pour les salariés et les deux fondateurs de Scala.