Pourquoi ce choix de s’implanter à Marseille ?
L.B. : Simplon s’est rendu compte il y a un an qu’il y avait un trou énorme dans la région Provence Alpes Côte d’Azur en termes de formation pour les métiers du numérique. Pour une fois, l’équipe a eu envie non pas de créer une franchise et de s’associer avec une école, comme ça avait été fait dans le passé avec Centrale Marseille, mais de développer sa propre structure. On est vraiment parti de zéro sur ce territoire lorsque l’on est arrivé. Depuis, en plus de la fabrique en propre à Marseille, il y en a une à Cannes et des franchisés à Nice, La Ciotat et Avignon. En tout, une douzaine de formations sont prévues d’ouvrir en 2019 sur la région, dont cinq à Marseille.
Les besoins de main d’œuvre dans le numérique sont si importants que ça ?
L.B. : Oui, ils sont très forts. On compte 40 000 à 50 000 postes à pourvoir en France dans le numérique. Idéalement, les boîtes veulent des profils avec cinq ans d’expérience pour moins de 35 000€ de salaire annuel. Mais elles doivent être réalistes au bout d’un moment !
La recherche porte beaucoup sur des développeurs web, et notamment ceux formés au langage de programmation « Java », utilisé généralement dans de grosses structures. Le problème des formations courtes actuelles, sans vouloir critiquer personne, est qu’elles ne forment à aucun langage ou alors à un langage que les entreprises ne recherchent pas forcément. C’est pourquoi on a analysé les besoins et proposé une formation de développeur web Java.
Pourtant, les métiers du numérique font beaucoup parler d’eux. Comment expliquer le fait que la main d’œuvre manque autant ?
L.B. : Car on ne forme pas assez de monde. Et tous les profils que l’on forme ne vont pas forcément travailler dans les entreprises : beaucoup se mettent en freelance. D’autres partent à l’étranger aussi ou changent carrément de voie. Dans le cursus général (ndlr : universités et grandes écoles), il n’y a pas non plus beaucoup de codeurs qui sortent chaque année. Mais de plus en plus de formations comme les nôtres ouvrent et devraient combler les besoins. C’est pourquoi on développe nos référentiels aujourd’hui pour proposer d’autres formations que développeur web : technicien supérieur système et réseau, développeur data et référent digital à partir du printemps 2019, et on espère ouvrir prochainement une formation sur l’intelligence artificielle avec Microsoft, comme cela a été le cas dernièrement à Paris et Lyon.
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Les profils que vous recrutez pour intégrer vos formations sont éloignés de l’emploi (jeunes peu ou pas diplômés, aux demandeurs d’emploi de longue durée, aux allocataires du RSA, aux personnes en situation de handicap ou encore aux réfugiés, statutaires). Cela signifie que les métiers du numérique sont facile d’accès ?
L.B. : Exactement. À la fin de la formation, les apprenants peuvent passer un titre professionnel. S’ils le réussissent, ils ont l’équivalent bac+2 ce qui leur permet d’enchaîner sur des études supérieures ou d’aller travailler. On forme des « ouvriers » du code, au sens noble du terme. Il y a toujours besoin d’ingénieurs, mais les ingénieurs n’ont ni l’envie ni le temps de mettre les mains dans le code. Les personnes que l’on forme sont très motivées, elles ne lâchent rien. Aucune ne quitte la formation en cours de route car on leur offre une chance, pour certains la première depuis très longtemps. On leur apprend un métier mais aussi les codes de l’entreprise. Notre taux de sortie positive (études, emploi ou entrepreneuriat) est de 75% à 80% six mois après leur passage.
On sait que les métiers du numérique sont majoritairement pourvu par des hommes. C’est pour cela que vous avez créé une formation 100% réservée aux femmes ?
L.B. : C’est un test. Quand on recrute pour nos formations de développeur web, on reçoit en moyenne 70 profils : 55 gars et 15 femmes. Quand on parle à ces dernières, on se rend compte qu’elles ne se sentent pas légitimes. Elles se disent que ça ne sert à rien qu’elles viennent car les hommes apprendront plus vite et deviendront plus forts. Donc on a voulu lancer une formation avec que des femmes d’univers très variés, généralement en reconversion. La durée est plus longue car on se concentre, les premiers temps, à leur donner les bases générales du numérique. Au bout de trois mois environ, elles enchaînent sur la formation de développeuse web. Pour autant, on va quand même les mélanger régulièrement avec l’autre promotion qui est mixte.
Les formations Simplon de Marseille et Nice ont été labelisées Grande École du Numérique par l’État pour 2019 et 2020. Qu’est-ce que ce label change ?
L.B. : Ça nous a mis le pied à l’étrier. Avec ce label, les formations sont financées à 80% par l’État. On a donc « plus qu’à » trouver les 20% restants, ce qui rend les montages plus simples (ndlr : Simplon se charge de trouver des financements pour que la formation soit gratuite pour les apprenants). Et la reconnaissance aussi car c’est une certification reconnue.
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