« Le port de Marseille est à la croisée des chemins : entre croissance économique et excellence environnementale… Nous ne sommes pas obligé de choisir. Il existe des solutions technologiques et des super entrepreneurs près de chez nous pour les trouver », assure Christine Cabau-Woehrel, la présidente du Grand port maritime de Marseille-Fos. Avec le Smartport challenge, elle joint le geste à la parole et fait le pari des start-up pour réinventer le monde portuaire. Quatre mois après le lancement de ce grand concours, les partenaires de l’initiative ont dévoilé les noms des sept entreprises retenues.
Les sept start-up retenues
1. EDF a choisi Capsim, un bureau d’études aixois spécialisé dans les réseaux électriques et l’électrotechnique, pour développer une solution permettant d’utiliser les énergies renouvelables pour le raccordement à quai des navires. « On va d’abord modéliser le réseau du GPMM pour évaluer l’impact du prix du Kwh pour les utilisateurs du port », explique Raymond Pauly, le directeur général de Capsim. La PME dispose d’une solide expérience dans le domaine des réseaux électriques de navires avec notamment une mission pour le Queen Mary II.
2. La Méridionale a retenu Nauvelis, une start-up aixoise spécialisée dans les objets connectés, qui a été retenue. Elle va travailler avec la compagnie maritime pour créer une application capable d’informer en temps réel les transporteurs de l’emplacement exact des remorques pour qu’ils chargent plus rapidement. « On pourra ainsi réduire leur empreinte carbone. C’est cet aspect environnemental qui nous a séduit », indique David Jury, le président de Nauvelis.
3. Le GPMM a sélectionné Searoutes et son service de suivi et de planification des routes pour les navires marchands, sorte de Google maps pour la marine. Avec le port, elle veut créer une application pour calculer les trajets les moins polluants pour les transporteurs maritimes. « On pourra ainsi choisir quel port desservir pour réduire ses émissions de gaz. C’est un enjeu important pour Marseille qui peut parfois être un meilleur choix que ses concurrents du Nord sur le plan environnemental », avance Pierre Garreau, le fondateur de Searoutes. Et d’ajouter que « le shipping représente 17 % de l’empreinte carbone mondial. Notre objectif est de réduire ce chiffre au minimum ». Originaire de Hambourg, Searoutes vient de s’installer chez Zebox, l’accélérateur de la CMA CGM.
4. La CMA CGM a élu Navalgo, une entreprise de recherche et développement basée au Royaume-Uni et en région parisienne. Elle travaille beaucoup sur l’intelligence artificielle dans le domaine de la logistique et va accompagner la CMA CGM pour développer de nouveaux algorithmes afin d’optimiser les opérations portuaires.
5. Interxion a missionné Green Cityzen pour développer des capteurs à bas coût pour ses batteries. La start-up marseillaise propose une solution à base de capteurs intelligents pour fournir des prédictions en temps réel du comportement et de la consommation des batteries. Interxion reçoit les données de l’internet du monde entier avant de les transmettre vers l’Europe. « Nous avons besoin d’une alimentation constante sans rupture de charges. En cas de soucis, des générateurs prennent le relais du réseau mais il existe un temps de latence entre les deux qui est pris en charge par des batteries », explique Linda Lescuyer, la directrice des projets énergie chez Interxion.
6. Les Terrasses du Port cherchent pour leur part à mieux informer les croisiéristes et les passagers des ferries des services disponibles autour du port « comme l’offre de transports et les évènements culturels », précise Marie Canton, la directrice du centre commercial. Pour y parvenir, elle fait confiance à l’entreprise chilienne Mktxdatos, spécialiste dans l’optimisation marketing des commerces grâce à l’exploitation de la donnée. Elle va développer une application pour le public regroupant un maximum d’informations afin de guider les usagers à leur arrivée. Mktxdatos sera l’une des premières entreprises à intégrer le nouvel accélérateur M de la Métropole au Castel.
7. Enfin, le spécialiste de l’armement sous-marin Naval Group a choisi le toulonnais Egérie pour cartographier l’ensemble des éléments techniques digitaux (systèmes de contrôle d’accès, grutage, réseau électrique…) d’un port. « Une première étape pour assurer la cybersécurité de nos terminaux », avance Emilie Cazatto, business développer pour Naval Group.
Les prototypes présentés en juin au Smart port Day
Au total, les équipes du smartport challenge ont reçu 41 candidatures. Les représentants de chaque donneurs d’ordre ont fait une première sélection de 18 dossiers. Parmi les startups qui n’ont pas été retenues, on retrouve des pépites locales comme Bovlabs, installé à thecamp, Nomosense (Gardanne), ou encore Doolta mais force est de constater que le jury a fait la part belle aux start-up du crû car beaucoup des recalés sont basés ailleurs. Les binômes, grands groupes et start-up, sont maintenant formés. Ils vont devoir travailler d’arrache-pied pour donner naissance à un prototype fonctionnel d’ici quatre mois. Pour les aider, thecamp offre son expertise projet inspiré des méthodes utilisés par les designers et les créatifs.
Une première session sur le campus aixois s’est d’ores et déjà déroulée les 4 et 5 février. La prochaine aura lieu le 4 avril et la dernière le 14 mai. Le fruit de leur collaboration sera officiellement présenté à l’occasion Smart port Day qui se tiendra début juin à Marseille. Au final, les sept lauréats recevront chacun une prime de 15 000 euros financés par l’ensemble des partenaires.
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