Le grand port de Marseille-Fos se doit d’innover si il veut s’imposer face à ses concurrents mondiaux. Logistique, numérique, énergie… les défis sont nombreux à relever mais il ne compte pas y parvenir seul. Il lancait mercredi 10 octobre 2018 un grand concours, le Smartport Challenge, ouvert aux entreprises innovantes pour dénicher les meilleures solutions. Il se décompose en sept défis soutenus chacun par un grand groupe.
Sept groupes parrains pour sept défis
1. La CMA CGM cherche par exemple de nouveaux outils numériques pour optimiser les opérations portuaires. « Avec la croissance du trafic maritime, beaucoup de terminaux sont saturés. On doit aller plus vite sur l’échange des informations quand il y a un problème comme une grue en panne ou le retard d’un navire pour réagir en conséquence », explique Rajesh Krishnamurthy, le directeur central IT et transformations de la CMA CGM. Il souhaite donc développer un algorithme pour planifier toutes les opérations nécessaires à la sortie d’un conteneurs et mettre en place un process d’échanges des données entre les autorités portuaires, le terminal et le transporteur.
2. Naval Group, le géant français de la défense, souhaite développer un outil de cybersécurité modulaire pouvant s’adapter à tous les terminaux. Pour ce faire, il propose de cartographier l’ensemble des éléments techniques numériques portuaires (systèmes de contrôle d’accès, grutage, réseau électrique…). A noter, Naval Group exige des candidats qu’ils possèdent la qualification PASSI (Prestataire d’audit de la sécurité des systèmes d’information).
3. EDF s’attaque pour sa part au branchement électrique à quai des navires. Déjà expérimenté par la Méridionale et Corsica Linea, l’énergéticien souhaite aller plus loin en s’appuyant sur les énergies renouvelables. « On doit piloter l’ensemble des énergies renouvelables du port et trouver de nouvelles solutions de stockage pour répondre aux besoins des navires », déclare Pascal Perez, le directeur du développement territorial chez EDF. « Et ce qui marche pour un bateau peut très bien s’adapter à un avion ou usine », ajoute-t-il pour faire un peu rêver les candidats.
4. Interxion, qui dispose de deux et bientôt trois data center sur le port, s’intéresse aux batteries. Il veut développer un capteur « low cost » pour mesurer la capacité de ses batteries qui alimentent les serveurs en cas de coupure du réseau, le temps de la prise de relais par les groupes électrogènes. Cet outil permettra à terme de limiter le changement des batteries au strict nécessaire.
5. La Méridionale a choisi la problématique de l’information des transporteurs sur la position des remorques à quai. La compagnie a développé un procédé d’identification des remorques par un tag RFID sur les remorques. « On cherche une solution qui permettent de communiquer entre le tag et le système du transporteur. Cela permettra au chauffeur de géolocaliser la remorque et d’éviter de tourner pendant 15 minutes sur les quais », indique Eric Brioist, directeur de la manutention à la Méridionale. Cette innovation s’inscrit également dans une démarche de développement durable car « cela économiserait environ 25 heures par jour de roulage sur le port », ajoute Eric Brioist.
6. Hammerson a également souhaité proposé un défi pour mieux informer les passagers du port. « Aujourd’hui, il y a un réel déficit d’informations pour les passagers des ferries et des croisières. Il faut mieux les orienter et communiquer sur l’offre d’activités disponibles alentour », avoue Marie Canton, la directrice des Terrasses du port. Elle souhaite donc mettre en place un système de panneaux d’indications, d’objets connectés ou encore d’application smartphone à destination des passagers.
7. Enfin, le dernier challenge est proposé par le Grand port maritime lui-même. Il vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport de fret. Pour y parvenir, il veut créer un « éco-calculateur » pour quantifier les émissions selon les trajets d’un conteneur. Cet outil serait proposer aux clients du port (armateurs, transporteurs, transitaires…) afin qu’ils puissent comparer les solutions de transport les moins polluantes.
Trois mois pour obtenir un prototype
Les candidatures sont d’ores et déjà ouvertes et les entreprises ont jusqu’au 30 novembre pour déposer un dossier. Le port dévoilera les projets retenus le 25 janvier prochain. Chaque lauréat recevra un prix de 15 000 euros. Ils auront ensuite trois mois pour travailler sur leur innovation avec l’aide de l’entreprise partenaire et de thecamp qui se propose d’accompagner la démarche sur la sélection comme sur le soutien des start-up. Au total, le smartport challenge devrait coûter environ 400 000 euros. La Région, la Métropole, l’État, Aix-Marseille Université, la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence et toutes les entreprises qui proposent un projet participent au financement. Les solutions seront présentées en mai 2019 à l’occasion du Smart Port Day 2019. « Et si c’est un succès, nous en organiserons un chaque année », annonce Frédéric Dagnet, directeur de directeur de la mission prospective et évaluation au port.
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