La dernière étape de la concertation publique sur la « priorité 1 » du projet ferroviaire qui va relier Marseille à Nice aura lieu du 3 octobre au 30 décembre. Elle concerne les options de tracés et de gares aux deux extrémités de la ligne : du Nord de Marseille à Aubagne, et sur la Côte d’Azur entre Cannes-Grasse et Nice. Au programme: enterrement de la gare Saint Charles et tracé des portions de ligne sous tunnel.
La locomotive est lancée… après l’abandon du projet de Ligne à Grande Vitesse qui aurait dû voir le jour en 2023, voici la « Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur ». Le projet consiste à construire une nouvelle ligne ferroviaire entre Marseille et Nice, puis jusqu’à l’Italie, pour sécuriser et doper le trafic en pleine expansion dans une région densément peuplée et extrêmement touristique.
Priorité aux déplacements quotidiens
Cette fois-ci, la priorité n’est pas de mettre Nice à 4 heures de Paris. Mais plutôt de répondre aux besoins des déplacements du quotidien, étapes par étapes. A terme, la future ligne rapprochera les grandes agglomérations du littoral (Aix-Marseille, Toulon, Nice…) et permettra de donner une ouverture internationale à la région Paca grâce à ses liaisons vers l’Italie. Elle permettra aussi d’augmenter la fréquence des TER sur un réseau saturé, datant de 1860, et perturbé par de nombreux incidents.
Pour l’heure, la concertation, qui a déjà commencé auprès des élus, s’ouvre au public afin de recueillir les avis sur le tracé des lignes et la position des gares de la « priorité 1 ». Ainsi, pour la gare Saint-Charles dont une partie sera enterrée, plusieurs options sont envisageables : la gare pourrait être ouverte sur tous les quartiers alentour ou plutôt vers le centre-ville. Il faudra aussi trancher entre différents trajets au Nord de Marseille et dans le secteur de la Vallée de l’Huveaune, où certains tronçons seront creusés en tunnels.
Début des travaux en 2022 pour un coût de 13 milliards d’euros
A l’issue de cette concertation, un dossier sera remis au gouvernement pour une décision au premier semestre 2017. L’objectif du maître d’ouvrage, SNCF Réseau (ex Réseau Ferré de France), est d’obtenir une déclaration d’utilité publique fin 2019… à la suite de laquelle les appels d’offres pourront être lancés afin de pouvoir engager les premiers travaux en 2022.
Les usagers des TER jugeront sans doute que le projet n’avance pas à très grande vitesse, mais compte tenu des recours et contestations possibles, et de l’ampleur des travaux, « chi va piano va sano… ». « La priorité 1 (NDLR : désaturation des nœuds ferroviaires marseillais et azuréen) est chiffrée à 7 milliards d’euros. Quant à la priorité 2 (NDLR : construction de voies entre Aubagne-Toulon et Le Muy-Cannes), son coût est évalué à près de 6 milliards d’euros », indique Jean-Michel Cherrier, directeur territorial adjoint de SNCF Réseau. Auxquels s’ajoute le coût des études, de 76 millions d’euros, pour lesquelles le président de la Région Paca Christian Estrosi a annoncé deux participations financières lors d’une présentation à la presse : l’une de 5 millions d’euros de la part de la Région, l’autre de 5,7 millions d’euros en provenance de l’Europe. « C’est la première fois que l’Europe est présente dans ce dossier, et c’est important pour l’avenir », a-t-il déclaré .
Une écotaxe pour financer le foncier et l’intégration dans l’environnement
Sans oublier de mettre la pression sur le gouvernement et sur la SNCF, dont il critique régulièrement les retards et « le manque d’anticipation », notamment à la rentrée 2016 lors de la suppression de plusieurs TER faute de conducteurs. « Si nous tenons le calendrier, ce sera la première garantie qu’on ne promet pas tout et qu’on ne fait rien, comme ce fut le cas il y a quinze ans. L’enjeu est que le gouvernement, d’aujourd’hui ou de demain, respecte sa parole, que les collectivités tiennent bon et que SNCF Réseau nous apporte sa bonne foi, pour une fois », a asséné le président de la Région Paca.
Quant aux propriétaires fonciers qui devront être expropriés, Christian Estrosi a annoncé qu’il demanderait au gouvernement de les accompagner en mettant en place une écotaxe sur les lignes Italie-Piémont-Ligurie-Paca, « destinée à financer le foncier et le surcoût d’infrastructures lié aux exigences d’intégration dans l’environnement ».
REPERES
Les trois phases de la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur :
> Avant 2030 : priorité 1 : traitement des nœuds ferroviaires marseillais et azuréen.
> Avant 2050 : Priorité 2 : réalisation d’une nouvelle infrastructure entre Aubagne-Toulon et Est Var-Siagne
> Après 2050 : réalisation des sections Toulon-Est Var et Nice-Italie
En quoi vont consister les travaux ?
LA DÉSATURATION DU NOEUD FERROVIAIRE MARSEILLAIS
Le noeud ferroviaire marseillais est l’un des trois grands secteurs ferroviaires dont les contraintes pèsent sur la gestion des circulations sur tout le réseau métropolitain, régional et national. Pour résorber ce noeud, le projet prévoit de créer une nouvelle infrastructure traversant l’aire marseillaise, depuis le Nord de la ville jusqu’à la Vallée de l’Huveaune à l’Est.
Le projet prévoit notamment les réalisations suivantes :
> 2 nouvelles voies sur 24 km, dont environ 11 km en tunnel
> une gare nouvelle souterraine au niveau de Marseille Saint-CharlesLA DÉSATURATION DU NOEUD FERROVIAIRE AZURÉEN
Le noeud ferroviaire azuréen est un secteur qui subit de fortes contraintes pénalisant les services ferroviaires du quotidien. Pour résorber ce noeud, le projet prévoit de créer une nouvelle infrastructure qui constituera une boucle ferroviaire de la ligne Cannes – Grasse jusqu’à Nice.
Le projet prévoit notamment les réalisations suivantes :
> 2 nouvelles voies sur 24 km, dont environ 19 km en tunnel
> 2 gares nouvelles : Nice Aéroport et Ouest Alpes-MaritimesL’AMÉLIORATION DES CIRCULATIONS FERROVIAIRES DANS L’AIRE TOULONNAISE
Le projet prévoit de créer sur les communes de la Garde et de la Crau à proximité de l’A57 :
> une 4e voie à quai en gare de la Pauline
> un croisement de 2 lignes ferroviaires à la CrauSource: SNCF Réseau
Quels seront les bénéfices pour les usagers ?
LA LIGNE NOUVELLE PROVENCE CÔTE D’AZUR C’EST :
+ 50 % de voyageurs ferroviaires avec notamment :
+ 66 % de voyageurs TER
+ 37 % de voyageurs longue distance
25 000 voitures/jour en moins sur les routes par rapport à 2015 moins de trains bloqués en cas d’incidents : meilleure gestion du trafic avec 2 lignes interconnectées moins de pollution et de nuisances sonores.POUR LA MÉTROPOLE AIX-MARSEILLE :
plus de trains du quotidien:
– 2 fois plus de TER sur la métropole Aix Marseille Provence :
plus fréquents, plus fiables, plus rapides
– des liaisons directes nouvelles entre Vitrolles, Miramas et Aubagne, Toulon
– jusqu’à 8 TER/h entre Aix et Marseille, 8 TER/h entre Marseille et Aubagne, 4 TER/h entre Miramas
et Marseille
> plus de fréquentation des gares:
– 2 fois plus de voyageurs annuels qu’en 2015
> des gains de temps pour les voyageurs
– 20 minutes entre Marseille et Toulon
– 1 heure entre Marseille et NicePOUR NICE ET LA CÔTE D’AZUR :
> plus de trains du quotidien
– 10 TER/h entre Cannes et Nice
– 8 TER/h entre Antibes et Nice
– 2 TER/h entre Sophia Antipolis et Nice (création de la gare Ouest Alpes-Maritimes)
> une forte augmentation de la fréquentation des gares
> des gains de temps pour les voyageurs (Priorité 1 + Priorité 2)
– 1h entre Nice et Paris
– 1h40 entre Nice et Montpellier (avec le Contournement Ferroviaire de Nîmes et de Montpellier, actuellement en cours de travaux, mise en service avant 2019)Source: SNCF Réseau
Liens utiles
La nouvelle colère de Christian Estrosi contre la SNCF
Top départ de la concertation pour la ligne nouvelle Provence Côte d’Azur
Lien externe: Le projet Ligne nouvelle Provence-Côte d’Azur