Pendant le confinement, la Société du Canal de Provence a pu maintenir l’approvisionnement en eau du territoire mais l’ensemble de ses chantiers de raccordement ou d’extension de réseaux ont été stoppé. Aujourd’hui, l’entreprise retrouve un rythme presque normal. Son directeur général, Bruno Vergobbi, explique à Gomet’ comment il s’est adapté et quelles sont ses perspectives d’avenir.
Comment la Société du Canal de Provence s’est adaptée au confinement ?
Bruno Vergobbi : Très rapidement, nous avons enclenché notre plan de continuation d’activité pour protéger nos équipes. Pendant le confinement, 70% de nos salariés sont passés en télétravail et 10% d’entre eux ont été mis en congés et en chômage partiel quand cela n’était pas possible. Au final, seul 20% des effectifs de la société ont été maintenus sur le terrain pour assurer notre mission principale : sécuriser l’approvisionnement en eau de la Provence.
Ces conditions drastiques de fonctionnement ont-elles posé des problèmes particuliers ?
B.V : Globalement, nous avons réussi à maintenir l’approvisionnement malgré les effectifs réduits. Nous avons aussi multiplié les efforts envers les agriculteurs car c’est une époque cruciale pour eux. C’est la saison où ils préparent l’irrigation de leurs terres pour toute l’année. Nous devions donc être particulièrement à l’écoute et même à distance, on a réussi à leur offrir les conseil et les services habituels. Ce qui s’est véritablement arrêté, ce sont les chantiers car les entreprises de travaux nous ont rapidement indiqué qu’elles ne pouvaient plus poursuivre. Nos magasins se sont également transformés en drive et n’étaient ouverts que pour les agriculteurs.
Aujourd’hui, comment se passe le déconfinement pour la Société du Canal de Provence ?
B.V : Depuis le 11 mai, nos salariés retrouvent progressivement le chemin des bureaux mais on y va doucement. Seulement 40% de nos effectifs sont revenus sur site et on devrait atteindre 50% d’ici la fin du mois mais on va privilégier le télétravail tant que c’est possible. Comme tout le monde, on a adapté les sens de circulation, la restauration et les lieux de réunion. Avec la distanciation sociale, nous ne pouvons pas accueillir l’ensemble des 530 salariés en même temps.
Avez-vous pu reprendre les chantiers ?
B.V : Les premiers chantiers ont repris depuis le 20 avril avec nos entreprises partenaires. Dans les Bouches-du-Rhône, nous avons pu relancer des projets de raccordement sur plusieurs communes. Sur le Vaucluse, nous avons également repris l’extension des réseaux d’Apt et la construction de la station de pompage des Gardiols avec Eiffage. Enfin, dans le Var, nous avons aussi enclencher la desserte d’Aqualand. Aujourd’hui, 80% de nos chantiers ont repris et les 20% restants seront lancés au début du mois de juin. On a notamment programmé la station de pompage de la Bouilladisse, de Trapan, et l’extension du réseau de Saint-Mitre-les-Remparts.
Cette crise va-t-elle impacter vos résultats financiers ?
B.V : Nous avons la chance d’avoir un chiffre d’affaires dépendant à 85% de notre contrat d’opérateur en eau pour la Région Provence-Alpes Côte d’Azur. Résultat, notre activité ne devrait être que très faiblement impactée même si il est beaucoup trop tôt pour en connaître l’évolution. L’an dernier, nous avons réalisé environ 110 millions d’euros mais cela dépend beaucoup de la météo. Plus la saison estivale sera sèche, plus on nous sollicitera pour fournir de l’eau et on ne peut pas le savoir à l’avance. Par contre, l’ingénierie devrait marquer le pas. Alors que nos activités connexes étaient en forte croissance depuis deux ans, on devrait avoir une légère baisse en 2020. Nous sommes notamment pénalisés par l’attentisme des collectivités qui repoussent leurs investissements et par l’interdiction des déplacements à l’international. Nos activités à l’étranger et dans les territoires d’Outre-mer représentent tout de même plus de 3,5 millions d’euros. Nous avons d’ailleurs récemment remporter deux beaux contrats : un projet d’irrigation de 30 000 ha au Nord-Est de la Tunisie et une étude de faisabilité d’un aménagement d’irrigation et de protection contre les inondations au Sri Lanka.
Vous avez également lancé un grand chantier de développement de votre production d’énergie renouvelable pour multiplier par quatre vos capacités d’ici 2025. Ou en êtes-vous de ces projets ?
B.V : Nous ne perdons pas de vue l’objectif d’être autonome en énergie d’ici cinq ans et on avance même si ce n’est jamais aussi rapide que nous le souhaiterions. Nous attendons beaucoup de Canalsol, un projet développé avec le CEA pour poser des panneaux solaires sur nos canaux. Malheureusement, nous n’avons pas été retenu par le dernier appel d’offres de la commission de régulation de l’énergie qui nous trouve encore trop cher. On travaille aussi beaucoup sur l’installation de centrales photovoltaïques sur nos bassins comme au Vallon Dol à Marseille. Rien que ce site pourrait produire 20% de nos besoins électriques mais pour le moment, l’agence régionale de santé s’oppose toujours au projet craignant une possible contamination de l’eau. En attendant, on a mis en service une nouvelle centrale hydroélectrique à Manosque qui doit nous permettre d’atteindre une puissance installée de 16 Gwh, soit 40 % de nos besoins.
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