C’était un engagement prévu dans l’appel d’offres décroché en 2013 auprès de MPM par la Société des eaux de Marseille (la Sem, rebaptisée depuis Société eau de Marseille Métropole, Semm). Le fournisseur d’eau doit faire profiter la Métropole de son rayonnement international à travers un grand événement mondial organisé tous les deux ans à Marseille. Lundi 2 octobre, se tenait ainsi le premier colloque international Eau-Métropole au jardin du Pharo. Des experts sont venus de 11 pays pour débattre autour du thème « Quelles solutions pour la gestion durable des services d’eau en Méditerranée et en Afrique sub-saharienne ? »
La Semm veut réaliser plus de la moitié de son activité d’ingénierie à l’étranger
« La Provence est un territoire semi-aride où depuis tous temps, nous avons dû innover, trouver des solutions pour alimenter nos villes et nos campagnes. Nous avons un véritable modèle provençal à exporter », affirme Alain Meyssonnier, directeur général adjoint international du groupe Semm. L’entreprise va donc profiter de ce congrès pour partager ses expériences avec les pays des rives Sud et Est de la Méditerranée mais aussi d’Afrique de l’Ouest : « nous sommes de plus en plus sollicités par ces territoires pour la mise en place de nouveaux procédés permettant de mieux suivre la consommation d’eau », explique Alain Meyssonnier.
Le groupe réalise aujourd’hui 20 % de son activité d’ingénierie à l’étranger et aimerait faire passer ce chiffre à plus de 50 % dans trois ans. A travers sa filiale Somei, elle développe notamment des logiciels de gestion de l’eau mais aussi de l’énergie et des déchets : « nous avons découvert que notre savoir-faire s’applique également à d’autres ressources avec de nouveaux débouchés pour nous », annonce le dirigeant.
Remettre l’eau en haut des préoccupations environnementales
Pour Hachmi Kennou, le directeur exécutif de l’institut méditerranéen de l’eau, ce congrès est l’occasion pour l’ensemble des acteurs des rives de la Méditerranée de partager leurs expériences « dans une zone où les tensions géoclimatiques sont de plus en plus fortes avec une forte exode des populations vers les côtes et la naissance de mégapoles », décrit-il. Ce colloque remet la problématique de l’accès à l’eau en haut de la pile des priorités environnementales. « Notre milieu est partagé entre compagnies publiques et privées mais nous avons tous la même mission de service public avec l’obligation d’investir pour mieux distribuer sans faire grimper la facture du consommateur », explique Mamadou Dia, le président de l’Aquafed, la fédération des opérateurs privés en eau. Les solutions semblent passer par la digitalisation du métier comme le télé-relevé mis en place à Fès. « L’Afrique a fait un bond technologique pour les télécommunications avec les smartphones. Profitons-en pour faire de même sur l’alimentation en eau », encourage Alain Meyssonnier.
Roland Giberti, vice-président Eau et assainissement à la Métropole : « On veut économiser 30 millions de m3 d’eau par an »
La naissance de la Métropole a également chamboulé l’organisation de l’alimentation en eau du territoire. Certains profitent d’une source « propre » comme Gémenos, tandis que d’autres doivent aller chercher leur eau à 100 km comme Marseille. Ainsi, chaque commune ou intercommunalité qui compose la nouvelle Métropole dispose de son propre système en régie ou en délégation de service public auprès d’un opérateur privé comme la société des eaux de Marseille par exemple.
La loi Maptam oblige pourtant l’ensemble des partenaires à se mettre d’accord sur un système commun d’ici le 1er janvier 2018 mais « on ne sera jamais prêt donc ce sera plutôt pour 2020 », promet Roland Giberti, vice-président Eau et assainissement à la Métropole. Ce dernier met en avant les investissements réalisés par la nouvelle collectivité sur le tunnel du Rove ou le canal de Marseille. « Ce sont plusieurs dizaines de millions d’euros qui ont été investis. A terme, on veut économiser 30 millions de m3 par an », lance-t-il. D’ailleurs, la société des Eaux de Marseille est partie prenante de ces investissements qui pèsent sur les tarifs. « On essaie de maintenir le prix de l’eau à un niveau raisonnable mais il y a de plus en plus de travaux d’entretien, d’acheminement… Faire des travaux à Marseille, ce n’est pas une sinécure et pourtant on doit renouveler le réseau au rythme de 1 % par an depuis 30 ans », se justifie Alain Meyssonier.