« Il n’y aura plus de surprises. On a complètement déshabillé le bâtiment et les travaux se déroulent bien. Plus rien ne devrait retarder la livraison prévue dans un an et demi », a déclaré François Fondeville, le patron du groupe éponyme qui a racheté l’immeuble des Feuillants pour le transformer en hôtel de luxe. Ce message rassurant est délivré mardi 3 octobre à l’occasion d’une visite du chantier de la Canebière par les opérateurs et les élus locaux. Alors que les riverains du quartier de Noailles désespèrent de voir un jour ces travaux se terminer, les acteurs affirment que la longue liste de déboires qui a frappé le projet touche à sa fin. Le tant attendu hôtel quatre étoiles ouvrira en avril 2019.
Des recours administratifs aux surprises architecturales
Cet îlot, datant du 19ème siècle, était à l’abandon depuis plusieurs années. La mairie en est propriétaire depuis 1998 et rêve de le transformer en immeuble de prestige, symbole du renouveau de la célèbre artère marseillaise. Situé sur La Canebière, il est bordé par la rue des Feuillants et la rue Longue des Capucins.
Déjà évoqué en 2009 par les élus, il aura fallu attendre 2012 pour que la Soléam lance une consultation pour la restructuration du pôle Feuillants-Canebière. L’appel à projets est remporté la même année par le groupe catalan Fondeville, associé au cabinet d’architecture Tangram. La Ville s’empresse alors d’annoncer l’arrivée d’un hôtel de luxe sur l’emplacement dès 2015. A l’origine, c’est un hôtel Indigo du groupe Intercontinental qui est pressenti mais finalement, Fondeville choisira le groupe Accor pour un établissement Mercure quatre étoiles de 90 chambres. Le permis de construire est déposé en décembre 2013 et attendra juillet 2014 pour purger les recours déposé contre lui.
Après la réalisation des différents diagnostics (plomb, amiante, termite…), Fondeville boucle l’acquisition du bâtiment en décembre 2015 pour un montant de 2,6 millions d’euros. Les travaux doivent démarrer un mois plus tard. Mais l’immeuble, vieux de plus de 150 ans, réserve quelques surprises aux maîtres d’œuvre. « On a découvert des sols gorgés d’eau de mer. Nous avions peur de faire tâche d’encre sur les bâtiments alentours alors on a était très prudents. On a du refaire toutes les fondations pour s’assurer de l’étanchéité complète », explique François Fondeville aux élus lors de la visite du chantier.
Les architectes ont également découvert des murs maîtres qui n’avaient pas été signalés par les géomètres, ainsi qu’un ensemble de poutres Eiffel dissimulé… Résultat, l’ensemble des études a dû être remis à plat et le début des travaux a été décalé de quatre mois encore. « Aujourd’hui, tout ce qui ne se voit pas a été fait. On va pouvoir commencer la véritable rénovation », annonce François Fondeville.
Un hôtel quatre étoiles, une brasserie et une salle de fitness
Le groupe de BTP a investi 16 millions d’euros dans la totalité du projet dont un peu plus de la moitié pour la construction. Il est accompagné financièrement par la Banque Populaire Méditerranée et 123 Ventures. Fondeville, qui reste gestionnaire de l’établissement, le confie au groupe Accor pour la création d’un hôtel Mercure haut de gamme.
En plus des 90 chambres prévues, le groupe hôtelier prévoit l’installation d’une brasserie en rez-de-chaussée avec une terrasse du côté de la rue des Feuillants. L’établissement doit également accueillir un espace de co-working, une salle de réunion et une salle de fitness. Au total, le groupe annonce la création de 18 postes pour l’hôtel et 17 embauches pour la brasserie. Quant à la réussite commerciale du projet, Matthieu Blanc, le directeur d’Arrelia, la filiale exploitante de établissement pour Fondeville, se montre confiant : « L’hôtel s’appellera Mercure Marseille Canebière Vieux-Port, un nom qui contente tout ce qui attire les touristes à Marseille. L’emplacement est idéal et le bâtiment haussmannien magnifique ».
Un coup de neuf pour le marché de Noailles
Collé à l’arrière du futur hôtel, le marché de la place des Capucins va lui aussi profiter de la politique de renouveau engagée par la Ville. En janvier, les seize commerçants seront déplacés sur la place Léon Blum pendant six mois. La mairie en profitera pour réaliser une grande opération de nettoyage et de rénovation des sols ainsi que des ombrières des étals : « les structures actuelles seront totalement démontées et remplacées par du neuf », annonce Gérard Chenoz, le président de la Soléam.
Cette réfection de la place mythique de Noailles s’inscrit dans un programme plus large. Une consultation est engagée avec les associations d’habitants du quartier pour envisager une semi-piétonisation de la rue d’Aubagne : « nous discutons notamment des horaires pour ne pas gêner l’activité », précise Gérard Chenoz. Sabine Bernasconi, la maire des 1er et 7ème arrondissement, rappelle qu’elle « s’est engagée à rendre une rue piétonne chaque année ». En 2017, c’est la rue de l’académie qui est concernée. La rue d’Aubagne pourrait donc être la suivante.