Robert Guédiguian : « Aujourd’hui, les gens ne pensent plus par eux-mêmes, ils sont aliénés »
Le film s’ouvre par un prologue avec la magnifique scène de la naissance de Gloria, qui fait référence au court-métrage d’Artavazd Pelechian, cinéaste et poète arménien auquel vous rendez hommage. Pour quelles raisons avez-vous ressenti ce besoin ?
Robert Guédiguian : C’était une évidence et une nécessité dramaturgique. Je connaissais ce film que j’aimais beaucoup. C’est un film qui sacralise la naissance, en particulier ce ralenti sur la douche; ce qui ne se fait plus aujourd’hui. Et comme je tenais à ce que la naissance revête un caractère sacré, je me suis dit pourquoi ne pas refaire la scène. Avec la musique sacrée de Bach également.
Jusqu’à présent dans la plupart de vos œuvres les personnages étaient traversés par un idéal politique. Ce n’est pas le cas dans ce film ?
R. G. : Pas toujours. Dans La ville est tranquille par exemple qui est un ancien film noir, les personnages n’étaient pas traversés par un idéal. Cela dépend des registres choisis. En règle générale, par rapport à ce qui est un film, on ne peut pas impunément parler de tout ce que l’on pense de la société contemporaine. Dans ce film, ces personnages sont justement inconscients. Ils sont dépossédés d’eux-mêmes. Ils ne sont pas politisés. Ils n’ont pas d’idées philosophiques, ni religieuses d’ailleurs. Zéro. Ils n’ont pas de conception du monde.
Pourtant lorsqu’Ariane Ascaride refuse de faire la grève par peur de perdre son emploi c’est un acte politique que vous montrez ?
R. G. : Ma position politique, c’est de montrer qu’il faudrait revenir à des choses qui ont disparu. C’est pour cela qu’il faudrait refaire de la politique. Si on aime bien ces personnages, c’est parce qu’ils ne sont pas des militants d’extrême droite. Aujourd’hui, les gens ne pensent plus par eux-mêmes, ils sont aliénés, c’est pire !
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