Le nouveau film de Robert Guédiguian est sorti mercredi 27 novembre dans les salles de la métropole. Une chronique sociale émouvante sur les dégâts collatéraux du néolibéralisme au sein d’une famille recomposée. On y retrouve le trio tutélaire Gérard Meylan, Jean-Pierre Daroussin et Ariane Ascaride – Volpi de la meilleure actrice à la Mostra de Venise -, sans oublier la nouvelle génération de la tribu Guédiguian : Anaïs Demoustier, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet et Robinson Stévenin.
Les destins de trois couples
L’histoire relate les destins croisés de trois couples unis par des liens familiaux. Emplois précaires pour les uns, volonté d’entreprendre pour les autres, chacun se débat à sa manière pour “joindre les deux bouts”. La génération des seniors avec Richard (Jean-Pierre Daroussin), chauffeur de bus et Sylvie (Ariane Ascaride), son épouse, résignée à faire des heures de ménages mal rémunérées pour soutenir sa famille résiste ensemble à maintenir le cap. Leurs filles par contre, plus ambitieuses, rêvent d’un autre statut social et se débrouillent comme elles peuvent. Ainsi, Mathilde (Anaïs Demoustiers) la maman de Gloria, vendeuse intérimaire soutient Nicolas (Robinson Stévenin), son compagnon, chauffeur Uber. Quant à Aurore, (Lola Naymark), sa demi-soeur, elle est employée par son amoureux Bruno (Grégoire Leprince-Ringuet), un jeune auto-entrepreneur ambitieux qui a créé un magasin de pièces d’occasion dans le quartier de Plombières. Lorsque Daniel (Gérard Meylan), le père biologique de Mathilde sort de prison et débarque dans leur vie, il va vite découvrir une réalité à laquelle il ne s’attendait pas …
Un tableau sombre d’un société en perdition dans Euroméditerranée
Dans ce nouvel opus, Robert Guédiguian dresse un tableau sombre d’une société en perdition, prête à toutes les trahisons, y compris familiales pour réussir. Une mise en abîme bouleversante qui va crescendo jusqu’au dénouement final. Les couples que forment à l’écran Anaïs Demoustier/Robinson Stevenin et Lola Naymark/Grégoire Leprince-Ringuet sont particulièrement réussis. Leur composition qui mêle fougue et dépit apporte de la tension et du souffle au récit. Le décor urbain du quartier d’Euroméditerranée, composé de tours et d’autoroutes sans fin, magnifiquement filmé, renforce l’aspect désincarné de la société contemporaine.