Pascal Lorne a décidé l’année dernière de tourner la page de let.com, un réseau social lancé aux Etats-Unis après l’aventure Myowa (la startup marseillaise, spécialisée dans les applications mobiles vendue pour quelque 50 millions de dollars en 2013). Tournée aussi la page d’un certain capitalisme pour vivre selon de nouvelles valeurs. « J’ai voulu donné un sens à ma vie en consacrant 100% de mon temps et de mon patrimoine à des projets d’entrepreneurs ayant un impact positif sur la société ou l’environnement, ce que l’on nomme le « social impact » souligne Pascal Lorne qui vient d’arriver avec sa voiture électrique. « Il faut que je la branche vite car je n’ai pas assez de batterie pour aller à Marseille » nous explique-t-il sur notre lieu de rendez vous, le chic restaurant les 2 frères à Aix.
Donner du sens à la vie
Baskets et look sport, tutoiement de rigueur, Pascal Lorne est d’un abord simple et direct. Il se dit changé en citant en référence le film Demain. « Il y a beaucoup de gens dans le mode qui veulent faire bouger les lignes un peu différemment, donner du sens à leur vie, et qui sont plus dans la consommation à outrance. Ils veulent retrouver le sens de la vraie vie, c’est à dire l’amitié, prendre le temps avec es gens, construire des liens… Ca ne veut pas dire faire de la décroissance mais agir différemment. J’ai une voiture électrique, -j’ai planté une éolienne chez moi et je produis ma propre électricité… » Faire différemment mais « sans donner de leçons aux autres. A quarante ans, tu fermes ta gueule et tu fais ce que tu dois faire. Tu es encore un gamin ! »
Président de la commission high tech de Phitrust Partners
Depuis quelques mois il s’implique dans les investissements à impact positif : immobilier solidaire, environnement et il a pris des responsabilités au sein du fonds spécialisé Phitrust Partners dont il est membre du comité d’investissement. « C’est le plus légitime et le plus beau fonds de ce type en Europe » affirme Pascal Lorne. Il y assure la présidence de la commission high tech.
Mais très vite la « graine de l’entrepreneur m’a démangée » avoue-t-il après une gorgée de thé vert. « Investisseur, c’est assez vite frustrant. Tu donnes de l’argent à des gens et tu les vois faire des erreurs. Ça énerve ! Alors j’ai décidé de remonter une boite. » Ainsi va voir le jour Gojob.co « Le gros problème que l’on a en Europe, c’est l’emploi… Or tout repart quand les gens ont du travail. » Ses expériences d’expatriation (six ans aux Etats-Unis, deux ans au Brésil, trois en Allemagne lui servent de référence. Je pense qu’en France, le problème est le manque de fluidité sur le marché de l’emploi. » Un chiffre l’interpelle : « 95% des entreprises en France ont moins de dix salariés. Pourquoi elles n’embauchent pas ? Parce que les CDI, les CDD c’est trop contraignant. L’intérim trop cher et souvent réservé aux grands comptes. » Bref, pour Pascal Lorne « 95% des entreprises se mettent un plafond de verre parce qu’elles se disent qu’elles ne vont pas recruter car c’est trop dangereux. »
Gojob.co : un réseau social pro avec des profils inédits
Comment briser ce cercle infernal ? « On a crée un job board un peu à la Linkedin dans lequel il n’y a pas de CV mais uniquement ton savoir-faire et ton savoir-être. Donc c’est mettre en avant les qualités humaines de la personne. Ce qui est important c’est la dynamique du candidat, pas ses diplômes. On commence par inverser complètement le système de présentation des candidats. » Gojob.co c’est d’abord un réseau social professionnel avec non seulement un profil nouveau mais aussi des recommandations sur les compétences et qualités de la personne.
« Le deuxième étage de la fusée c’est le recrutement. Quand il y a une correspondance entre un candidat et un employeur, Gojob s’occupe de tout. Il suffit d’appuyer sur un bouton, de payer en ligne et on fait tout le travail administratif. » Un mélange de portage salarial, d’intérim et de réseau social. « On simplifie la vie des entreprises puisque c’est Gojob qui embauche et qui prend les risques. » Le tout moins cher que le marché assure Pascal Lorne grâce à un « système très automatisé. Notre marge est de 10% contre 35% en moyenne dans l’intérim ou le portage. »
Un beau casting au capital de Gojob.co : les fondateurs de Criteo, Blablacar et Priceminister
Une version beta été lancée mi-janvier 2016 à l’adresse suivante gojob.co Ce prototype va être tester durant l’année dans la métropole Aix Marseille. Des premiers partenariats ont été signés pour assurer une première visibilité à la plateforme. Avec l’EMD, la Cité des métiers et les Apprentis d’Auteuil. Une convention pourrait être bientôt signée avec Pôle emploi. Créé avec 1000 euros de capital et un co-fondateur Benoît Charpentier, Gojob.co accueille de nouveaux investisseurs qui viennent d’entrer au capital en mettant un total de 200 000 euros. Et Pascal Lorne sait attirer les grand noms de la net économie. Parmi les nouveaux associés Frédéric Mazzela fondateur de Blablacar, Pierre Kosciusko Morizet le fondateur de Priceminister ou encore Jean-Baptiste Rudelle, fondateur de Criteo. Pas mal pour un début… Et pour montrer, l’exemple Gojob.co recrute. Déjà 12 personnes sont montées à bord pour assurer le développement commercial dans la métropole avec un objectif de 10 000 inscrits recrutés au cours du premier trimestre 2016. Go !