Dans le cadre de la conférence Le Sud à vélo organisée par la région Sud le mardi 14 mai 2024, Gomet’ a pu échanger avec Stein van Oosteren. Diplomate néerlandais auprès de l’Unesco, habitant à Paris depuis plusieurs années, conférencier, auteur de « Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable » et « 50 bonnes raisons de faire du vélo », il partage sa vision sur l’évolution de la culture vélo dans le sud et des pistes concrètes pour l’accélérer.
Que pensez-vous du travail autour de la conférence régionale le Sud à Vélo ?
Stein van Oosteren : Il y avait beaucoup d’énergie dans la salle ! Le mouvement est lancé, comme Jean-Pierre Serrus, le vice-président (Ndlr : vice-président de la région Sud, en charge des transports), l’a dit. Il y avait trop peu de temps pour parler et trop d’enthousiasme presque, tellement l’envie de changer cette région et de l’apaiser pour permettre plus de mobilités actives est forte.
Comment voyez-vous l’évolution des mentalités, de la culture vélo dans le sud ?
S.V.O. : Le mot vélo prend tout son sens. On est en train d’ouvrir le sens de ce mot « vélo ». Avant, le vélo, c’était juste le vélo du facteur, pour ainsi dire. Aujourd’hui, on va parler des vélos longtail, qu’on a rebaptisé « vélo familial », du coup, ça parle aux gens. Mais aussi des tricycles, à Nice, par exemple, il y a des vélos tricycles en libre-service. Ça touche en même temps des personnes à mobilité réduite et des personnes seniors, c’est-à-dire les catégories de personnes que l’on utilisait avant comme excuses pour ne pas développer le vélo. Alors qu’aujourd’hui, on a passé une étape dans l’imaginaire pour que le vélo devienne une possibilité, quelque chose de tout à fait normal.
Les solutions sont déjà là
Stein Van Oosteren
Concrètement, comment peut-on accélérer encore ce mouvement et continuer à le développer ?
S.V.O. : Déjà, il faut se rencontrer plus souvent pour organiser ce genre de réunion. Créer des groupes de travail pour que l’on voit qu’on a les mêmes constats par rapport à l’urgence climatique, l’obésité et les problèmes économiques. Et d’autre part, pour constater que les solutions sont déjà là. On sait comment rendre une ville cyclable. Il faut un réseau cyclable, il faut réduire la vitesse, il faut dévier les flux de voitures autour du centre, il faut des stationnements vélo, il faut du vélo dans les écoles. En gros, c’est ça. Et donc, la recette existe. Il faut juste accepter de la mettre en œuvre. Et c’est cette acceptation qui grandit, et cette envie aussi, qui grandit quand on se rencontre plus souvent et quand on se décrit aussi à quoi va ressembler une société cyclable de demain.
Justement, nous sommes ici Porte d’Aix. Qu’est-ce que vous pensez des aménagements cyclables à Marseille ?
S.V.O. : Aujourd’hui, je suis à Marseille et j’ai vu des pistes cyclables sur le trottoir, par exemple. Et c’est un problème parce que les vélos se retrouvent avec les piétons et ça crée une mauvaise cohabitation. Et qui est perdant ? Le cycliste est vu comme un problème alors qu’un vélo fait partie de la solution. La solution existe, par contre, c’est-à-dire qu’il faut prendre un peu de place à la voiture pour mettre le vélo à la place, et cela nécessite un courage politique.
Et je pense que si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour déclencher cette envie et aussi le courage politique pour prendre des décisions qui ne sont jamais faciles parce que l’humain n’aime pas le changement. C’est nécessaire pour avoir une société beaucoup plus agréable avec plus de place pour les piétons, les vélos, et pour la nature aussi, l’ombre, pour l’eau, pour avoir une meilleure qualité de vie, tout simplement.
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