40 réunions, 3 300 personnes mobilisées, 800 contributions, les Assises régionales des transports se sont achevées lundi 9 octobre avec les restitutions des travaux menés ces derniers mois. Cinq axes prioritaires ont été identifiés pour une mobilité simplifiée, plus fiable pour les prochaines années.
Il a fallu onze mois d’échanges, de réunions publiques sur les six territoires de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, des cafés usagers dans les gares, des conférences citoyennes, des réunions de travail avec les acteurs associatifs et économiques ou encore des discussions avec les élus et représentants régionaux pour dresser un état des lieux de la mobilité en Paca.
D’octobre 2016 à septembre 2017, cette large consultation a été menée avec une ambition : remettre les usagers des transports au cœur d’une nouvelle organisation « correspondant parfaitement » à leurs besoins et leurs attentes. Ces mois de travail ont permis de mettre en œuvre une stratégie en matière de déplacement et de dresser plusieurs constats.
Le mot d’ordre : la simplification de l’offre
La mobilité comme frein à l’emploi est souvent citée par les entreprises du territoire et par les usagers. Compte tenu des dysfonctionnements des transports en commun, notamment des TER, ils craignent les retards répétés. « 41% ne prennent pas les transports, pour cette raison, souligne Philippe Tabarot, vice-président de la Région Paca, délégué à la sécurité, aux transports et à l’intermodalité. D’autres, eux, usagers du TER associent ce mode de déplacement à d’autres modes urbains, le co-voiturage ou le vélo par exemple, et là l’offre ne répond pas ».
Les solutions : densifier l’offre TER sur les grands axes structurants, connectés aux pôles économiques, renforcer l’offre et le cadencement notamment sur les horaires d’entrée/sortie de ces zones d’activités ou encore offrir des solutions de mobilité pour les grandes entreprises et établissements publics (zones industrielles, hôpitaux…) aux horaires décalés, hors période de pointe. Chaque jour, ce sont 1 700 autocars et 120 trains qui circulent sur le réseau régional.
« La simplification de la vie des voyageurs est au cœur de la stratégie régionale, a réaffirmé Renaud Muselier, président de la Région Paca. Il existe aujourd’hui des tarifications différentes selon nos réseaux régionaux : TER SNCF, LER et Chemins de fer de Provence. Cette situation nous a conduit à avoir plus de 100 tarifs différents dans notre seule région ! Je veux donc donner de la clarté et de la lisibilité à notre offre tarifaire souvent très compétitive ».
Il est donc prévu de simplifier la tarification régionale, avec des pass multimodaux sur les trois principales aires urbaines régionales (Aix-Marseille-Provence début 2018, aire azuréenne fin 2018 et aire toulonnaise en 2019) ; simplifier les changements de modes pour réduire de temps d’attente en discutant notamment, dès 2018, avec les autres autorités organisatrices de transports. Dans ce cadre un accord a été trouvé entre la Région et la Métropole AMP pour lancer une carte unique des transports.
Expérimentations de transports propres
La carence en informations a également été identifiée comme une problématique majeure. Promouvoir l’offre sera au cœur de la stratégie avec la création, entre autres, d’une marque pour le réseau régional, des campagnes de communication incitant les citoyens à laisser leur véhicule au garage. C’est également l’utilisation des transports en commun propres qui sera mise en avant, avec des expérimentations de modes innovants et non-polluants. Exemple : en GNV sur les longues distances et en électrique sur les plus courtes, avec l’objectif « que la région Paca devienne le chef de file des initiatives de transports responsable », affirme Philippe Tabarot.
Dans cette perspective, en 2020, un appel à projet technologique devrait être lancé pour une solution alternative d’alimentation des TER sur les lignes non-électrifiées. Le but : réduire de 50% le taux d’émission de monoxyde d’azote des transports régionaux d’ici à 2020.
Autre axe de travail : « co-construire et expérimenter avec les usages ». Cela passe par la création d’une Smart Factory permettant d’associer les usagers à la conception des services et des outils numériques, mettre en place une charte régionale…
Ces Assises régionales des transports ont donné naissance à un livre blanc qui reprend l’ensemble des thématiques débattues.
Bras de fer avec la SNCF et Ligne nouvelle Paca
Avec le passage de nouvelles compétences en matière de transport interurbain et scolaire au Conseil régional, l’institution entend jouer un rôle phare en matière d’intermodalité, mais également en continuant à discuter avec l’État pour que, dès 2018, elle puisse choisir son opérateur ferroviaire pour le transport des usagers en Paca. En attendant, la Région « continue son bras de fer avec la SNCF pour réduire ces temps de retard », affirme Philippe Tabarot, et Renaud Muselier d’aller plus loin : « Nous exigeons la transparence totale sur le coût du service et la facture présentée ».
L’ouverture à la concurrence sur les TER autorisée par une directive européenne, implique en premier lieu de « dé-saturer » la gare Saint-Charles et de construire la gare de Nice-aéroport. Le point a été fait avec la ministre des Transports, Elisabeth Borne, lors de sa venue le mardi 10 octobre, aux Rencontres nationales du transport public.Des Assises décevantes pour NosterPaca.
Pour le président de NosterPaca, Gilles Marcel, ces assises sont décevantes. Il regrette le manque de concertation sur les documents de planification régionale des infrastructures de Transports (PRIT) et de planification régionale de l’intermodalité (PRI), tous deux entrant dans le cadre du schéma descriptif régional d’aménagement et de développement durable et d’équilibre des territoires (SRADDET).
Il pointe entre autres, le manque de communication sur les grilles horaires des TER 2018 « à deux mois de leur mise en application, alors qu’auparavant celles-ci faisaient l’objet d’une concertation six mois à l’avance ». Il regrette également « qu’aucune étude, ni concertation n’aient été menées sur la perspective annoncée de remplacer des trains par des cars sur certaines lignes ».
Quant aux annonces dans le domaine ferroviaire, il estime qu’il s’agit de « l’excuse rêvée de travaux sur Aix-Marseille pour dégrader, dans des proportions inouïes, l’offre pendant quatre ans, avec la diminution d’un tiers du nombre de trains, la suppression de la desserte de Pertuis, et la coupure pendant trois à quatre mois par an de la liaison entre la Métropole Aix-Marseille-Provence et les Alpes du sud. »
Il ne cautionne pas non plus les « annonces tonitruantes » sur l’ouverture à la concurrence des TER, « quand d’autres régions construisent pas à pas des alternatives raisonnables sur une partie de leur réseau, et alors que notre région dispose de sa propre régie de transport ». Des Assises régionales des transports bien loin du compte pour NosterPaca.