Hors tout réseau de communication, il est des lieux qu’on ne découvre que par le « bouche-à-oreille » et qui, bon gré mal gré, résistent, persistent et signent. Le théâtre Marie-Jeanne, à Marseille, est de ceux-là. Rencontre avec Patrick Rabier, metteur en scène, devenu par la force des choses programmateur et directeur d’une salle où il fait aussi bon rire que réfléchir.
Après avoir débuté il y a trente ans rue Vian, à Marseille, la compagnie Sam Harkand a traversé quelques rues, en 2000, pour rejoindre des copains dans un ancien garage devenu alors le théâtre Marie-Jeanne. Le temps d’y déposer malles et décors, il a fallu fermer les portes pendant près de six années pour se mettre aux normes de sécurité. Une durée exceptionnellement longue, par manque de subventions. Aujourd’hui, le théâtre Marie-Jeanne entame sa 3e saison, et toujours sans subvention. Son public ? Des habitués qui s’y pressent pour voir du théâtre expressionniste, où le sérieux côtoie le burlesque. « C’est du théâtre populaire à la Brecht, explique Patrick Rabier, directeur. Populaire au sens où ça peut convenir à tout le monde : à ceux qui veulent se divertir comme à ceux qui ont envie de réfléchir à la « seconde couche. On y trouve les masques, les mimes, les clowns, les bouffons mais toujours avec un travail sur le regard. On est vraiment en face à face avec le public que l’on regarde dans les yeux ».
Fabrique à spectacles recherche soutien
« On existe depuis trente ans mais pour les institutions qui sont censées soutenir la création artistique, on n’est plus personne. Et pourtant depuis la fin des contrats aidés qui nous permettaient embaucher jusqu’à trois personnes, on aurait bien besoin d’aide. De l’aide pour créer un poste fixe car aujourd’hui tout repose sur le bénévolat. De l’aide pour finir une enfin une création sur l’histoire du théâtre mais pour laquelle nous ne pouvons pas créer les costumes et les masques…Aujourd’hui, nous ne pouvons plus prendre de risques » regrette Patrick Rabier.
Le public, cette année, ne se privera pas de la poésie singulière de Thibaut Lacour et de son Jean-Pascal Lassus, ni des chansons satiriques de Leda Atomica Musique. A découvrir dans un tout autre registre Damien Franco pour un Sale numéro de clown dans une salle d’attente bondée. La compagnie du Yak décortiquera l’Unformation sur sa Smack TV. Et avec Sam Harkand, le cabaret Waldoff tentera de reprendre vie avec Humaines, une mère maquerelle et deux créatures androgynes…
Pour le jeune public, le théâtre Marie-Jeanne programme des « moments mômes » à chaque période de vacances avec parcours sensoriels pour tout-petits, des marionnettes, du théâtre d’objets et de papier pour à peine plus grands comme le spectacle Maestro(s) de la compagnie Artlambik qui fait évoluer deux petits chefs d’orchestre inspirés de Beethoven, Mozart et Saliéri.
Deux autres temps forts ponctueront cette saison : la soirée Bœuf marionnettiste, le 25 janvier, autour du travail des élèves de la formation acteur-marionnettiste précédée d’une soupe partagée, puis, du 30 mai au 28 juin, le festival Gecko qui lève le rideau sur tout ce qui s’est préparé tout au long de l’année dans les différents ateliers ouverts à tous du théâtre Marie-Jeanne.
Informations pratiques
> 56, rue Berlioz – Marseille 6e – 09 52 28 15 84
> Programmation sur www.theatre-mariejeanne.com
> Tarifs de 7 à 14€
> Tarif famille pour les moments mômes (3 personnes) 10€