La nouvelle assemblée corse remet à plat les liaisons maritimes avec le continent et veut solder le dossier de l’ex-SNCM. Le président de l’Office des Transports de la Corse, Jean-Félix Acquaviva, a présenté aux acteurs économiques marseillais les orientations de la collectivité territoriale. Marseille est confirmée comme port d’attache des futures liaisons.
Bientôt la fin des rebondissements dans le dossier de l’ex-SNCM ? La nouvelle Assemblée de Corse, élue en décembre dernier, a en tout cas l’intention de tout remettre à plat en ce qui concerne les liaisons maritimes Corse-continent : « Dans un dossier complexe où le contentieux a été la règle, il faut éclaircir le jeu et revoir tout le système pour construire un nouveau modèle fiable, sécurisé du point de vue de la desserte, de sa qualité, de sa fréquence, de sa continuité et de ses tarifs », a assuré Jean-Félix Acquaviva, président de l’Office des Transports de la Corse (OTC). Chargé de mettre en œuvre la politique de l’Assemblée de Corse (à majorité nationaliste depuis décembre 2015), il était à Marseille le 25 avril pour en présenter les grandes lignes aux acteurs économiques et portuaires –parmi lesquels Christine Cabau-Woehrel, présidente du Grand port maritime de Marseille (OTC) et Johan Bencivenga, président de l’UPE 13-, à l’invitation de Jacques Pfister, président de la CCIMP. Il a notamment été question de la future délégation de service public (DSP) Corse-continent et de la situation de Corsica Linea, ex-SNCM.
Une démarche validée par Bruxelles
Rappelant que les amendes européennes planent toujours au-dessus des opérateurs, Jean-Félix Acquaviva a assuré travailler dans une logique de « juste compensation » avec ces derniers. En l’occurrence, la CMN, actuel délégataire de la DSP depuis le 4 janvier 2016, et le subdélégataire Corsica Linea, à laquelle l’ex-SNCM est en cours d’être fusionnée. « Les opérateurs ont compris qu’il est important de jouer le jeu d’une meilleure définition des aides pour démontrer à la Commission Européenne que nous sortons d’une logique de surcompensation », s’est félicité de président de l’OTC.
Des efforts sur les tarifs
Deuxième priorité de l’exécutif corse : atténuer les contraintes liées à l’insularité, notamment du point de vue tarifaire. « Le surcoût de l’insularité existe toujours et il y a une forte attente à ce sujet », a souligné jean-Félix Acquaviva, annonçant que le futur contrat, qui prendra la forme d’une DSP ou d’une OSP (Obligation de Service Public), fera l’objet d’un choix de la collectivité territoriale corse début juillet 2016 pour la période 2017-2025. Dans sa démarche, l’OTC a décidé d’appliquer une méthode validée par Bruxelles : avant de lancer une DSP, une « consultation théorique » des opérateurs sera organisée sur la base d’une rotation par jour, tous les jours de l’année, sur les lignes Bastia-Marseille et Ajaccio-Marseille, avec des efforts importants sur les tarifs. « A la Corse de définir ce qui doit être son intérêt, dans le respect du droit communautaire, pour arriver à l’objectif de la satisfaction de la continuité ». Et si les opérateurs ne proposent pas de réponse adéquate, l’OTC n’aura alors pas de scrupules à conclure une DSP pour Bastia et Ajaccio.
Une présence au capital de la future compagnie régionale et la prise en main des navires
Une fois ces volets sécurisés du point de vue juridique et financier, l’OTC a annoncé clairement ses intentions : « Nous voulons participer à une société d’exploitation pour sécuriser le dispositif et donner ainsi un droit de regard à la collectivité territoriale. […] On sort d’une crise, il faut maintenant éviter les ruptures que l’on a connues », a réaffirmé Jean-Félix Acquaviva. L’objectif est clair : après avoir craint fin janvier que la reprise de l’ex-SNCM ne se conclue par une nouvelle liquidation, la Collectivité Territoriale Corse veut être présente au capital et au sein de la gouvernance d’une future société régionale. Quant aux navires, elle considère qu’ils lui reviennent. Avec des subventions d’investissements de 431M€ entre 2001 et 2015 – 1,3 milliard d’euros depuis 1986- attribuées à la SNCM pour le renouvellement de sa flotte, elle considère que ces navires ont été largement financés. « On discute avec Corsica Linea pour la reprise de ses bateaux. La discussion de gré à gré se passe bien », a annoncé, déterminé, Jean-Félix Acquaviva.
Quelle que soit l’issue des négociations, la bonne nouvelle pour Marseille, c’est que son port redevient le port d’attache des liaisons avec l’île de Beauté. « Marseille redevient le port qui dialogue avec la Corse dans ses futures opérations. C’est essentiel de voir que cette liaison se renoue », s’est félicité Jacques Pfister.