« Il n’y a pas de territoire qui ressemble au nôtre », soulignait Jean-Pierre Serrus, vice-président de la métropole Aix-Marseille Provence, lors de la présentation de l’agenda de la mobilité métropolitaine à la presse. Quatre fois la taille de la région parisienne, pratiquement 2 millions d’habitants, des zones très urbanisées, des corridors très contraints, des zones naturelles, agricoles, des petits villages et des grandes villes… Le territoire est extrêmement diversifié. Qui dit diversité de territoires, devrait dire diversité des solutions de mobilité.
Or depuis 50 ans, la métropole s’est construite autour d’un usage facile et économique de la voiture. Travail excentré, absence de commerces ou de services publics à proximité, routes sans trottoirs ou pistes cyclables, absence de bus ou de gare à proximité, mais aussi confort et sécurité, sont autant de bonnes raisons de s’accrocher au volant. Pourtant aujourd’hui, l’usage de cette bonne vieille voiture n’est plus dans l’ère du temps, quant aux transports en commun, ils ne peuvent, néanmoins, se substituer partout et pour tous à la voiture.
Des lieux de services pratiques et innovants pour mailler le territoire
Covoiturage, parking relais, vélo en libre service, train ou car, auto-partage, vélo-train… Bien plus qu’une tendance, les nouveaux modes de déplacement traduisent une nouvelle philosophie de vie, qui permettrait à chacun de recourir à la meilleure option, au meilleur moment, et dans toutes les situations qu’elles soient d’ordre personnel ou professionnel. Encore faut-il que tous ces territoires soient mieux connectés entre eux et convaincre plusieurs dizaines de milliers d’automobilistes de marcher plus, d’utiliser plus volontiers les transports en commun et le vélo… Un véritable défi et l’un des axes forts de l‘agenda de la mobilité métropolitaine.
Pour réussir ce pari, « le maître-mot c’est : l’intermodalité ! », assure Jean-Pierre Serrus. L’objectif est de créer des pôles d’échanges propres, sécurisés, de haute qualité architecturale et environnementale qui seront des lieux de services pratiques et innovants, accessibles, à pied, en voiture, à vélo, donnant accès à des véhicules partagés et connectés à Internet. Des pôles qui permettront également la relance de l’économie. Les zones d’activités se heurtent souvent à des insuffisances en termes de transports collectifs, ce qui accentuent les problèmes liés à la mobilité des salariés, des demandeurs d’emploi et des recruteurs. La filière logistique par exemple, qui est une source majeure d’emplois, se situe pour une large part sur la zone de Miramas et Saint Martin de Crau, d’accès problématique pour les Marseillais. Ou encore sur la Vallée de l’Huveaune, l’insuffisance de voies d’accès et de transports en commun impacte les déplacements. Elle représente pourtant un bassin d’emploi essentiel. Dans sa note de synthèse des actes de la journée mobilité « Passons au Vert », en 2014, la Maison de l’emploi de Marseille, pointait également du doigt les carences en matière d’infrastructures de transports collectifs, leurs horaires non-adaptés « aux besoins des activités principales du territoire ». La note met également en exergue la flexibilité d’horaires importants pour la filière commerce, les exigences des métiers de la santé ou encore ceux de la restauration. « Il est donc impératif d’adapter l’offre de transports aux besoins des entreprises et des demandeurs d’emploi, en termes d’horaires, mais aussi en termes de maillage permettant la connexion des zones Sud, Nord et Est. »
Décloisonner, connecter les différents bassins de vie entre eux, pour répondre à ces attentes, en comptant aussi sur l’intelligence collective, tel est l’objectif des pôles intermodales. A Marseille, parmi les lignes Premium urbaine, qui prévoient « de démarrer tôt le matin et finir tard le soir », dixit Jean-Pierre Serrus, certaines relieront des pôles d’échanges, à l’image de la ligne Martigues/Port-de-Bouc. Une liaison entre les deux communes, mais aussi avec les futurs pôles d’échanges de Martigues-Hôtel de ville. Autre exemple : Miramas sera traversée du sud au nord via son pôle d’échanges ferroviaire et le secteur en développement de La Péronne. L’agenda de la mobilité métropolitaine prévoit aussi que le centre d’Aubagne soit relié à son pôle d’échanges et à la zone des Paluds via une liaison Premium Chronobus.
Du pôle d’échanges du Capitaine Gèze à Marseille…
Parmi les autres projets, en cours de réalisation, le futur pôle d’échanges du Gèze, à Marseille. En gagnant 900 mètres au-delà de la station Bougainville la ligne 2 du métro de Marseille débouchera sur une toute nouvelle gare. Elle abritera six lignes de bus urbains et deux de cars interurbains, ainsi que deux lignes de Bus à haut niveau de service (BHNS). Elle accueillera également un parking-relais, qui comptera 623 places de stationnements dont 14 pour les personnes à mobilité réduite ; des véhicules électriques avec leurs bornes de recharge et un parc à vélos d’une cinquantaine de places et un autre de 29 pour les motos. Une fois mis en service, cet immense pôle situé en entrée de ville et desservi par l’A55 et l’A7, permettra de capter les flux des véhicules entrant dans Marseille mais aussi de désenclaver l’actuelle gare de bus de Bougainville, fréquentée quotidiennement par près de 25 000 personnes. En plus de venir combler le manque de transports en commun dont souffrent les quartiers nord de Marseille, le pôle multimodal de Gèze permettra aux usagers de laisser leur voiture et d’utiliser les transports en commun, pour se rendre dans l’hyper-centre de la cité phocéenne. Cette opération d’un montant de 93 millions, permet d’accompagner, en transports collectifs, le projet d’extension Euromed 2, vers le nord de la ville. Dans l’attente de cet équipement majeur, il existe un autre site qui déploie cette stratégie multimodale : le parc-relais Krypton à Aix-en-Provence. Un exemple qui a fait ses preuves !
… au parc-relais du Pont-de-l’Arc à Aix-en-Provence
Après vingt-quatre mois de travaux et onze mois de fermeture, le parc-relais Krypton, a rouvert en juillet dernier totalement métamorphosé. Élevé en silo sur trois étages, il a triplé sa capacité d’accueil avec 900 places et abrite une mini-gare routière de 12 quais, l’élevant ainsi au rang des plus imposants parking-relais de la Métropole Aix-Marseille Provence. Depuis le Pont-de-l’Arc, les utilisateurs peuvent rejoindre le centre-ville toutes les sept minutes par la ligne 7. Trois lignes interurbaines, en provenance de Mimet et Gardanne, de Fuveau et venant de Meyreuil terminent leur parcours à la gare routière du Krypton. À cette nouvelle gare routière et à l’extension du parc-relais, s’ajoute une passerelle enjambant l’A 8, dédiée aux transports multimodaux avec des voies de bus, pistes cyclables et voies piétonnes. Elle relie la nouvelle gare routière aux quartiers sud de la ville. En 2019, son Bus à haut niveau de service (BHNS), reliera Saint-Mitre au Krypton. Du sud à l’est en passant par le nord et le nord-est, Aix-en-Provence a maillé son territoire grâce à ses parc-relais. Initiée depuis 2003, cette offre de stationnement a été renforcée en 2014, et se poursuit avec deux parcs supplémentaires (5 au total) dont la construction est prévue en 2017 pour une mise en service en 2018.
Les plus grands multimodaux sont les étudiants
Les habitants utilisant alternativement plusieurs modes de transport sont souvent les grands oubliés entre les « tout voiture » et les « anti-voiture ». Pourtant, plus d’un habitant sur quatre se déplace en voiture et en bus ou car ou train. Cette alternance peut avoir lieu dans un même déplacement, via un parc-relais, dans une journée, mais aussi d’un jour à l’autre. Selon les données notifiées dans le Livre blanc des transports, « les habitants multimodaux représentent 38% des Marseillais et plus de 23% des habitants des autres communes. Presque un habitant sur quatre en périurbain utilise toutes les semaines ou tous les jours les transports en commun, tout en pouvant utiliser une voiture. En diversifiant leurs modes de déplacements, ces habitants utilisent environ 30% moins leur voiture. Les parents actifs multimodaux l’utilisent même 42% moins que les autres ! Les plus grands multimodaux sont les étudiants, avec une personne sur deux. »
Reportage réalisé en partenariat avec la Métropole Aix-Marseille-Provence