par Yves Delafon
La confusion actuelle est certaine. Alimentée de façon incessante par nombre d’« experts » et d’acteurs politiques en déshérence et proprement…déboussolés.
Le NFP camoufle l’extrême fragilité de son assemblage derrière le choix de 2,5 inscrits sur 10.
Ensemble, qui évite le naufrage annoncé, juste derrière le NFP, cherche le nord et s’essaie avec circonspection à « tuer le père ».
Le RN, malgré un score aussi remarquable et légitime que préoccupant, reste en échec frontal face à 70% des votants (et 80% des inscrits) qui n’en veulent en aucun cas.
LR, tout en ayant réussi à freiner sa chute, entame avec fracas une mue profonde, indispensable depuis 2022. Confusion également, portée par l’emballement populaire et donc la complaisance médiatique, avec une politique du showbiz et des coups de mentons, allant des vociférations infantiles des députés LFI à l’Assemblée Nationale à l’indignité triomphante d’un Hanouna, du misérabilisme grandiloquant du RN aux incantations haineuses d’un Zemmour, de l’ego délirant d’un Mélenchon à la dictature tartufesque de l’émotion et des opinions sur la raison et la réflexion.
Mais cette confusion est une conséquence. Elle était déjà extrême, et a justifié une dissolution nécessaire bien qu’hâtive. Ce n’est ni une base sur laquelle construire, ni un état susceptible de durer. C’est ce que nous apprennent les Français qui ont refusé d’élire une majorité parlementaire et imposent la nécessité d’une remise en cause de nos fonctionnements, de retrouver les fondamentaux de la République (la Liberté, l’Egalité et la Fraternité), de modifier notre compréhension du pouvoir et de son exercice.
Ce contexte post électoral est l’occasion de transformer une crise en une réelle opportunité, voire une chance pour la France
Nous devrons pour cela dépasser les routines partisanes et l’affrontement violent comme postures permanentes. Nous devrons privilégier l’écoute et le respect de l’autre, accepter la pluralité des pouvoirs et la nécessité du compromis comme méthode de gouvernement. Comme c’est le cas, en Allemagne ou au sein des institutions européennes et, d’une façon générale, dans nos relations…familiales.
La nouvelle composition de l’Assemblée Nationale, sans majorité, le rend possible et notre Constitution le permet. Les députés modérés sont largement majoritaires et ont aujourd’hui l’occasion de construire une plateforme commune et d’accompagner (sans « godillots ») le gouvernement dans sa mise en œuvre. Ils peuvent se retrouver sur des sujets transversaux majeurs : la protection de notre environnement. En local et en concertation internationale. La lutte contre les inégalités, qui gangrènent toutes les politique de croissance et de développement. La construction et la sécurité européenne, en affirmant notre détermination face aux attaques conventionnelles et hybrides que nous subissons. L’ordre républicain et la sécurité quotidienne, dont les faiblesses polluent la vie de nos concitoyens et aliment l’extrême droite. Les phénomènes migratoires, dont le traitement (qui dépend largement de celui des points précédents), doit être dégagé des fantasmes extrémistes du RN ou de LFI, et faire l’objet d’une approche globale, collective et pragmatique.
Les priorités seront différentes selon les sensibilités, et c’est là que doit intervenir cette nouvelle culture du compromis, avec une préoccupation centrale : le rétablissement des conditions du vivre ensemble par la reconnaissance et la prise en compte des préoccupations/inquiétudes exprimées par les Français.
L’écrasante majorité de ceux qui ont exprimés leurs mécontentements et leurs peurs en votant significativement pour les extrêmes ne sont pas nos ennemis, ni ceux de la République. Et nous ne sommes pas les leurs !
Rétablir les conditions du vivre ensemble par la reconnaissance et la prise en compte des préoccupations/inquiétudes exprimées par les Français
Entre des appareils politiques encore déboussolés, des élus souvent surpris et désorganisés, l’absence totale de consensus parlementaire sur la future gouvernance et un événement olympique majeur, il faut laisser du temps à la classe politique et à nos Institutions. Il est de la responsabilité de l’arbitrage présidentiel et de l’intérêt du Pays de ne pas précipiter la nomination du Chef, ou de la Cheffe du gouvernement. Il y a trop d’urgence pour être pressés !
Yves Delafon
Chef d’entreprise.
Chroniqueur régulier dans les colonnes de Gomet’