Impulsé par l’État, le Groupement d’intérêt public (GIP) Aix-Marseille-Provence Mobilités, installé le 10 février 2022, s’est réuni le 14 mars dernier pour un premier état d’avancement des projets et quelques annonces sur des projets en devenir. Les Services express régionaux métropolitains (SERM) ont été évoqués, sans calendrier toutefois quant à leur labellisation par l’État, laquelle conditionne les financements liés.
Cette labellisation des SERM est légitimement subordonnée à un accord entre Région et Métropole. C’est ce qu’ont bien compris la Région Grand Est et l’Eurométropole de Strasbourg qui ont su développer et financer, à moindres frais, le doublement du nombre de trains régionaux à l’intérieur de l’Eurométropole (et même au-delà), à tarification intégrée. Et malgré les aléas initiaux, le succès est au rendez-vous !
L’ouverture dès 2025 d’une première ligne de RER Aubagne-Marseille-Aix permettrait de fiabiliser et compléter l’offre de trains existante, de prolonger les services tard le soir, en correspondance avec le métro, le tramway et la vingtaine de lignes de bus “principales” annoncées à cette échéance par la Métropole.
En matière de tramway, il faut se réjouir de l’annonce de nouvelles lignes, pourvu que les projets ne s’étalent pas trop dans le temps et qu’ils soient concertés avec les communes concernées et les représentants des usagers, des citoyens, des entreprises. Deux lignes, complémentaires, mériteraient de retenir l’attention de la Métropole :
– le tramway des collines, pour relier le lycée St-Exupéry et l’hôpital Nord à St-Jérôme, Château Gombert, Les Trois Lucas et La Valentine / La Barasse
– l’extension du T3 sur l’emprise du prolongement de boulevard urbain sud.
Le tram-train trouverait, lui, une application idéale sur la Côte bleue et, avant cela, entre Aix et le parc d’activités des Milles, plutôt qu’un BHNS à voie unique, plus long et coûteux à réaliser.
Enfin, face aux atermoiements de l’Etat sur le Pass Rail (appelé Klimaticket en Autriche), Région et Métropole pourraient servir de modèle à l’échelle nationale en déclinant le Pass intégral métropolitain (tous modes confondus) :
– pour les seniors (-50%), les jeunes (-75%) et les plus fragiles (-90%)
– à la journée, seul ou en mini-groupes (familles …)
– à l’échelle régionale.
Une telle politique de transports “inclusive”, indispensable pour l’accès à la formation, à l’emploi, aux services, à la famille, aux loisirs pour celles et ceux qui ne sont pas motorisés (40%), ne peut toutefois avoir un impact majeur sur le report modal et le dérèglement climatique que si elle s’accompagne d’une politique restrictive vis-à-vis de la voiture individuelle (et des deux-roues motorisés) :
– plan de circulation “en marguerite” limitant le transit inter-quartiers dans les villes
– suppression de tout stationnement sur trottoir et verbalisation des véhicules bruyants ou polluants
– affectation aux bus et vélos d’une des chaussées des boulevards à 2×2 voies…
Retenons des villes “à gratuité” le fait d’avoir su faire de la question des transports un vrai projet politique, avec une communication sur les services offerts, sur la facilité d’accès à la ville à la hauteur des enjeux sociaux et environnementaux. Et consacrons les finances métropolitaines aux projets métropolitains, au service du plus grand nombre et de la transition écologique.
Stéphane Coppey
Consultant en transports et environnement
Ancien président de Tisséo – transports urbains toulousains