Nous publions ici la tribune (*) d’Yves Delafon, chef d’entreprise et citoyen engagé à Aix. Il fut notamment au début du mouvement En marche, le référent du mouvement présidentiel dans la ville. Son texte a été rédigé au lendemain du second tour des élections municipales à Aix.
La tristesse d’abord.
Celle d’un Aixois qui a vu, dans sa ville et au fil des mois, monter la déliquescence de choix et de postures politiques qui conduisaient inexorablement à la réélection de la maire sortante. Tristesse devant l’aveuglement narcissique de la plupart des candidat(e)s. Pour certains carriéristes oublieux du contrat moral qui les liaient à leurs électeurs pour 5 ans, pour d’autres obsédés par la revanche ou leur retour dans la « lumière », pour la plupart acteurs plus ou moins conscients d’un « show » insensé, usé et souvent pitoyable.
Un « show » insensé, usé et souvent pitoyable
Yves Delafon
Aix-en-Provence était probablement la ville moyenne la mieux susceptible, non seulement de rejoindre la majorité présidentielle, mais surtout de s’inscrire dans une nouvelle dynamique d’ouverture territoriale, d’innovation, et comme lieu privilégié de rencontre entre l’écologie indispensable et l’économie nécessaire. C’est un échec pour le premier point, et ce le sera probablement également pour le second…
L’inquiétude ensuite.
Celle d’un citoyen qui constate une nouvelle fois le désintérêt, l’indifférence croissante des français, en particulier les plus jeunes, pour les politiques, leurs coups de mentons, leurs discours obsolètes et convenus. Constat qui se répète et s’accentue au fil des élections. Comment sommes-nous arrivés à ce que nos enfants, ces 18/35 ans qui seront les dirigeants de demain, n’accordent aucun crédit aux propos et programmes politiques actuels ?
Comment sommes-nous arrivés à ce que nos enfants, ces 18/35 ans qui seront les dirigeants de demain, n’accordent aucun crédit aux propos et
Yves Delafon
programmes politiques actuels ?
Le pire est qu’il ne s’agit pas d’un jugement, mais d’une indifférence totale ! Et ils ont raison. Ils accepteraient la démonstration de valeurs et l’expression de sens, nous leur proposons des programmes fondamentalement répétitifs et indigestes, même repeints en vert, des calculs d’alliances et des compromis opportunistes. Et ils ont raison d’ignorer des élections détournées de leur humanité, aussi fragile qu’indispensable, devenues des articles de consommation.
L’espoir enfin.
Celui que le chiffre très inquiétant de l’abstentionnisme agisse enfin comme un électrochoc salutaire. Nos députés et nos maires sont incontestablement élus et légitimes, mais leur crédibilité et leur représentativité sont compromises quand environ 60 électeurs sur 100 se sont abstenus !
L’espoir que l’ancien monde politique s’adapte ou disparaisse, et qu’une nouvelle citoyenneté engagée propose et écrive un autre chapitre de l’histoire de nos territoires et de la France en Europe.
Même s’il faut « passer par le réel pour aller à l’idéal », les moyens doivent servir les objectifs, pas l’inverse.
Yves Delafon
Un chapitre qui ne serait pas borné par l’horizon des prochaines échéances électorales ou d’alliances conjoncturelles et fragiles, mais à 30 ans.
Un chapitre qui énoncerait de grands objectifs, et non pas l’énumération de moyens disponibles. Qui affirmerait l’alliance indispensable entre l’écologie et l’économie, entre la liberté et la solidarité. Qui s’attacherait à nous réconcilier autour d’acquis républicains et de valeurs européennes communes.
Même s’il faut « passer par le réel pour aller à l’idéal », les moyens doivent servir les objectifs, pas l’inverse. « L’intendance suivra », aurait répondu le Général de Gaulle à un officier qui s’interrogeait sur les contraintes pratiques de sa stratégie. Parions que c’est par l’ambition et de grands projets/rêves que nous retrouverons le chemin des isoloirs !
Yves Delafon
Dirigeant d’entreprises
et responsable associatif
(*) Gomet’ Media, attaché à la vitalité du débat local, publie régulièrement des tribunes de contributeurs extérieurs. Ces points de vue n’engagent pas la rédaction.