Dans le labyrinthe des normes et des logos, l’ISO 20121 concerne le « management responsable appliqué à l’activité événementielle ». Utilisée pour la première fois lors des JO de Londres en 2012, elle a été adoptée par la Ville de Saint-Raphaël fin 2014. Quels sont les changements ? Premiers retours.
« On a installé des Led pour les éclairages scéniques, mis en place le tri dans les salles de spectacle, nous avons la ‘‘green team’’ qui déambule et explique comment recycler lors des événements en plein air », détaille Alexandre Guille, le directeur adjoint des affaires culturelles de Saint-Raphaël (83). C’est lui qui pilote l’action autour de la certification ‘‘Evénement responsable’’. « Attention, les gens ont tendance à réduire la démarche à la dimension environnementale, mais elle est aussi économique et sociale. » Par l’action de son service culturel, la ville fait attention à utiliser au maximum le tissu économique local. Au niveau social, le prestataire de nettoyage doit confier 10 % des heures de travail à du personnel en réinsertion. Voilà pour la partie visible de l’iceberg.
« L’exigence de la norme ISO 20121, ce n’est pas de mettre en place le tri, explique le Toulonnais Jean-Claude Herry, dont le métier est d’accompagner les structures vers le management responsable. La norme exige que les enjeux soient évalués, de construire un plan d’action, qu’il soit mesuré dans le temps et que la situation s’améliore. C’est une norme de management, une norme de moyen et pas de résultat. » « On a changé de culture », abonde Alexandre Guille. Le service est entré dans l’ère de l’amélioration continue. « Avant, dans la fonction publique, on avait du mal avec l’évaluation, aujourd’hui pour la certification, nous avons construit des indicateurs qui nous servent à progresser. » A Saint-Raphaël, le directeur adjoint a remarqué une implication plus importante des agents grâce au projet fédérateur. « Nous entraînons également nos partenaires, raconte Alexandre Guille. Dans nos appels d’offres de traiteur, nous imposons les vaisselles recyclables a minima, notre prestataire a fini par venir avec des vaisselles en dur qu’il réutilise. On veut aussi se nourrir des propositions des prestataires pour évoluer ensemble. » Dernièrement, un hôtel a proposé ses services pour l’accueil des artistes d’un festival organisé par la ville. L’argument a été de mettre en avant sa certification et son engagement dans une démarche de management environnemental (ISO 14001).
Un atout dans la compétition
« Clairement, c’est une façon de se différencier », analyse Alexandre Guille. Le logo de la certification ‘‘Événements responsables’’ trône sur les papiers à en-tête et sur les affiches. Jean-Claude Herry a créé Herry Conseil en 2013 pour surfer sur le marché de l’accompagnement à la certification. Depuis, il a accompagné Les Transmusicales de Rennes et Les Eurockéennes de Belfort. Il travaille actuellement avec Lagardère Sports et la Mairie de Paris pour la certification de la Fan zone de l’Euro 2016. Pour lui, « la norme a un bel avenir », notamment auprès des collectivités et des festivals.
Reste que l’investissement n’est pas anodin et les contraintes nombreuses. Le prix de la certification, qui varie en fonction de la taille de l’organisation, peut représenter un frein, comme le temps mobilisé chez les agents sur le projet pour l’évaluation constante et trouver de nouvelles manières de s’améliorer. Et tous les ans, repasser devant le test de la certification avec, le risque de la perdre. Mais la certification permet d’entrer de plain-pied dans la RSE et d’améliorer la qualité de l’organisation et de ses productions. Grâce à un petit pas de côté.
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