Si le budget est une valse en trois temps rythmée par le débat d’orientation budgétaire, le budget lui-même, puis le compte administratif qui termine la danse, force est de constater, au regard des vives critiques, que l’opposition – du PS au PCF – n’a guère le désir de faire quelques pas avec la majorité LR, pointant du doigt la partition jouée par l’adjoint aux finances. Contraintes. Rigueur. Equilibre. Ce sont pourtant les maîtres mots employés par la Ville de Marseille pour qualifier le budget primitif 2018, qui s’élève à 1 milliard 464 millions d’euros. « Un budget satisfaisant » avance même Roland Blum, dans l’hémicycle, lors de la présentation des chiffres, qui viennent démentir les prédictions des « oracles de malheurs » selon les termes choisis d’Yves Moraine, président du groupe Marseille en avant, qui annonçaient depuis des années la faillite voire la mise sous tutelle de la ville de Marseille. « Ça n’arrivera pas ! », assure Jean-Claude Gaudin.
La raison première, c’est que ce budget 2018, traduit pour la Ville, sa capacité à avoir traversé, non sans encombre, une tempête de quatre ans, déclenchée par la baisse des dotations de l’Etat. « Nos finances sont restées à flot, le navire Marseille n’a pas sombré », souligne Yves Moraine. Le « rabotage budgétaire » imposé par l’Etat est un leitmotiv chez les élus à la barre, et qui a coûté selon les chiffres annoncés 60 millions d’euros sur le budget total, soit entre « 160 à 180 millions d’euros depuis 2014 », indique l’adjoint aux finances, dont les quatre piliers « essentiels » pour construire cette feuille de route demeurent « le fonctionnement, l’investissement, la dette et la fiscalité ».
Ce qu’il faut retenir du budget 2018
Ce qu’il faut retenir c’est que les dépenses de fonctionnement atteignent 1,019 milliard d’euros (soit 0,9% en brut par rapport à 2017) avec en face une augmentation des recettes de 3% en brut. Un différentiel entre les recettes et les dépenses de fonctionnement de l’ordre de 2,2% soit 25 millions générés en marge de financements supplémentaires pour l’investissement. L’investissement justement qui demeure la clé de la transformation de Marseille, est inférieur à celui de l’année dernière, 202 millions inscrits cette année contre 209 millions en 2017. Un investissement soutenu par un niveau de subvention très important, grâce à l’aide du Département. Le soutien de la collectivité permet à la Ville de compter sur des recettes prévisionnelles de subventions d’investissement de 50 millions (c’était 34 l’année dernière), ce qui mécaniquement diminue l’appel à la dette. « La dette est bien gérée et va encore diminuer cette année » explique l’adjoint aux finances. Sur un volume global de 1,8 milliard d’euros, la dette a été réduite de 87,8 millions en trois ans, et 38 millions en 2017. 2018 marque une réduction supplémentaire de la dette de 73 millions, ce qui va porter cette réduction à 160 millions sur quatre ans.
Quant à la fiscalité, « elle ne change pas », assure Roland Blum ; aucune augmentation pour la troisième année consécutive sur les taux mais la base, elle, (décidée dans le cadre de la loi des finances du gouvernement) est revue à la hausse, soit pour l’opposition socialiste « une augmentation de 13 millions d’euros ». Jugeant, le budget 2018, « inquiétant, avec une dette aussi lourde que les investissements sont légers », Benoît Payan, chef de file du groupe PS a lancé les mêmes salves de critiques qu’à son habitude. Mais il le dit lui-même « en politique, soit on se répète, soit on se contredit », et il préfère se répéter, s’opposer et proposer.
Les 25 millions qui font débat
Et c’est sur le fond de retour à la semaine des quatre jours (autre délibération à l’ordre du jour) qu’ont fusé les propositions. En effet, le budget de fonctionnement, qui connaît une moindre pression en dépenses en raison de la fin des TAP (temps d’activité périscolaire), est un bonus pour la Ville. Le temps périscolaire coûtait environ 17 millions d’euros net (soit 25 millions brut). Un montant que l’opposition socialiste entend voir réemployée pour un grand plan éducatif et associatif : « 8 millions doivent en priorité revenir à l’éducation. Une telle somme permettrait d’augmenter de près d’un tiers le budget investissement dans nos écoles ! Ce serait l’équivalent d’une école neuve inaugurée chaque année. 8 millions doivent ensuite venir en soutien aux activités sportives, artistiques et culturelles des petits Marseillais. Les associations et les acteurs d’éducation populaire pourraient ainsi lancer un grand plan de l’école du mercredi. Cela représenterait quasiment 50% d’augmentation du budget d’aide au monde associatif, et la continuité des actions extra-scolaire, vecteur d’égalité. Enfin, les 8 millions restant doivent être rendus aux Marseillais. Si on a réussi à augmenter les impôts pour les TAP, on devrait réussir à les baisser en supprimant les TAP. Directement via des baisses de tarifs ou d’impôts, ou indirectement via des budgets participatifs, cet argent doit leur être rendu. » Des propositions que la Ville « n’a pas attendues », affirme Jean-Claude Gaudin, puisque environ 8 millions seront consacrés à la réorganisation du système d’activités périscolaires. « 25 millions qui serviront également à faire des investissements dans les écoles mais également à nous désendetter », plaide aussi Yves Moraine.
Peu mieux faire…
Si Jean-Marc Coppola (PCF) ne conteste pas les chiffres, il a souligné pour sa part, « une année 2018 marquée du sceau de l’austérité des moyens publics », « la même logique politique depuis 23 ans » soulignant qu’il sera « difficile à la Ville de se démarquer de la politique gouvernementale » Le budget n’a pas n’ont plus manqué de faire réagir le Front national, Stéphane Ravier, dénonçant une « comptabilité de boutiquier ». Quant aux élus de Marseille d’Abord, ils ont attribué la mention «encourageante» à ce budget 2018, symbolisée par leur abstention. Les autres opposants ont voté contre.
Repères
Le retour à la semaine des quatre jours a été acté pour la rentrée prochaine, avec une nouvelle organisation. Des garderies sont prévues de 7h30 à 8h30, avec une tarification en 10 tranches de quotient familiale (de la gratuité à 2,5 euros) ; la mise en place d’un système d’études de 16h30 à 18h, soit une demi-heure de plus qu’actuellement, avec là-aussi une tarification, de la gratuit à 3€, « soit le tarif antérieur pour une heure). Des temps récréatifs de restauration sont prévus deux fois par semaine par école dans le primaire.