Iter, portes ouvertes ce samedi 30 mai

La plupart de ces citoyens l’ignore, probablement, mais depuis l’ouverture du Chantier Iter de Cadarache , en 2010, chaque européen a déjà versé une douzaine d’euros pour tenter de mettre une étoile en bouteille. Car 500 millions multipliés par 12, plus de 6 milliards ont été dépensés.. Afin de reproduire sur terre, en Provence, une fusion d’atomes telle que l’énergie potentiellement dégagée serait énorme. 1 gramme de ce plasma, au fond d’un gobelet fournirait une puissance équivalente à 8 tonnes de pétrole, affirment les scientifiques.

Traité pour 30 ans

Voici tout juste 30 ans, le secrétaire général du parti communiste qui dirige l’Union soviétique, Gorbatchev, propose au président des États-Unis Reagan de s’associer pour réaliser cette ambition. 20 ans après, Chine, Corée, Inde et Japon rejoignent l’Union européenne afin de participer à l’aventure stellaire. Le traité sera signé à Paris en 2006 pour une durée de 30 ans. Déçus de n’avoir pas été choisi pour l’implantation, les Canadiens se sont retirés.
Depuis, le budget initial de l’International Thermonucléaire Expérimental Réacteur (5 milliards),
a quasiment triplé. D’où le regain des controverses, nombre d’experts et de prix Nobel tenant ce programme pharaonique comme inadéquat. (Pour rester poli).

Un gros millier d’entreprises à l’œuvre

La France offre le site et ses modes d’accès. Les 28 pays membres de l’UE assurent 45% de la facture d’installation. Plus d’un millier d’entreprises sont déjà intervenues sur ce gigantesque chantier, peut-être le plus gros du monde , sous cette forme de coopération multinationale, avec les télescopes géants.

Les six autres États partenaires prennent chacun en charge 9% du coût, essentiellement en équipements livrés sur place, en rive gauche de la Durance. Ainsi le cryostat vient de l’Inde, certains circuits et bobines de Pékin ; Américains , Coréens et Japonais acheminent d’autres éléments du futur réacteur. D’où ,certaines nuits, ce lent trafic de lourds convois (jusqu’à 800 tonnes) surdimensionnés entre Berre et Saint-Paul-lez-Durance.

Anti sismique

Enfermé dans une cage de 8 000 tonnes, le dispositif ne pèsera que 360 tonnes, haut de 13 m et 24 de diamètre. Toutes ces pièces devant s’ajuster au millimètre malgré leur taille et poids formidables… Le bâtiment abritant l’engin sera haut de 60 mètres, large de 80 et long de 120. Et bien sûr protégé de tout péril sismique, et même d’une crue soudaine de la rivière, au cas où céderait le barrage de Serre Ponçon !

Enceinte magnétique

Dans les profondeurs du soleil, depuis cinq milliards d’années, – et à peu près autant à venir- la température atteint 15 millions de degrés centigrades. Au cœur du plasma d’Iter, elle grimpera à 150 ou 200 millions. Mais dans quelle enceinte contenir une chaleur dix fois supérieure à celle de notre astre ? En fait, aucun récipient matériel ne peut héberger ce plasma gazeux incandescent. Il faut le confiner grâce à d’intenses champs magnétiques générés par de puissants électro-aimants. Se combinent à de très hauts degrés ici le fonctionnement de grille pain et du four à micro ondes de votre cuisine !

Si l’expérience réussit, durant quelques instants, (on sera alors en 2022, ou 2025 !), en confirmant que cette source thermique peut produire dix fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme, viendra l’heure de concevoir l’outil de production durable, sans carbone ni déchet polluant… Du boulot certainement pour les générations de savants qui sont encore à naître !

Le site officiel du projet Iter.