Pour cette nouvelle édition du lundi 25 septembre, Planète Locale, programme diffusé sur BFM Marseille en partenariat avec Gomet’, reçevait Hervé Menchon, adjoint au maire de Marseille chargé de la biodiversité marine, de la gestion, prévention et aménagement des espaces marins littoraux est l’invité du jour. Au menu des sujets abordés : l’impact écologique des Jeux Olympiques 2024 sur le littoral marseillais et les propositions d’actions pour préserver l’environnement.
Marseille va accueillir une partie des Jeux Olympiques, certaines épreuves l’été prochain, peut-être que vous avez vu cette une du journal Le Point la semaine dernière intitulée “Faut-il quitter Marseille ?” Cette Une qui a fait bouillir les Marseillais. Parmi les raisons il y a le sur-tourisme. Ces Jeux Olympiques vont amener du monde et donc un impact écologique fort. Comment le limiter ?
Hervé Menchon : Je ne suis pas certain que l’article du Point ait été trop lu, pour preuve la fréquentation de nos plages le week-end dernier… En réalité, Marseille est une ville qui attire et on a raison de s’interroger sur le modèle touristique. Après,c’est la vocation d’une grande ville comme Marseille, capitale côtière, premier port de France, d’accueillir des grands événements dans la mer. D’autant plus que c’est l’ambition de la mairie de Marseille de faire en sorte que ces événements aient du sens et que tout ce qui se passe sur le littoral marseillais ait un rapport avec la mer. Nous accueillons les JO 2024 mais surtout les épreuves nautiques de ces jeux et en plus de cela, alors que le modèle des JO est habituellement très décrié, à Marseille on en a fait, un petit peu, un point d’honneur de mener des jeux à grande excellence environnementale.
Et donc concrètement, que prévoyez-vous pour contrer l’impact écologique de ces jeux sur le littoral ?
H.M. D’abord il y a eu des travaux : le bassin olympique, cette marina qui va devenir le stade olympique municipal en héritage pour la ville de Marseille, a été entièrement refait. Les bâtiments avec des grands critères en ce qui concerne la consommation d’énergie, la décarbonation, ont été refaits avec des toits végétalisés parce que cela répondait à la haute exigence environnementale du cahier des charges. Puis il y a les travaux maritimes. On n’aurait pu se contenter d’enlever la vase pour les quilles des bateaux passent, plus de 2 mètres de vase, mais on a extrait cette vase qui était polluée au chlore donc elle a été conduite vers des centres de traitement. Ce qui n’est pas pollué est stocké dans les bassins à Fos-sur-Mer à des endroits ou les sédiments n’étouffent pas la posidonie. On crée des buses d’avivement dans les fonds marins pour avoir de l’eau correctement oxygénée, des nurseries à poissons. En faite, on réintroduit le vivant dans le bassin olympique et donc les sportifs vont évoluer sur un lieu vivant, ce qui n’était pas le cas avant et donc c’est quelque chose que nous allons garder en héritage, pas seulement nous Marseillais, c’est ce que la mer Méditerranée va garder en héritage.
Vous parliez des bateaux ou les quilles touchent le fond de la mer, c’est une problématique que l’on a à Marseille, les bateaux qui peuvent abimer les herbiers de posidonie situés donc sous l’eau. La ville va voter prochainement un plan dédié à la posidonie, qu’est-ce que vous pouvez nous en dire ?
H.M. Je propose au maire de Marseille de mettre à l’ordre du jour du conseil municipal un “grand plan posidonie”. Il y aura dans ce grand plan, une part de communication et de sensibilisation envers les plaisanciers mais pas que, aussi de tous les usagers du littoral et des plages. Il y aura aussi des opérations de semis de graines de posidonie. La pose de bouées écologiques pour amarrer les bateaux sans jeter l’encre. Et aussi plus globalement une étude de l’évolution de ces herbiers par rapport aux pressions exercées par l’usage de l’Homme mais aussi par rapport au dérèglement climatique, à l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes. Et c’est données là seront analysées, je dirais presque en temps réel, mais en tout cas vont servir à préserver encore mieux les herbiers de posidonie existants qui sont des puits de carbone qui aident à lutter contre le dérèglement climatique et qui sont des nurseries de biodiversité marine ou les poissons se nourrissent et se reproduisent.
Mais pour l’instant l’état des herbiers de posidonie sur le littoral marseillais sont-ils en bon état ?
H.M. Alors ça s’améliore, on va dire. L’expérience qu’on a commencé à mettre en œuvre cette année donne des résultats encourageants puisque les pousses de posidonie font 6 à 11 centimètres et vont commencer à s’enraciner. Nous avons dénombré 107 hectares d’herbiers de posidonie à préserver au Frioul, 414 hectares à l’archipel de Riou et 100 hectares à un endroit où on les attend pas, dans le grand port maritime de Marseille. Il est très important pour nous de les préserver et de faire en sorte qu’ils continuent à se développer parce que l’herbier de posidonie a aussi des prédateurs parmi les espèces exotiques envahissantes, comme le poisson-lapin qui vient le manger et qui arrivera avec le réchauffement de l’eau, et que aussi les encore et les effluents pollués.
Au niveau de la biodiversité, ça a l’air d’aller du côté de la mairie, ou en est l’état de vos relations avec les nageurs du Prado ? Cela a été compliqué, ils ont pointé du doigt et manifesté plusieurs fois parlant d’une confiscation de leurs plages, est-ce que les relations se sont apaisées ?
H.M. Alors, je reste en contact avec les nageurs du Prado et j’essaie de faire en sorte que depuis la plage du petit Roucas, ils puissent quand même accéder à la zone des 300 mètres …
Est-ce que des zones qui vont leur être données ?
H.M. Je ne suis pas maître de ces décisions mais je porte cette discussion auprès de nos partenaires, dont Paris 2024 (organisateur des JO, ndlr). Par contre, sur terre, on a commencé la destruction de la Vigie, l’ancienne Cabane des amis, avec la pose de gîtes à chauves-souris pour qu’elles passent de la Cabane des amis à leurs gîtes dans les arbres. On a une discussion à avoir avec les nageurs du Prado, que j’ai proposé, sur des équipements pour se changer et s’abriter du vent à ces endroits là et donc pérenniser leurs activités.
Propos recueillis sur le plateau de Planète Locale par Sophie Hébrard (BFM Marseille Provence)
et Julie Rampal-Guiducci (Gomet’).
Lien utile :
L’intégralité de l’émission avec Hervé Menchon sur Planète locale