Gomet’, attaché à la vitalité du débat local, accueille volontiers dans ses colonnes des contributions extérieures à travers des chroniques, points de vue et autres tribunes d’opinion (*). Aujourd’hui, Corinne Iehl, membre du collectif Vaï Marseille !, fondé par l’écologiste Sébastien Barles en vue des municipales de 2026, partage sa vision d’une autre métropole sur le territoire d’Aix-Marseille. Rappelons que derrière le scrutin municipal de l’année prochaine, c’est aussi une nouvelle assemblée métropolitaine qui sortira des urnes.
Nous, habitants de la Métropole, citoyens, membres d’organisations associatives et syndicales, élus, faisons le constat, localement, d’un délitement démocratique. Dans un contexte d’urgences sociales et environnementales, nous observons, qu’une part de l’organisation politique locale s’est autorisée à négliger nos intérêts communs. Notre territoire est historiquement fragmenté, marqué par d’importantes disparités sociales et économiques, particulièrement pour sa ville centre qu’est Marseille, où le seuil de pauvreté avoisine les 40% de la population
L’agenda du développement économique de la Métropole, publié en 2022, ne se traduit pas par des résultats concrets et n’intègre quasiment aucune ambition écologique. L’institution métropolitaine semble ne pas prendre pleinement conscience de l’importance de ses responsabilités et devoirs pour l’intérêt commun.
Les logiques ultralibérales font disparaître notre patrimoine, notre foncier et notre identité
Sans stratégie de planification clairement établie, c’est une logique d’étalement urbain qui s’applique, contribuant à l’éloignement des zones d’habitat et d’emploi. Mais aussi une logique de prédation immobilière, devenue source de flux financiers tournés vers la spéculation. Une logique d’étalement urbain, peu soutenue par une politique de mobilité durable qui entretient une dépendance à la voiture.
Dans cet obscur dessein, les logiques ultralibérales font disparaître notre patrimoine, notre foncier et notre identité. Dans cet obscur dessein où l’artificialisation des sols fait disparaître l’agriculture et où le tourisme de masse accentue l’érosion de notre richesse naturelle et la pollution, il est évident que l’urgence climatique n’est pas prise en compte.
Nous proposons les premières orientations suivantes :
– À l’image de Marseille (lauréate du label européen « 100 villes neutres en carbone d’ici 2030 »), entamons la planification d’une transition écologique et sociale cohérente avec les défis climatiques et les fractures territoriales qu’il nous faut réduire. Il nous faut impérativement prendre mieux soin de nos territoires et de leurs habitant.es
– En ce sens, et pour préserver notre patrimoine naturel, pour conserver notre biodiversité singulière, améliorons la protection de nos zones naturelles (terrestres et maritimes). En parallèle, lançons un grand projet de reboisement des massifs métropolitains, de végétalisation de nos centres urbains, et de préservation de nos ressources en eau ;
Osons expérimenter un modèle plus ouvert et généreux autour des « biens communs »
– Il nous faut aussi repenser les grands projets d’aménagement – issus d’un modèle de développement High Tech obsolète, toujours calqué sur le modèle américain des centres d’affaires et du business – qui préemptent l’avenir au profit des grands aménageurs privés et publics et au détriment d’un devenir soutenable et désirable pour tous et toutes. Osons expérimenter un modèle plus ouvert et généreux autour des « biens communs » ;
– Face à l’étalement urbain et la dépendance à la voiture, développons un vrai maillage de transports collectifs (sur l’ensemble de l’aire métropolitaine) structurée autour d’un RER métropolitain à haut niveau de service. Dans ce contexte, garantissons des tarifs accessibles et des mesures de gratuité ciblées pour les plus précaires. Pour la mobilité au sein des zones urbaines et périurbaines, développons massivement les infrastructures propices aux modes actifs (continuité de voies cyclables protégées, zones piétonnes …), et réduire la place accordée à la voiture ;
– Redonnons une place centrale à notre agriculture locale. En ce sens, préservons les terres agricoles et soutenons les modèles agricoles à plus petite échelle. Une filière d’agroécologie et de bio peut voir le jour et, à titre expérimental, une sécurité sociale de l’alimentation à l’échelle de la métropole ;
– Relocalisons nos industries, à travers la mise en place de systèmes coopératifs, intégrant des démarches d’économie circulaire, davantage orientée vers le circuit court (liant directement producteurs et consommateurs) ;
– Dans le même sens, une conversion du secteur touristique est aussi indispensable : quittons la logique d’un tourisme de masse pour nous orienter vers les filières de l’éco-tourisme social et du tourisme vert ;
– Dans une perspective de justice sociale, développons des services publics de proximité incluant des comités d’usager.es. Mais repensons aussi les espaces publics pour réduire la part de béton et les îlots de chaleur mortifère pour végétaliser massivement.
Il nous faut remettre à plat la répartition des compétences.
– Il nous faut remettre à plat la répartition des compétences. De plus en plus, un mouvement de centralisation se dessine qui tend à priver les communes des compétences de proximité. Marseille doit pouvoir agir sur son territoire en tenant compte de sa démographie, de ses particularités qui en font pour certains secteurs, la ville la plus pauvre et la plus fracturée de France.
o Il nous faut bâtir un socle commun de démocratie partagée incluant plus largement les citoyens au sein du conseil de développement. En outre, il devrait être habilité à proposer des projets de délibération thématiques autour de grandes orientations – argumentés et budgétés – à l’exécutif et soumis au vote de l’assemblée.
o Le logement est une entorse à la dignité que nous ne pouvons plus ignorer. Marseille et les villes concernées par ce fléau, doit devenir le maître d’ouvrage principal, donc décideur dans ce domaine, au plus près de ses habitant.es en lien avec les bailleurs sociaux, plus de logements en PLAI diffus, plutôt que la concentration de la misère ;
o L’urbanisme en coupe réglée, et accaparée par les grands aménageurs, publics ou privés accentue la pauvreté, reléguant les habitant.es précarisé.es aux confins de la vile, privés des services publics élémentaires. Dans ce domaine également, Marseille et d’autres villes concernées par le PLUi, doivent reprendre la main sur les grands projets d’aménagement, en partenariat avec la Région et l’État, avec une voix décisionnelle et droit de véto.
Nous aspirons à une autre métropole qu’il nous faut inventer pour aujourd’hui et demain !
Corinne Iehl,
membre de Vaï Marseille !
(*) Les propos tenus dans les tribunes publiées sur Gomet’ n’engagent pas la rédaction. Contactez-nous pour proposer votre contribution : contact@gomet.net








![[Agenda] Aix-Marseille Provence : que faire ce week-end des 25, 26 et 27 avril ?](https://gomet.net/wp-content/uploads/2025/04/rubrique-agenda-we-1-1140x570-1-120x86.png)



