Après le débat parlementaire sur la politique migratoire en début de semaine à l’Assemblée nationale, et que le débat local sur l’accueil des migrants s’exacerbe, une conférence de presse sur les conditions d’accueil des étrangers avait lieu à Marseille mardi 8 octobre à l’appel de nombreuses associations et collectifs (liste ci-dessous).
C’est en face de la plateforme d’accueil pour les demandeurs d’asile à la Halle Puget, dans le centre de Marseille que les différentes structures du tissu associatif s’étaient régroupées afin de livrer leurs témoignages sur les conditions d’hébergement, d’accueil, de santé et d’éducation des étrangers.
« Il faut mettre en évidence les dysfonctionnements des lois mais surtout le manque d’aide. Les accès aux besoins vitaux des étrangers sont attaqués. L’Ada (l’Allocation des demandeurs d’asile) touche 130 000 personnes, tandis que l’AME (l’aide médicale d’État) en touche 300 000. Le gouvernement se pose la question de leurs coûts, sans savoir si les montants actuels sont suffisants » déclare Jean-Pierre Cavalier, fondateur du réseau Hospitalité.
Le 5 juillet dernier, 54 associations et 24 collectifs de la région ont signé une lettre au préfet de la région restée sans réponse, pour alerter sur ces dysfonctionnements. « Les manquements de l’État sont généralisés. La société civile est en train de remplacer l’État, nous assumons cette responsabilité de protection et de prises en charges de ses personnes ! » poursuit Jean-Pierre Cavalier. Depuis septembre la situation à Marseille s’est même dégradée, ce qui a conduit une vingtaine d’organisation à saisir le procureur, la CNIL et le Défenseur des Droits….
« L’accueil inconditionnel va être conditionné »
« On ne peut pas faire de tri quand on parle d’hébergement. L’accueil inconditionnel doit être respecté. La loi qui donne l’accès aux personnes en détresse à l’hébergement n’a pas changé, mais il manque toujours 30 000 places au niveau national » explique Christine Ponsin, membre du conseil régional de la fédération des acteurs de la solidarité.
Un manque d’hébergement aux conséquences inquiétantes, de plus en plus de réfugiés et demandeurs d’asile sont à la rue, partout en France et à Marseille. « En journée, nous accueillons à la Fondation 300 sans-abris, 60 à 80 % d’entre eux sont des demandeurs d’asile. Quand l’État demande de justifier la vulnérabilité d’une femme qui sort de la maternité avec deux bébés prématurés, pour savoir s’ils vont être prioritaires pour accéder à un hébergement, c’est scandaleux » poursuit Florent Houdmon, de la Fondation Abbé Pierre.
Des conditions de vie difficiles qui ne permettent pas un accès aux soins. « Il n’y a aucune augmentation de l’aide médicale d’état depuis 2015. Certaines personnes doivent subir un traitement lourd et ne peuvent guérir correctement dans des conditions de vie aussi précaire » explique un membre du réseau santé Marseille.
Les dispositifs d’accueil saturés
Les associations tirent également la sonnette d’alarme, sur les manquements dans l’accompagnement des demandeurs d’asile. Pour la plateforme d’accueil de la Halle Pujet, il y avait seulement 11 salariés pour accompagner les 5 000 demandeurs en 2018. « Les procédures d’asile sont un parcours du combattant. Les demandeurs ne sont plus accompagnés, ils sont écartés sans réponses ! L’Etat veut fabriquer des indésirables et réussit, il se défausse » explique Pasqualine Curtet de la Cimade.
« L’accès à l’éducation est une priorité !»
Pour conclure le débat, Bernadette Mata du Réseau éducation sans frontières s’exprimé sur le droit fondamental à l’éducation des jeunes étrangers. Sur le département se sont 200 à 300 jeunes (mineurs ou majeurs) qui attendent leurs scolarisations. « En septembre, deux jeunes lycéens ont été arrêtés et expulsés du territoire. Le droit à l’éducation est fondamental quelle que soit la situation des jeunes ! Ils veulent avoir accès une formation, une éducation, c’est pour cela que la France est un pays attractif pour eux. »
Repères :
Les associations participantes à la mobilisation
Association Solidarité Provence Afghanistan Association Maison de la Jeune Fille – Centre Jane Pannier, CCFD Terre Solidaire, CIMADE Marseille, Collectif Transbordeur, Collectif 59 St Just, Comede, Coup de Pouce aux Migrants de St Charles, Espace, FAS Paca – Corse, Fondation Abbé Pierre, LDH Marseille, Médecins du Monde Marseille, Osiris, Philippe Perollier, avocat au barreau de Marseille, Réseau Hospitalité Réseau Santé Marseille Sud, RESF13, RUSF13, Secours Catholique Marseille et Aix en Provence, SOS Voyageurs.