Quelles tendances s’amorcent cette année au vu des dossiers que vous traitez en comité d’engagement ?
Alain Lacroix : Clairement, il y a moins de dossiers, mais des projets plus structurés. Notre niveau d’engagement est le même mais notre facteur de démultiplication est passé de 6 à 8, en clair si nous investissons 100 000 euros l’entreprise fera un tour de table de 800 000 euros qui se rapproche du million d’euros que vous annonciez en titre.
Vous avez dit qu’il y a moins d’amorçage. Est-ce que cela veut dire que vous considérez que le besoin est moindre ? Ou qu’il y a trop de risques ?
Alain Lacroix : Il y a beaucoup de risques. Avec le recul, après 10 ans d’activités, on analyse aussi les pertes. Bien évidemment, il y a de belles sorties, mais il y a aussi toute la casse. Elle est importante de 60 à 80% sur l’amorçage. On a plus de 70% de casse sur les plateformes, notamment pour les prêts participatifs. Nous faisons explicitement un recentrage. Nous continuons l’amorçage, c’est notre rôle, mais en allant aussi chercher des niveaux de maturité d’entreprise plus importante. Ce mouvement laisse à penser qu’on aura moins de moins de casse et que nous pourrons plus réinvestir dans l’économie régionale.
On voit arriver des levées des sociétés du secteur finance et technologie, les “fintech”. Vous êtes pourtant sceptiques sur les cryptomonnaies et sur les néobanques ?
Alain Lacroix : Je n’ai pas l’habitude de mettre mon veto depuis que j’ai pris la présidence du fonds, je respecte les comités d’investissement, ils ne sont pas des chambres d’enregistrement. Mais je l’ai fait une fois pour une néobanque : c’est un vrai sujet. Parce que les néobanques, c’est la chronique d’une catastrophe annoncée. Orange Banque après 10 ans, a investi 800 millions d’euros pour ne pas gagner 0,01 € d’euro.
Je suis aussi extrêmement circonspect. Mon analyse est simple : que sont les cryptomonnaies ? Des monnaies qui ne sont détenues par aucun État. Or la force, la puissance d’un État est justement de frapper monnaie. Aujourd’hui les États laissent faire : ce n’est pas gênant, c’est anecdotique. Mais le moment viendra, si les cryptomonnaies prenaient énormément de place, où les États y mettront fin. Elles ne sont ni régulées, ni garanties. Je suis un partisan de l’économie réelle.
Demain la suite de notre baromètre régional des levées de fonds
avec l’analyse de Matthieu Capuono, directeur associé de Crowe Ficorec
Notre dossier :
Baromètre régional des levées de fonds : les fintech émergent au 1er semestre 2022
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