A la citation de Churchill sur « le sang et les larmes », Catherine Geindre préfère les mots de Clémenceau : « Il n’y a qu’une seule façon d’échouer, c’est d’abandonner avant d’avoir réussi ». La directrice de l’assistance publique des hôpitaux de Marseille a réaffirmé jeudi 16 février devant les journalistes qu’elle ne baissera pas les bras. Elle conserve son plan de bataille pour sauver l’hôpital aussi bien sur le plan des investissements que sur le volet social. Face aux syndicats qui lui mènent la vie dure depuis le début de l’année, elle reste ferme estimant que leur mouvement « est lié à l’approche des présidentielles […] De plus, ils ont quitté les instances gouvernantes pour exprimer leur désaccord. Difficile dans ses conditions de participer au chantier de rénovation dont l’établissement a besoin ».
La chasse aux faux agents malades est ouverte
Si la directrice ne nie pas le manque de personnel auquel doivent faire face les services, elle estime que les effectifs actuels sont suffisants. La faute aux absents peu scrupuleux « qui préfèrent aller à la plage » plutôt que de travailler. Elle affirme que sur sur le taux d’absentéisme de l’AP-HM qui atteint 8%, le plus élevé de France, 2% sont à imputer à des arrêts maladies non-justifiés. Les contrôles vont donc être accentués pour débusquer les tire-au-flanc. « Cela représente plus de 150 agents qui ne sont pas à leur poste chaque jour », affirme-t-elle, un chiffre qui équivaut aux effectifs supplémentaires demandés par les syndicats. Les médecins ont même été « sensibilisés » pour les enjoindre à ne plus signer d’arrêts maladies à tous les agents qui le leur demandent, « surtout que la plupart ont un médecin traitant à qui s’adresser ». Les principaux investissements programmés ne se feront donc pas sur les recrutements mais plutôt sur l’organisation et les équipements.
Une déconcentration des pouvoirs vers les directeurs de sites
Il y a quelques semaines, certains agents tiraient la sonnette d’alarme sur le fonctionnement de l’hôpital pointant une pénurie chronique de linge ou de stéthoscopes… Ici encore, la patronne de l’AP-HM refuse d’y voir un manque de moyens et préfère parler de « problèmes logistiques ». Pour palier ces dysfonctionnements, elle souhaite déconcentrer les pouvoirs de gestion aux directeurs de sites. Des arrêtés seront signés dans les quinze prochains jours pour donner plus de pouvoirs, notamment sur la répartition d’enveloppes financières, aux responsables des établissements. « Ils pourront également décider de faire appel ponctuellement à de l’intérim en cas de besoin », ajoute-t-elle. Cette politique de décentralisation ne devrait pas empêcher la direction de poursuivre son plan d’économie drastique engagé depuis plus d’un an. L’objectif reste le même : atteindre l’équilibre financier d’ici 5 ans alors que l’établissement souffre d’un déficit structurel de 51,3 millions d’euros. Ce programme s’appuie sur une optimisation des dépenses à réaliser pour un montant de 37,8 millions d’euros mais aussi sur 13,5 millions d’euros de recettes supplémentaires. L’AP-HM présente d’ailleurs des résultats encourageants sur 2016 avec une légère baisse du déficit à 66 millions d’euros contre 68 millions d’euros en 2015.
Un coup de pouce de 200 millions d’euros de l’Etat
« Cette trajectoire vertueuse est déjà salué par le ministère qui va nous apporter une aide massive dans notre projet de modernisation », annonce Catehrine Geindre. Le Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins (Copermo) aurait débloqué une grosse enveloppe de plus de 200 millions d’euros pour financer de gros chantiers sur les équipements. Premier exemple, l’aide de 23 millions d’euros pour le projet de biogénopôle qui prévoit le regroupement de toutes les activités de laboratoire à la Timone. D’autres chantiers vont démarrer dès cette année avec la construction d’une nouvelle maternité à la Conception, la rénovation de bâtiments à la Timone et à l’hôpital Nord… L’AP-HM compte également réorganiser les services au sein des établissements. « Il faut éviter les circulations verticales des agents et du public qui désorganisent complètement le système », explique la directrice. Ainsi, il est prévu de regrouper les consultations et les hôpitaux de jour aux étages inférieurs, de concentrer les plateaux techniques et les blocs opératoires aux niveaux intermédiaires et de consacrer le haut des bâtiments aux hospitalisations. Autant de projets qui « feront de 2017, une année où les améliorations seront bien plus visibles qu’avant », promet-t-elle. Au niveau financier, l’AP-HM ambitionne de réduire le déficit de 7 % et d’atteindre une marge brute de 15 millions d’euros contre les 10 millions réalisés l’an dernier.
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