La Banque populaire Méditerranée a maintenu ses agences ouvertes en alternance pendant le confinement, elle a distribué près d’un milliard € de crédit PGE et a rouvert ses portes lundi 25 mai. Entretien avec Philippe Gassend, directeur de l’exploitation de la Banque populaire Méditerranée (BPMED) qui nous dévoile comment les 2 200 salariés de la banque ont vécu cette période d’exception, et sa stratégie pour la suite.
Comment la Banque populaire Méditerranée a-t-elle réagi le 16 mars aux mesures de confinement ?
Philippe Gassend : Nous avons organisé le travail à distance pour une partie des collaborateurs, ce qui a libéré des places de bureau. Nous avons pu séparer les services de siège entre eux pour préserver les équipes et rompre la chaîne pandémique. Le service international a travaillé ainsi sur deux étages différents, ce qui donnait la distanciation physique et la continuité de service pour nos clients à l’export. La moitié des effectifs des sièges de Marseille Nice Avignon, soit 400 personnes, a travaillé à distance.
Dans le réseau, nous avons décidé d’ouvrir toutes les agences, mais un jour sur deux, de manière à couvrir toute la semaine . Seulement une ou deux agences ont fermé par semaine à cause des problèmes de garde d’enfants des salariés. Le secteur bancaire a fait le choix de ne pas recourir au chômage technique.
Avec le travail à distance, sur des dossiers sensibles, comment avez-vous assuré la sécurité ?
Philippe Gassend : La Banque populaire Méditerranée a une équipe qui a travaillé jour et nuit pour créer toutes les structures de sécurité pour le travail à distance. Pour les crédits par exemple, nos collaborateurs ont travaillé sur des dossiers numérisés, ils ont pu lancer de leur ordinateur l’édition des contrats de manière dématérialisée.
Comment la banque a-t-elle répondu aux difficultés de ses clients professionnels et entreprises ?
Philippe Gassend : La BPCE a été le premier groupe bancaire qui a repoussé le 20 mars, soit 4 jours après le confinement, sur 6 mois, les échéances de tous les clients professionnels exposés à la crise. En 4 jours nous avons changé les échéances de 15 000 crédits. Mais au-delà, nous avons voulu apporter une réponse adaptée et créative et nous positionner en tant que conseil.
Nous avons naturellement distribué le PGE, le Prêt garanti par l’État, à une échelle inédite. Nous avons distribué en 2 mois, du 26 mars au 26 mai, l’équivalent d’une année de crédit soit entre 800 millions et un milliard d’euros. Nous avons créé une taskforce pour faire en 40 jours ouvrés ce que nous faisons en 200 !
Mais ce milliard, il faudra le rembourser…
Philippe Gassend : Oui, nous avons été vigilants. Dans le dialogue avec nos clients, nous sommes toujours partis de la capacité d’autofinancement, la CAF et d’un miniplan de trésorerie pour ouvrir le débat et définir l’ampleur du recours au PGE. Il faut être prudent et réaliste, l’activité de l’entreprise ou du professionnel doit générer une marge suffisante pour rembourser. Tout le monde répond à la crise par de la dette, peu se préoccupent du remboursement.
Comment rétablir une situation saine des entreprises dans un marché dépressif ?
Philippe Gassend : Nous devons agir sur deux leviers : la trésorerie et le haut de bilan. Nous pouvons avec notre factor, BPCE Factor, intervenir de façon forte et rapide sur le compte client, c’est auto-liquidatif. Avec la dématérialisation, nous avons assoupli les règles de mobilisation des créances. Le factoring est un instrument d’ingénierie de trésorerie qui permet d’accélérer le rythme de paiement, « d’accélérer la vitesse de circulation de la monnaie » comme disent nos classiques. Comme l’entrepreneur peut payer comptant, il est en mesure de négocier des rabais (de 8 à 10 % !) auprès des fournisseurs, ce qui améliore le prix et donc sa compétitivité.
Mais nous devons aller plus loin. Nous connaissons nos clients depuis longtemps, il faut leur tendre la main. Pourquoi pas, demain, créer un fonds d’investissement qui interviendrait en haut de bilan, sans pousser à l’endettement. Nous devons reconsolider les boîtes fragilisées par la crise. Ce fonds pourrait, par exemple, prendre 30 % du capital pour un cycle obligataire de 5 à 8 ans.
Comment se présente le déconfinement à la Banque populaire Méditerranée ?
Philippe Gassend : Nous déconfinons doucement ! Nous équipons les agences de masques, de gels, de marquage des distances avec un objectif d’ouverture complète du réseau le 25 mai. Nous lançons un plan de relation avec nos clients avec une reprise de contact systématique pour examiner la situation de chaque client et construire des solutions adaptées.
Liens utiles :
> La Banque Populaire Méditerranée signe une belle croissance en 2019
> L’actualité de la Banque populaire Méditerranée dans les archives de Gomet’