Il est des ministres de l’environnement qui passent, et qui sombrent dans l’oubli. Le nom de Brice Lalonde reste définitivement attaché à ce ministère, et pas que pour les pots catalytiques qu’il a instaurés, mais à mon avis et surtout pour la loi sur l’eau.
Nous sommes en mai 1988, Michel Rocard l’appelle au gouvernement et Édith Cresson le reconduit dans ses fonctions. Il est successivement secrétaire d’État à l’Environnement, puis ministre délégué à l’Environnement et aux risques naturels et technologiques majeurs (octobre 1990) et enfin ministre de l’Environnement (mai 1991).
Brice Lalonde sera présent et interviendra à Centrale Méditerranée à Marseille
mercredi 8 janvier 2025 à l’occasion du 2e forum
Nos énergies en question(s) consacré au nucléaire et à l’hydrogène
Notre politique de l’eau, qui assure une gestion équilibrée de la ressource est née véritablement avec la loi du 16 décembre 1964 qui dessine les « agences de bassin ». Une innovation majeure qui transcende les frontières politico-administratives et permet une approche systémique. Mais en 1992, Brice Lalonde, fort du soutien du Premier ministre, présente une loi sur l’eau qui établit des principes fondamentaux qui sont toujours à la base de nos politiques concernant l’hydrologie, les fleuves et rivières, la gestion des crues etc.
Brice Lalonde : la loi sur l’eau adoptée à l’unanimité
Le jeune ministre d’alors réussit le tour de force que l’on apprécie aujourd’hui avec acuité de faire voter cette loi à l’unanimité, elle sera respectée et défendue, quelles que soient les alternances par la suite. La loi du 3 janvier 1992, dite “loi sur l’eau” sera suivie par la directive-cadre européenne sur l’eau en 2000 et d’autres textes législatifs français.
Dans cette loi, l’eau est reconnue en tant que “patrimoine commun de la Nation”. La notion de bien commun formalisée par Elinor Ostrom n’est pas encore connue en France et c’est pourquoi le texte fait référence au « patrimoine commun ».
La loi de 1992 pose également le principe de la gestion intégrée et équilibrée des ressources en eau. Pour la première fois, les ressources en eau sont considérées dans leur globalité, sous toutes leurs formes, avec la notion d’écosystèmes aquatiques qui apparaît dans le texte de la loi. On considère également l’ensemble des pressions qui s’exercent sur ces ressources en eau, les pollutions tant diffuses que ponctuelles. Et on affirme bien la nécessité de prendre en compte et de concilier l’ensemble des usages, tout en assurant prioritairement la préservation des écosystèmes aquatiques.
Les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux
Devant la difficulté de rassembler les utilisateurs d’eau pour définir de façon préventive de quelle façon cette eau serait utilisée, la loi instaure un nouveau système de planification globale de la ressource en eau avec les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) et leur déclinaison locale, les schémas d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE). La revue Pour Mémoire retrace la journée d’études des trente ans de la loi co-organisée par le Comité d’histoire ministériel, les Agences de l’eau, le Cercle français de l’eau, l’Académie de l’eau et l’Association pour l’histoire de la protection de l’eau et de l’environnement.(voir le document source ci-dessous).
Ces dispositifs sont toujours vivaces et actifs, sauf que, dans un élan de centralisme jacobin, la présidence des agences de l’eau a été retirée par Emmanuel Macron aux élus locaux pour être confiées à des préfets de région.
Tout cela pour dire que Brice Lalonde a laissé une trace dans notre droit de l’environnement. Par la suite, en 2007, il sera nommé ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique, coordonnateur exécutif de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio + 20) puis conseiller spécial pour le développement durable, en 2013, du Pacte mondial de l’ONU.
Le 19 décembre 2017, il est nommé à la présidence de l’association Équilibre des énergies. Brice Lalonde déclare dans une tribune que « le nucléaire, en dépit de ses imperfections, est un allié du climat. »
Brice Lalonde a publié un livre savoureux aux éditions de l’Aube en 2022 qui piste son histoire personnelle et explicite ses choix éthiques, politiques, sociaux, de la campagne de électorale de René Dumont à la fondation de Génération écologie, de Fessenheim à la défense du nucléaire, des Amis de la terre aux missions internationales.
Découvrez le programme complet et inscrivez-vous au 2e forum Nos énergies en question(s)
organisé par Gomet’ le 8 janvier 2025 à Centrale Méditerranée à Marseille