Dérèglement climatique et expansion des zones à risque, impacts assurantiels, urbanistiques et immobiliers : ce débat peu rassurant s’est tenu le 7 décembre, lors des 9e assises de la Transition écologique du Club Immobilier Marseille Provence.
François Gemenne, membre du Grec à qui le Club Immobilier Marseille Provence avait confié l’animation du débat, a abordé l’avenir des zones à risque en évoquant le cas de Djakarta et la décision radicale de déplacer la capitale indonésienne menacée par suite de la hausse du niveau des mers et des pompages. Rien de tel pour éveiller son public et l’encourager à s’interroger avec lucidité sur ces graves questions : peut-on se protéger du risque climatique ? Comment assurer le risque climatique ?
Certaines zones ne sont plus assurables
François Lanavère, responsable des partenariats stratégiques Axa Climate, a confirmé l’alarme en citant Henri de Castres, président d’Axa, s’exprimant lors de la Cop 21 à Paris en 2015 : « un monde à +4 degrés d’élévation de température n’est pas assurable ». Et de fait, aujourd’hui certaines zones ne sont plus assurables. Le risque de refus d’assurance existe-t-il ? Pas en France, selon sa réponse. Notre système de mutualisation fait que chacun est assuré et le régime catastrophe naturelle est organisé par l’Etat. Mais les assureurs pressent l’Etat pour une révision, et pour que le taux des primes afférentes au fonds catastrophe naturelle, fonds déficitaire, soit monté (de 9 à 12 %). En contexte de hausse inexorable des primes, jusqu’où le client peut-il payer, et quand débute l’injustice sociale ? En contre-exemple, en Allemagne, seuls 35 % des allemands sont assurés contre le risque d’inondation. Cette intervention a permis de mieux comprendre le fonctionnement des assurances, les conséquences du changement climatique sur les modèles économiques des assureurs et donc sur nos assurances habitation, dommage ouvrage et décennale.
Patricia Cortijo, directrice conseil Utopies (Paris), Erwan Bidan, responsable adaptation et résilience du bâti – Mission des risques naturels et Olivier Vento, directeur d’agence Setec-Hydratec (Paris) sont également intervenus, pour aborder l’impact du changement climatique sur la cartographie des risques d’inondation et submersion et les enjeux urbanistiques, pour rappeler le cadre réglementaire de l’urbanisation des zones à risque et faire mieux comprendre les problématiques techniques pour la construction de nouveaux ouvrages, ainsi que la préservation des ouvrages existants en zones à risque.
En conclusion, le consensus est simple et lucide : s’adapter sera couteux, mais moins que l’inadaptation.
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