Pour 2018, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a décidé de se recentrer sur ses compétences obligatoires. La stratégie budgétaire repose sur trois piliers : économie et emploi, éducation et enseignement et écologie. Elle sera présentée en séance plénière vendredi 15 décembre.
« La Région n’est plus le tiroir-caisse des autres collectivités ». Partout où il va, ou presque, Renaud Muselier dégaine cette phrase. Et pour 2018, elle sera suivie d’actes. Fidèle à la feuille de route qu’il s’est fixée au début de sa mandature, avec « des résultats sur trois ans et une vision sur dix ans, » pour son premier budget, le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a donc décidé de recentrer ses orientations sur les compétences obligatoires de la collectivité : les transports, les lycées, le développement économique, la formation professionnelle, la politique culturelle, l’agriculture… et un budget à 2,5 milliards d’euros. Il est en hausse de 108,5 M€ par rapport à 2017 (+ 4,6%).
Habitat et politique sociale : la Région revoit sa copie
La Région n’échappe pas à la « purge » avec la baisse des dotations de l’Etat, « amorcée par François Hollande. Depuis 2014, notre collectivité s’est vue ponctionner plus de 400 millions d’euros par l’État, et avec la suppression du fonds de compensation du transfert de la compétence économie des Départements vers les Régions, le gouvernement actuel continue cette saignée ». Dans ce contexte, où des efforts supplémentaires doivent être consentis, l’équipe régionale a décidé de se conformer à la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) et d’arrêter certaines actions.
Ainsi, en matière d’habitat, « la réhabilitation du parc public de logements, la production de logements sociaux, les acquisitions foncières des bailleurs et des collectivités ne feront donc plus l’objet de subventions directes aux bailleurs ». L’aide interviendra désormais dans le cadre des contrats régionaux d’équilibre territorial (Cret), et en faveur de la rénovation énergétique à hauteur de 2,8 millions d’euros.
Côté politique sociale, « la loi NOTRe est très claire, c’est une compétence des Départements, c’est donc aux conseils départementaux de financer le fonctionnement des centres sociaux ». La Région se désengagera progressivement des chantiers d’insertion d’ici à l’année prochaine et ne financera plus les contrats de ville en 2018. « La politique de la ville, la politique sociale, nous en faisons tous les jours dans nos compétences de droit commun. »
Les trois « E » piliers de la stratégie budgétaire
Les priorités sont claires. La stratégie budgétaire repose sur trois piliers. Les trois « e » : économie et emploi, éducation et enseignement, et écologie. « Notre priorité c’est de rendre notre territoire attractif pour attirer des entreprises et gagner la bataille pour l’emploi. En 2018, nous augmentons le capital de notre fonds d’investissement à 300 millions d’euros soit +15% par rapport à 2017. »
Autre objectif : offrir un environnement éducatif d’excellence en Provence-Alpes-Côte d’Azur en offrant des conditions d’enseignement optimales aux jeunes. Cela passe par des investissements dans les lycées. En 2018, 130 millions d’euros vont y être investis. À titre d’exemple, 8 millions d’euros pour renforcer davantage la sécurité des établissements et 40 millions d’euros sur la durée du mandat. Sans oublier l’axe formation/apprentissage dont le budget est de 153 millions d’euros.
Enfin l’environnement constitue un enjeu majeur pour Renaud Muselier qui entend avoir « une Cop (conférence des parties de l’Onu, NDLR) d’avance ». Une écologie au service de l’économie : c’est la grande ambition de ce mandat. « Nous voulons faire de notre Région le moteur national des accords sur le climat. Nous serons donc la 1ère région d’Europe à respecter les accords de la Cop 21 et à décliner le pacte mondial de l’Onu pour l’environnement. Pour être entendu et audible, il faut être exemplaire ! » Dans ce domaine, la Région a décidé de faire un effort très sensible, puisque dès 2018, plus de 20% du budget d’intervention soit près de 400 millions d’euros, seront consacrés à l’économie et la croissance vertes et à la création d’emplois durables. D’ici à la fin du mandat, cette part du budget atteindra plus de 30%.
La première région « no plastic » d’ici à 2030
100 actions vont être menées sur différents axes. 200 millions d’euros seront, par exemple, consacrés en 2018 à l’éco-mobilité et au développement des transports en commun. Une expérimentation sur l’éco-taxe sur les poids lourds en transit a été demandé dans ce sens au premier ministre.
Pour réduire, l’impact carbone, d’ici à la fin du mandat, une station électrique sera installée tous les 100 km pour charger les véhicules propres, ou encore 30% des lycées seront recouverts de panneaux photovoltaïques, d’ici à trois ans, « ce qui permettra une économie d’énergie de 20%. » Provence-Alpes-Côte d’Azur veut également devenir la première région « no plastic » d’ici à 2030.
Si la Région a réussi à boucler ce budget 2018, c’est aussi grâce aux fonds européens. Un soutien représentant 2 milliards sur la durée du mandat.