C’était l’une des délibérations majeures de ce dernier conseil métropolitain de l’année. Le budget primitif 2018 a été présenté et très vivement critiqué. Les inquiétudes fortes de certains maires démontrent que l’unité métropolitaine n’est pas encore d’actualité. Sauf sur le dossier mobilité.
« Spoliation », « budget mortifère », « austérité budgétaire », « abîme »… : à quelques exceptions, au fil des nombreuses interventions, c’est un véritable scénario catastrophe qui s’est écrit à l’occasion de cet ultime conseil métropolitain de l’année. L’objet du courroux : le budget primitif 2018 difficile à digérer pour bon nombre d’élus.
De simples réserves aux critiques les plus acérées, ce budget n’a pas contribué à rassurer sur l’avenir de la Métropole, à commencer par Gaby Charroux. Sans surprise, le maire communiste de Martigues, opposant de la première heure à la création d’AMP, estime que ce « budget est à l’image d’une structure trop lourde », qui ne permet pas « de dégager des marges de manœuvres ». Une stratégie de gestion qu’il ne cautionne pas, appelant plutôt à se « recentrer sur les actions métropolitaines concrètes comme les transports », en laissant «les compétences communales aux conseils de territoire ».
Même discours pour Joël Mancel, dont le Groupe d’intérêt communal (48 élus dont 33 maires) a fait le choix de ne pas voter ce budget, alors qu’il avait adhéré aux deux précédents. « Je retiendrai un chiffre : 6 millions d’euros d’autofinancement, que peut-on faire avec ça ? Pas grand-chose. Nous allons droit dans le mur… », a-t-il déclaré, nuançant son propos en ces termes : « Même si nous y avons été opposés (à la métropole), nous souhaitons qu’elle réussisse, notamment dans le domaine des transports », a ajouté l’élu, incitant l’État à se mobiliser sur cette métropole.
« Laissez-nous quitter cette métropole »
Le gouvernement, cause de bien des maux pour les élus, a été maintes fois pointé du doigt. « La métropole, cette machine infernale, imposée, est en marche. L’État a une grande part de responsabilité, il ne peut pas nous l’imposer et ne pas l’accompagner. Il doit nous permettre de nous concentrer sur les dossiers prioritaires, la mobilité et les aménagements… », a déclaré Roland Giberti, maire de Gémenos et président de l’Entente pour l’intérêt des communes, qui rassemble 31 élus de droite ou apparentés (Epic). « L’union est indispensable pour notre réussite », et c’est la raison pour laquelle l’Epic s’est prononcée en faveur de ce budget.
La palme à la plus longue tirade est revenue à Gérard Bramoullé, adjoint aux finances de la ville d’Aix qui s’estime lésée. « La métropole vampirise tous les territoires. Elle massacre celui du pays d’Aix ». Certes appartenant à la même famille politique que la majorité métropolitaine (LR et centre), pour laquelle il possède « une éthique de conviction », il diffère sur « l’éthique de responsabilité ». Impossible donc pour Aix-en-Provence de soutenir le budget 2018 jugé « économiquement mortifère, territorialement injuste et légalement fragile », chiffre à l’appui : « Il nous manque 4 millions d’euros. Nous sommes les plus mal traités alors que nous apportons le plus à la métropole ».
Qualifiant de « cirque » les transferts de compétences au 1er janvier 2018, Gérard Bramoullé est allé plus loin en émettant un « doute important sur la sincérité de ce budget ». Et le maire d’Aix-en-Provence de renchérir : « Cette Métropole est déjà en faillite et le gouvernement devrait s’en rendre compte le plus rapidement possible. Je ne veux pas rentrer dans ce schéma qui va brimer mon territoire. Puisque nous sommes mal-aimés, laissez-nous quitter cette Métropole ! » Gérard Dagorne, maire UDI d’Eguilles a également fait part de ses craintes, toute comme Jacky Gérard (Saint-Cannat).
Mais la loi est là, et « on ne peut pas sortir et rentrer comme on veut de la métropole », raisonne Roland Blum, vice-président de AMP en charge de finances, qualifiant les propos de Gérard Bramoullé sur l’insincérité du budget de « désobligeants ». Et de poursuivre : « Il s’agit du deuxième vrai budget de la métropole, ce n’est pas simple en héritant de six EPCI et dans le cadre du pacte de gouvernance, plaide-t-il. Que vous le vouliez ou non, il a été respecté. »
« C’est à partir d’un budget voté que l’État pourra nous entendre »
Quant à Jean Montagnac, il a préféré faire parler les chiffres : « En 2015, dans le cadre des dépenses d’équipement, il était inscrit, pour les territoires : 685 millions d’euros. Il y a eu 446 millions d’euros de mandats émis. Je constate également que l’objectif de 2017 était de 455 millions d’euros, il en a été émis pour 424. Il a été ouvert aussi au budget primitif 2017, 178 millions d’euros pour le pays d’Aix, il en a été consommé 154 millions. Cette année, nous sommes à 147 émis, donc on est toujours dans la proportion. La réalité des chiffres doit dépasser les paroles. »
La conclusion à Jean-Claude Gaudin qui a eu un mot pour chacun des intervenants. Pour le président de la Métropole Aix-Marseille Provence, qui « apprécie mal toutes ces critiques », le budget « n’est pas dans l’impasse », ajoutant qu’il s’agit bien du budget 2018 et non 2019, pour calmer les anticipations. « Nous nous remettrons autour de la table dès le début 2018 pour trouver des solutions ». Par ailleurs, « il vaut mieux des gens qui votent mon budget plutôt que non, surtout lorsqu’ils sont du même bord politique. C’est à partir d’un budget voté que l’Etat pourra nous entendre, sinon nous n’aurons aucun argument à faire valoir. »
Si le budget primitif métropolitain 2018 a tout de même été adopté à la majorité, avec 126 voix pour, 33 contres et 36 abstentions, l’adhésion à la Métropole Aix-Marseille Provence n’est pas encore à l’ordre du jour.
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